Où en est la régionalisation ?

Avec le renouvellement des instances régionales, inscrit dans le processus de l’actuel échéancier électoral, le nouveau chantier de la régionalisation aura franchi l’une des phases d’expérimentation décisives pour la concrétisation du cadre juridique, mis en place à cet effet et conforté, chemin faisant, par des conférences de réflexion et de finalisation dont la dernière en date, s’est tenue début 2020, dans la capitale du Souss.

Fort «auréolés» au départ du premier mandat de cet ambitieux projet régional, par les nouvelles attributions conférées aux conseils, notamment l’ordonnancement des finances, l’exécution du schéma directeur et du programme de développement, peu de présidents se sont acquittés de leur mission, tant bien que mal, dans ce nouvel exercice de décentralisation.

Il est bien vrai que ce système de gestion régionale, inspiré de nombre d’expériences édifiantes, mais sans doute, adapté aux spécificités marocaines, évolue, à l’état embryonnaire, sans suffisamment  d’éclat et d’efficience, de manière globale. Hormis certaines exceptions dont les auteurs ont pu tirer leur épingle du jeu, des déceptions criardes ont, en revanche, affecté le parcours de gouvernance au sein d’une panoplie de régions du royaume, à titre d’exemple, celles de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, de Guelmim-Oued Noun et encore pire de Drâa-Tafilalet, pour n’en citer que celles-ci.

Si quelques régions ont trouvé des terrains d’entente avec la tutelle et les divers partenaires tant institutionnels que professionnels et associatifs pour conclure les PDR respectifs et se conformer aux orientations des politiques publiques, d’autres se sont heurtés aux incapacités de maintenir la concorde dans les multiples composantes et de tisser des passerelles de concordance avec les multiples associés.

A cet égard, on évoquera encore une fois, sans se lasser, l’attitude hautaine et belligérante dont fait montre la présidence de la région Drâa-Tafilalet, tout au long d’une partie de son investiture, vis-à-vis de ses conseillers et ses interlocuteurs, en particulier le Wali et ses collaborateurs. Un comportement épris d’animosité et de tension qui s’est soldé par des répercussions fâcheuses sur des droits et des intérêts de la région, puisque, depuis 2019, nul projet structurant n’a vu le jour pour persistance au blocage et non adoption du budget du conseil régional.

D’autre part, il convient de soulever une autre lacune qui ne cesse d’affaiblir l’évolution des régions, en terme d’inégalité spatiale dont pâtit la majorité des entités régionales, mise à nu par les récentes révélations du Haut Commissariat au Plan (HCP) qui fait savoir que sur les 12 régions de la Nation, 4 d’entre elles, totalisent plus de 50% du Produit National Brut (PIB).

On adjoindra à cette tare qui entrave manifestement l’équilibre de la régionalisation avancée, tout en sachant que celui-ci a constitué l’épine dorsale du chantier sociétal, deux autres contre-performances, en l’occurrence la pénurie des ressources humaines susceptibles de mettre en œuvre la philosophie du mécanisme régional, si l’on sait en fait, que la plupart des élus meublant cette institution constitutionnelle, sont dépourvus de compétence et de civisme souhaités et le tiraillement entre les constituantes politiques de la région, souvent animés par des querelles politiciennes intestines.

La notion transitoire du registre de consultation à celui d’ordonnancement a certainement compliqué la tâche, sous l’épée de Damoclès des audits de la cour des comptes et du rejet systématique de la tutelle locale ou centrale pour non-conformité aux procédures en vigueur. Le premier challenge de ce concept régional avait donc connu maints dysfonctionnements dans bien des cas, étant donné sa nature, mais aussi par son aspect pratique subjectif.

Mais, il n’empêche que la volonté nationale de mettre sur pied une démocratie participative, fondée sur le potentiel naturel, structurel et humain, s’avère inaliénable et, de ce fait, elle serait constamment sujette à des imperfections, des remises en cause et des rénovations.

Related posts

Top