Malaisie: Le roi nomme un nouveau Premier ministre

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

«Le roi espère qu’avec la nomination du nouveau Premier ministre Ismaïl Sabri Yaacob, le gouvernement continuera à combattre l’épidémie du Covid-19 et que les turbulences politiques du pays seront révolues».

C’est par ce communiqué qu’à la suite d’une réunion des familles royales de Malaisie, le Palais royal a annoncé, ce vendredi, la nomination, par le Roi Abdullah Shah, et «en accord avec la Constitution», d’un nouveau Premier ministre en la personne du vice-président de l’Organisation Nationale des Malais Unis (UMNO) après que celui-ci ait reçu le soutien de la majorité des parlementaires.

Avocat de 61 ans, ayant été plusieurs fois ministre, Ismaïl Sabi Yaacob avait été réélu député à quatre reprises depuis 2004 avant d’occuper le poste de vice-premier ministre dans la coalition dirigée par Muhyiddin Yassin, qui a démissionné le 16 Août dernier après avoir perdu la majorité au Parlement à cause de sa très mauvaise gestion de la crise sanitaire du Covid-19.

Ainsi, après avoir dirigé la Malaisie pendant six décennies, l’UNMO qui avait fini par en être écarté à l’issue des élections de 2018 du fait de divers scandales de « corruption » est donc revenu « aux commandes » de l’Etat mais, cette fois-ci, sur l’instigation du roi qui espère ainsi mettre un terme à la crise politique qui mine le pays depuis plusieurs années.

Aussi, pour certains observateurs l’UNMO est d’autant plus puissante qu’elle est parvenue à « regagner le pouvoir » sans même passer par des élections législatives officiellement reportées à une date ultérieure du fait de la pandémie du nouveau coronavirus.

Appelé à prêter serment dès le lendemain, samedi, Ismaïl Sabri Yaacob qui n’avait jamais été personnellement accusé de corruption dans le fameux scandale du «Fonds souverain 1Malaysia Development Berhas», (1MDB), censé contribuer au développement économique de la Malaisie et dans lequel fut impliqué l’UNMO dont il était le vice-président met ainsi fin aux espoirs qu’avait l’opposition de revenir au pouvoir.

Si donc, à l’instar de son prédécesseur, le nouveau Premier ministre de Malaisie ne tire pas sa légitimité des urnes dès lors qu’il a été nommé par le roi Abdullah Shah, l’un des neufs sultans issus de la Fédération de Malaisie qui se succèdent tous les cinq ans, sa désignation marque, incontestablement, le retour à un pouvoir, sans partage, de l’UMNO, cette formation politique qui a dirigé le pays depuis son indépendance en 1957 jusqu’aux élections de Mai 2018 et qui représente l’ethnie malaise, majoritaire dans un pays où 22,5% de la population est d’origine chinoise et 6,8% d’origine indienne.

Après avoir auditionné, jeudi 19 Août et à tour de rôle, chacun des 114 candidats qui ont postulé pour le poste de Premier ministre, le sultan a exigé que le Parlement se réunisse pour confirmer, par un vote, le choix d’Ismaïl Sabri Yaacob après son investiture le samedi 21 Août et promis que des élections auront lieu avant 2023.

A cela, un observateur bien au fait de la politique malaisienne  rétorquera que «La Malaisie est en terrain inconnu (puisque) c’est la deuxième fois que le roi choisit un Premier ministre sans élections». De quoi donc demain sera-t-il fait en Malaisie ? Attendons pour voir.

Étiquettes ,

Related posts

Top