Les murales forcent l’admiration par leur esthétique

Clap de fin pour le septième Jidar Rabat Street-Art Festival

Du 21 au 31 juillet 2022, Jidar Rabat Street-Art Festival a convié, d’une part, des artistes d’ici et d’ailleurs, à relever leurs manches, se saisir de quelques murs et les embellir. D’autre part, le grand public à un voyage fabuleux sur les eaux cristallines du street art. Là, tout n’était qu’ordre et beauté, talent, art et immense volupté.

L’édition 2022 de cette manifestation s’est achevée par un beau bilan : neuf nouvelles œuvres d’envergure peintes par 9 artistes (3 locaux et 6 internationaux) viennent s’ajouter à la soixantaine des éditions précédentes. De fait, le nombre ne fait que grandir. Car, à chaque édition son lot de fresques murales. Au-delà du plaisir de l’interprétation, les murales de cette année forcent l’admiration par leur esthétique : les formes géométriques centrées, décalées ou juxtaposées de l’artiste marocain obsédé par la rigueur spatiale, Reda Boudina, fascinent; la femme africaine de l’artiste sénégalais Beaugraff et la douce jeune fille de la marocaine Tima, ou encore le personnage saisi avec une infinie délicatesse dans ses menus gestes quotidiens par le canadien Bryan Beyung attirent irrésistiblement les regards; le bestiaire bleuté et noir du portugais Pantonio enchante; la nature morte de l’espagnol Manolo Mesa intrigue; la flore qui enrobe l’oeuvre tout en rouge de Twoone interpelle; les timbres célébrant la mémoire de Rabat du marocain Ed Orner émerveillent et le ludisme, ainsi que les compositions réfléchis du slovaque Juraj Duris magnétisent.

Non seulement sur les grandes façades des immeubles disséminés dans toute la ville, le street art a aussi élu domicile sur les murs du Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain. Mais, contrairement aux années précédentes où ses façades n’échappent pas à une bonne dose de peinture, le marocain Adam Belarouchia, qui détourne des objets du quotidien, a voulu cette fois draper un des six murs du musée par une bâche géante. Entre art minimal, design et surréalisme, son installation est le totem de notre modernité encombrée. Jidar Rabat Street-Art Festival encourage cette discipline qu’est le street art par le biais du «Mur collectif» en mettant un large mur à disposition de street artistes en herbe pour s’initier au muralisme sous l’aile d’un artiste de haut vol et laisser libre cours à leur créativité. Cette année, le festival a fait appel à Ayoub Abid aka Normal, pour orchestrer ce workshop qui s’étale comme à l’accoutumée sur une semaine.

Le public a pu, par ailleurs, participer à des ateliers et assister à une démonstration de sérigraphie en compagnie de l’artiste et imprimeuse principale du studio Monostereo, Gemma Berenguer. De surcroît, elle a également proposé à voir, à l’Atelier Ambigu, une dizaine d’affiches de groupes (gig posters) conçues et imprimées manuellement sur du papier.

Le festival, impulsé par l’association EAC-L’Boulvart (Education artistique et culturelle) et soutenu par divers partenaires institutionnels et entrepreneuriaux, à été mis sur orbite il y a sept ans. Son cap semble définitivement fixé puisque la formule est sans cesse reconduite : prôner le street art dans toute sa globalité et sa pluralité de discipline, ensuite, repenser le rapport à l’espace public en y apportant de la création.

Lorsqu’on s’engouffre dans la ville, c’est un véritable temple international du street art et de l’esthétique urbaine qui nous accueille. On y trouve des œuvres sous des tas de formes différentes réalisées par les artistes ayant pris part à Jidar Rabat Street-Art Festival.

Du 17 au 27 mai 2023, tout un chacun pourra assister à la naissance d’autres œuvres d’art et s’imprégner de l’atmosphère unique régnant sur le festival. Des rencontres pour le grand public et des ateliers sont prévus, entre autres moments forts de la huitième édition.

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