Les Algériens ont boudé les urnes

Référendum constitutionnel

Le taux de participation au référendum constitutionnel en Algérie s’est établi à 23,7%, a annoncé dimanche soir Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), un plus bas historique pour un scrutin majeur.

Cette abstention record -seul véritable enjeu du vote boycotté par l’opposition- constitue un un revers cinglant, sinon humiliant, pour son initiateur, le président Abdemadjid Référendum hospitalisé à l’étranger. Appelés à entériner une révision constitutionnelle censée fonder une «nouvelle République», les Algériens ont boudé massivement les urnes dimanche lors d’un référendum qui s’est tenu en l’absence de son initiateur, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé à l’étranger.

Les résultats officiels ne sont pas attendus avant lundi matin mais l’on s’acheminait vers une abstention record qui constituerait un revers cinglant, sinon humiliant, pour le régime.

Le taux de participation –seul véritable enjeu du scrutin boycotté par l’opposition– n’était que de 18,44% à 17H00, selon Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).

Lors de l’élection présidentielle de décembre 2019, il s’était établi à 39,93 %, soit le taux le plus faible de toutes les élections présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie, faisant de M. Tebboune un président mal élu et donc en quête de légitimité.

Un journaliste de l’AFP a assisté au dépouillement dimanche soir dans deux bureaux algérois, constatant la faiblesse de la participation de seulement 11,5% et 12,5%.

La victoire du «oui» ne fait cependant guère de doute tant la campagne électorale, qui a laissé la population largement indifférente, a été à sens unique.

Les opposants n’ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. Les partisans du «Hirak», mouvement antirégime inédit et pacifique, ont prôné le boycott tandis que les islamistes appelaient à voter «non».

A Alger, les électeurs se sont fait rares, selon des journalistes de l’AFP.

«J’ai voté +oui+ pour mes enfants et petits-enfants. J’ai accompli mon devoir pendant la guerre pour libérer mon pays et je le fais maintenant pour la stabilité», a confié Mohamed Miloud Laaroussi, 86 ans, dernier à voter au centre Pasteur, au coeur de la capitale.

En raison de la pandémie, l’accès dans les bureaux était limité à deux ou trois personnes à la fois et le port du masque était obligatoire.

Grand absent du scrutin, M. Tebboune, 74 ans, est hospitalisé depuis mercredi en Allemagne pour des «examens approfondis» après l’annonce de cas suspects de coronavirus dans son entourage. Son état est «stable et non préoccupant», selon la présidence, qui n’a pas donné de ses nouvelles depuis jeudi.

Son épouse a voté pour lui par procuration dans une école d’Alger.

Les réseaux sociaux ont fait état d’incidents –marches nocturnes, affrontements avec la police, urnes et bulletins détruits– en Kabylie. De nombreux bureaux de vote n’ont pas ouvert dans cette région traditionnellement frondeuse, selon des médias locaux.

Des interpellations ont eu lieu à Alger et à Tizi Ouzou, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

M. Tebboune a fait de la révision de la Constitution, la énième depuis l’accession à l’indépendance en 1962, son projet phare et a tendu au début la main aux manifestants du «Hirak populaire authentique béni».

Mais les «hirakistes» ont rejeté «sur le fond et la forme» une initiative perçue comme un «changement de façade», incitant au boycott du référendum.

Ils réclament depuis février 2019 un profond changement du «système» en place depuis l’indépendance. En vain jusqu’à présent, même si le mouvement a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril 2019 après vingt ans de règne.

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