Mort tragique de l’artiste peintre Karim Attar

Un artiste talentueux  à la touche originale et à la fleur de l’âge

Mohamed Nait Youssef

L’artiste peintre marocain Karim Attar a tiré sa révérence, vendredi 7 mai, dans un accident de la route sur l’autoroute de Meknès. Il avait 44 ans. Un sort  tragique et douloureux, sa mort a laissé un vide énorme dans la communauté des artistes. Il est parti trop tôt. L’artiste talentueux à la touche originale et prometteuse a légué une œuvre singulière.

«Très affecté par la disparition de notre ami l’artiste plasticien Karim Attar dans un accident de la route. Nous envoyons à sa famille et à ses amis toutes nos pensées et leur présentons toutes nos sincères condoléances…. »,  témoigne Mohammed Mansouri Idrissi , président du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels.

Né en 1977 à Meknès, l’univers de Karim Attar est peuplé de personnages étranges à la fois mi-humains et mi-animaux. Son œuvre mêle entre peinture et danse dont le corps occupe une place de choix. 

« Dans sa peinture, Attar représente un ange filiforme ayant l’apparence d’un fœtus recroquevillé dans le ventre de sa mère. Il paraît flotter dans un liquide vert chatoyant qui rappelle celui d’une eau croupie.  Le corps angélique semble être brûlé par un feu invisible qui lui dévore le visage et calcine la jambe. Les pigments des ailes se liquéfient et coulent en larmes noires vers le bas de la toile. Déchiré, estropié et brûlé, l’ange damné serait incapable de voler. Ses ailes de papillon, émaciées et décolorées, ne pourraient plus le porter. Le bel être céleste paraît se métamorphoser, dans la peinture d’Attar, en monstre persécuté à l’instar des anges rebelles de Bruegel qui, au fur et à mesure de leur décadence, se transforment en monstres repoussants. Plus qu’une illustration d’un mythe, l’ange martyrisé de l’artiste marocain exprime la condition de l’homme qui se précipite à sa perte comme le papillon au feu brûlant de la chandelle. Le lépidoptère connote l’âme comme le révèle « psyché », terme qui désigne à la fois, en grec, l’âme et le papillon. », écrivait le chercheur en histoire de l’art Mohamed Cherkaoui, à  la mémoire du peintre Karim Attar.

Et d’ajouter : « Il semble que la toile raconte la souffrance de l’âme humaine vouée à une existence douloureuse et éphémère. D’ailleurs, l’insecte, par le caractère fugace de son existence, serait une métaphore entomique de la fuite du temps qui entraîne tout être vers sa fin. En effet, attribut de vanité dans les natures mortes, le papillon serait l’allégorie de la précarité de la vie humaine. L’ange plein de gaieté, de bonté, de santé, de beauté et de bonheur de Baudelaire connaît, enfin, dans la toile de Karim Attar, la douleur, la maladie et l’angoisse de la mort…. ».

L’artiste a toujours travaillé dans l’ombre et dans la discrétion, loin des lumières. Ses créations ont  figuré  dans des collections prestigieuses au Maroc et ailleurs. Un grand artiste s’en allé.  

Top