OUAMMOU: Agissons maintenant pour le succès de la Vision stratégique 2030

Discussion du rapport de la Cour des comptes sur le programme d’urgence de Education nationale

Compte tenu du fait que le Programme d’urgence (PU) pour le redressement de la situation du secteur de l’éducation nationale (2009-2012) n’a pas atteint ses objectifs, selon le rapport annuel de la Cour des comptes, au titre des années 2016-2017, il est actuellement du devoir du gouvernement et du parlement de prendre les mesures nécessaires pour assurer le succès de la Vision stratégique 2030, adoptée par le Conseil supérieur de l’éducation et de la formation, a indiqué le Conseiller parlementaire, Abdellatif Ouammou.

Intervenant lors de la discussion par les Conseillers du rapport précité de la Cour des Comptes, Me Ouammou a souligné que ce Plan d’urgence (43 milliards de Dirhams mobilisés) a connu de profonds dysfonctionnements et entraves sans explication, en raison de l’absence de la bonne gouvernance lors de sa mise en œuvre.

Malgré l’importance des fonds qui lui ont été consacrés, ce plan n’a pas produit l’impact escompté sur le système éducatif, étant donné la multitude des intervenants et l’improvisation qui a marqué ses différentes étapes.

En tirant la sonnette d’alarme sur la situation difficile du système éducatif national, la Cour des comptes laisse entendre que c’est au gouvernement et au parlement d’assumer maintenant leurs responsabilités pour redresser la situation à travers des mesures visant à créer les conditions de réussite de la Vision stratégique 2030, qui s’est fixée elle aussi comme objectifs de transformer l’école marocaine pour offrir à tous les citoyens et de manière équitable une éducation et une formation de qualité, fondées sur les valeurs nationales.

Après avoir rendu hommage au travail important de la Cour des comptes en matière de contrôle des deniers publics et des activités des services publics (32 rapports de contrôle, 588 arrêts, 60 décisions disciplinaires, 4 affaires portant sur des actes qui nécessitent des poursuites criminelles confiées au ministre de la justice), le Conseiller a limité son intervention au PU, compte tenu de l’importance du secteur de l’éducation et de la formation dans la vie de la nation et de l’aggravation de la crise dans laquelle il se débat depuis des années et qui est loin de trouver une issue.

Des sommes faramineuses mobilisées en vain

Selon le rapport, a-t-il dit, il a été procédé à la mobilisation d’environ 43 milliards de Dirhams. Les engagements se sont élevés à 35,05 MM DH et les paiements à 25,15 MM DH, soit une moyenne de paiement de 58%. Ce qui représente un taux plus bas que la moyenne d’exécution des budgets sectoriels au cours de la période étudiée. Ce qui a fait perdre en d’autres termes au plan son aspect d’urgence, un PU qui s’est traduit par l’échec des efforts de l’Etat et une perte du temps pour le développement et des indicateurs du développement durable, en fin de compte.

Il est à rappeler que le PU (2009-2012) s’était fixé notamment comme objectifs de généraliser la scolarisation et d’améliorer la qualité de l’enseignement et le rendement du système éducatif.

Au niveau de l’objectif de généralisation de l’enseignement et de l’amélioration de ses conditions, le rapport de la CC a fait état de l’augmentation du nombre des élèves inscrits de 5.666.429 en 2009 à 6.039.641 en 2017 et d’une augmentation des établissements scolaires au cours de la même période de 9.397 à 10.756. Il a été toutefois constaté au cours de la même période que la capacité d’accueil a baissé, puisque seuls 286 établissements (25 % des prévisions) ont été construits alors que le PU prévoyait la réalisation de 1164.

L’extension des établissements scolaires existants a subi le même sort.  Seules 4062 salles de classe sur les 7052 initialement prévues ont été réalisées soit un taux de réalisation de 58%.

Le PU n’a pas réussi non plus à couvrir l’ensemble des communes rurales, comme prévu, par des collèges et internats.

Sur ce plan, le PU a régressé, puisque le taux de réalisation à ce niveau a chuté de 8,52 au titre de 2008-2009 à 5,66 au titre de 2016-2017.

La même tendance a prévalu au niveau de l’exploitation des établissements scolaires en mauvais état, et ce en dépit des moyens consacrés à la remise en l’état de ces unités.

Enseignement préscolaire, une situation très préoccupante

Jusqu’à l’année 2016-2017, le système éducatif exploitait 6437 établissements qui ne disposent pas d’un réseau d’assainissement, 3192 établissements sans raccordement au réseau d’eau potable, 687 établissements non connectés au réseau électrique et 9365 salles de classe dans un état de délabrement.

Au niveau de l’enseignement préscolaire, la situation est plus que préoccupante, selon Ouammou.

C’est un véritable défi à relever et dont la réalisation faisait partie des objectifs que le Programme d’urgence s’était engagé à réaliser au sein des écoles primaires à hauteur de 80% en 2012 et ce dans la perspective de le généraliser en 2015.

Au cours de l’année scolaire 2016-2017, seules 24% des 7667 écoles primaires disposaient d’un enseignement préscolaire.

Sur un autre registre, le rapport de la CC attire l’attention sur le fait que l’encombrement dans les salles de classe au niveau du primaire, du secondaire et du qualifiant est très préoccupant, étant donné que l’objectif fixé dans ce cadre par le PU n’a pas été atteint.

Le déficit en enseignants revêt un caractère d’urgence

La CC considère dans ce cadre que le recrutement sur contrat pour combler le déficit en enseignants est une aventure pleine de dangers pour l’avenir des enfants, étant donné le faible niveau de formation et de qualification des jeunes recrues.

Le déficit en enseignants n’autorise guère d’improviser pour assurer l’avenir des jeunes générations, a-t-il dit, appelant à approfondir la réflexion pour rechercher d’autres solutions plus sûres.

Le traitement de la question du déficit en enseignants revêt un caractère d’urgence. Elle doit être planifiée pour remplacer le personnel mis à la retraite mais également renforcer le corps des enseignants à travers par exemple l’association des collectivités territoriales dans la mise en œuvre d’un système éducatif intégré, adapté et capable de mobiliser toutes les ressources humaines dans la perspective d’édifier une société du savoir et de la connaissance.

Des programmes abandonnés…

Au plan pédagogique, le PU a programmé 10 projets dont le coût s’élève à 12 milliards de Dirhams.

En dépit de tout ce qui a été dépensé jusqu’à présent, une grande partie des projets n’a pas été exécutée. Il s’agit des projets ayant trait à l’amélioration des programmes scolaires, à la consécration d’un système performant de l’information et de l’orientation, à l’appui à l’apprentissage des langues et à l’amélioration du système pédagogique. D’autres projets ont été abandonnés à mi chemin pour absence d’une vision intégrée de la réforme escomptée, a-t-il expliqué.

Pour ce qui est de la capacité d’accueil de tous les élèves, le programme de soutien social a permis d’enregistrer une certaine amélioration des indicateurs. Les réalisations des programmes de soutien social ont enregistré au titre de l’année scolaire 2016/2016 :

–     1.085.110 bénéficiaires des cantines scolaires  

–     113.632 bénéficiaires du logement et de la restauration dans les internats

–     138.995 bénéficiaires du transport scolaire

–     859.975 bénéficiaires du programme Tayssir

–     3.835.833 bénéficiaires du programme «un million de cartables».

La déperdition scolaire, un défi de taille

Malgré cela, ces données n’ont pas impacté positivement les conditions de scolarisation. Elles n’ont pas renforcé non plus l’attractivité du système, en raison sans doute de la faiblesse des méthodes de gestion, de la mauvaise planification et de l’absence d’une stratégie complémentaire à l’appui social aux élèves nécessiteux.

C’est pourquoi, il importe de souligner que la déperdition scolaire constitue toujours un défi de taille qu’il faut résoudre à travers le renforcement de la capacité d’accueil du système éducatif et de formation et de son attractivité.

Après avoir enregistré une baisse entre 2008-2012, le taux de déperdition a connu au cours de l’année scolaire 2016/2017 une nouvelle augmentation. Quelque 280.000 élèves ont en effet abandonné leurs études durant cette année.

Le problème de l’enseignement est donc entier et c’est au gouvernement et au parlement d’assumer leurs responsabilités pour en redresser la situation, selon le Conseiller Ouammou.

M’Barek Tafsi

Related posts

Top