Les coquelicots de l’Oriental

Par Hassan El Mouden

C’est une chronique écrite en1983 par Brick Oussaid, ingénieur de formation et écrivain marocain. Dans ce récit, l’auteur nous invite  à méditer sur le sort d’un élève marocain qui a beaucoup souffert avant de s’en aller pour poursuivre ses études en France.

Le narrateur y raconte la misère  qu’il dû surmonté dans son douar reculé. Il était si pauvre que sa maman lui préparait des grains des coquelicots en guise de repas. D’où la portée satirique qui se dégage du titre. L’auteur semble nous dire : si les coquelicots ont en général une fonction esthétique et décorative, ceux de chez nous (l’Oriental) ont une fonction nutritive.

Il y décrit aussi la vie que mènent les gens de  la région orientale comme un «mouroir à petit feu». Le contraste avec son village natal qui sombre dans la monotonie, se lit dans l’épisode de l’aéroport. Le narrateur,  suivant les traces de Lhou, son guide et initiateur, est étonné par l’agitation de l’aéroport. Pour lui, l’avion n’est pas un simple moyen de transport.  C’est un avion salvateur. Un avion qui l’arrache à la misère.

«J’avais enfin des ailes, j’allais me sauver, m’arracher à la misère, au mouroir à petit feu». Dit-il, en décrivant son baptême de l’air non sans étonnement.

Cet épisode est une occasion pour le narrateur de jeter un regard critique sur l’école dont il garde des souvenirs non moins désagréables.

«Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à l’école primaire quand nous étions en rang devant la porte d’entrée de la classe, sous l’œil inquisiteur du tyran».

La lecture de cette chronique nous invite aussi à réfléchir sur tout ce flot de matière grise qui traverse la Méditerranée. Tous ces cerveaux qui fuient leur terre natale, ont-ils l’intention de revenir ? Le narrateur des Coquelicots nous répond :

«Je ferais des efforts, je m’intègrerais et connaîtrais les indigènes, j’oublierais ma souffrance, je ne reviendrais jamais».

Le récit de Brick Oussaid est daté certes, mais la problématique dont il traite est toujours de l’actualité. Si cet ingénieur se sert de  l’écriture pour exprimer sa souffrance et celle de toute sa génération, on remarque que la plupart des cerveaux  aujourd’hui fuient tragiquement vers l’étranger sans laisser de traces littéraires.

Ce qui nous laisse à nous interroger sur la place de la littérature au sein de notre système éducatif et la nécessité de développer l’esprit créatif chez nos apprenants.

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