Présentation et dédicace au siège du PPS de «Kadalika Kane…»

Ouvrage collectif de M’Barek Boudarqa et Ahmed Chaouki Benyoub sur l’expérience de l’IER

Le siège national du Parti du Progrès et du Socialisme à Rabat a accueilli, mardi soir, une cérémonie de présentation et de dédicace de «Kadalika Kan …», un ouvrage collectif signé par M’Barek Boudarqa et Ahmed Chaouki Benyoub et qui restitue leurs mémoires sur l’expérience de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) dont ils étaient membres.

A l’ouverture de cette rencontre, initiée dans le cadre du Salon culturel du PPS par la section d’Agdal-Riad, SaidFekkak, membre du Bureau politique du parti, a rendu hommage aux auteurs de cet ouvrage de référence qui revient en détail sur le déroulement des actions et réalisations de l’IER, dont les succès ont été rendus possibles grâce évidemment à l’activisme des défenseurs des droits de l’homme mais surtout à la volonté de SM le Roi Mohammed VI.

Pour sa réussite, l’IER a hérité aussi de l’apport de l’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) dont les militants ont balisé le terrain à l’instance, a-t-il ajouté, soulignant qu’il s’agit en fin de compte d’une expérience marocaine unique en son genre ayant permis de dévoiler de manière courageuse et au grand jour la vérité sur ce qui a été commis durant les années de plomb (1956-1999) avant de tourner la page, grâce au travail et à l’abnégation d’un staff acquis à sa cause dirigé par feu Driss Benzekri, Mandela des Arabes, qui appelait à expliquer sans accabler et à alerter sans dénigrer.

Au terme des travaux de la rencontre, Fekkak a proposé aux participants de recommander l’introduction de l’enseignement des droits de l’homme et de l’expérience marocaine à travers les réalisations et recommandations de l’IER dans les programmes de l’éducation nationale au Maroc.

Khalid Naciri : la protection de la transition vers le Maroc des Droits de l’homme une nécessité

 Prenant la parole, Khalid Naciri, membre du Bureau politique du PPS et ancien président de l’OMDH, a appelé à la protection de l’œuvre de l’IER des tentations de régression et du retour aux années de plomb. Il a appelé à soutenir l’élan de transition vers le Maroc des Droits de l’homme, de la dignité, de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale. C’est une nécessité impérieuse pour empêcher que ce qui s’est passé ne se reproduise plus jamais dans le pays, a-t-il expliqué.

Et c’est ce qui explique d’ailleurs l’importance extrême du travail de M’Barek Boudarqa et Ahmed Chaouki Benyoub, qui n’ont pas attendu longtemps avant de compiler dans cet ouvrage de valeur ce qu’ils ont vécu et constaté de l’intérieur durant leurs activités en tant que membres actifs de l’IER.

C’est un témoignage vif plein d’informations et de données d’analyse à même d’aider à la compréhension de cette expérience marocaine avant-gardiste, qui a permis de tourner la page à une histoire combien douloureuse dans le pays, une histoire marquée par la torture, la répression, les disparitions forcées, les exécutions. Car il s’agit en fin de compte de transmettre aux générations montantes les enseignements de ces années de plomb, avec lesquelles il convient de rompre à jamais pour le bien du pays, des droits de l’homme et de la société en général, a-t-il expliqué.

L’ouvrage en question représente donc de ce point un devoir de mémoire qui rappelle également que le Maroc le courage de tourner la page, après une lecture à haute voix et en public de ce qui s’est passé durant les années de plomb.

Dans leur ouvrage, les auteurs reviennent aussi sur l’apport de l’OMDH qui a préparé à l’IER la plateforme nécessaire à son action visant à dévoiler les violations des droits de l’Homme et à rendre compte en mêmetemps de la résistance des victimes et des défenseurs des droits de l’Homme.C’est enfin de compte un travail mené en profondeur par deux militants qui ont consacré leur vie à la défense des droits de l’homme, a-t-il dit.

Vibrant hommage au PPS, un défenseur infatigable des droits de l’homme

Ahmed Chaouki Benyoub, un des rescapés de la mort, membre actif de l’IER, qui affirme avoir tout abandonné (politique et partis politiques) pour se consacrer à la promotion et défense des droits de l’homme, a profité de sa présence au nouveau siège national du parti, pour dire aux militants du PPS qu’ils doivent être « fiers de la contribution et de l’apport de leur parti à la dynamique de propagation de la culture des droits de l’Homme et de leur promotion dans le pays » et ce, depuis l’avènement du PLS.

«Pour ce qui me concerne, je ne cache pas ma fierté de voir le PPS à l’œuvre à l’image de Khalid Naciri, ce grand défenseur des droits de l’Homme qui avait pris les commandes de l’OMDH dans une période cruciale », a-t-il dit.

Nombreux sont les militantes et militants du PPS qui se sont distingués par leur action au profit des droits de l’Homme, a-t-il ajouté, citant à titre d’exemple Me Abdelaziz Benzakour qui avait réuni en 1987 à Oujda 850 avocats en présence de Driss Basri pour débattre des droits de l’Homme au Maroc et réclamer sans aucune ambigüité la libération de tous les détenus.

Pour ce qui le concerne, Khalid Naciri avait réussi à remettre l’OMDH sur le droit chemin pour lui permettre de s’acquitter de son travail de manière professionnelle et conformément aux normes internationales, a-t-il affirmé.

Il a rappelé aussi la contribution active d’Abdelhafid Oualalou, autre militant du PPS, membre du Comité central, qui s’était distingué en tant que vice-président par sa disponibilité et son activisme ainsi que celle d’Amina Lemrini, qui avait pris part de manière spontanée et désintéressée à l’élaboration de toute la littérature de l’IER ainsi que d’autres militants et militantes du parti.

Le PPS a joué un rôle majeur et de qualité à travers ses femmes et ses hommes dans la réussite de l’expérience de l’IER et de la transition démocratique en matière des droits de l’Homme, a-t-il rappelé.

Revenant à la présentation de l’ouvrage «Kadalika Kane », il a indiqué qu’il s’agit d’un texte de presque 500 pages réparti en cinq chapitres (livres). Le premier chapitre répond à la question de savoir si la création de l’IER est une pièce théâtrale recommandée par le régime politique ou si elle est le fruit d’une longue lutte. Le deuxième chapitre se penche sur la véracité de la vérité dévoilée sur ce qui s’est passé durant les années de plomb, en revenant sur les investigations et recherches menées par les équipes de l’IER. Le troisième chapitre traite du grand voyage dans le grand Sahara, destiné à l’examen de la situation des droits de l’Homme et des violations commises dans la région. Quant au quatrième chapitre, il analyse  d’autres questions ayant trait, notamment à la justice transitoire, au choix des membres de l’IER, aux réparations et mécanismes de prise de décisions de réparations et des garanties pour rompre avec ce qui s’est passé en luttant, notamment pour la préservation de la mémoire et de la communication et contre l’amnésie.

M’barek Boudarqa : sur tous les cas recensés par l’IER, 6 cas seulement n’ont pas été élucidés

Pour sa part, M’Barek Boudarqa, coauteur de l’ouvrage «Kadalika Kane» a souligné que SM le Roi Mohammed VI a joué un rôle décisif dans la réussite de l’IER, en donnant Ses Hautes instructions pour permettre la poursuite des séances d’audition des témoins et l’ouverture des tombes dans plusieurs cimetières.

Il a également rendu hommage à feu M’Hamed Boucetta qui vient de décéder dans le dénouement de l’affaire des exilés et à d’autres personnalités marocaines telles Mehdi Qotbi, Abbès El Fassi, Omar Azzimane, Ismail Aloui, dont l’action a permis le retour des exilés et déportés dans leur pays.

Il a fait savoir aussi que sur les 736 cas recensés par l’IER, 6 cas seulement n’ont pas été élucidés, dont l’affaire Mehdi Benbarka.

Réagissant aux présentations faites, de nombreux participants à la rencontre ont salué la qualité du travail fait sur le déroulement de l’histoire de l’IER, soulignant pour certains d’entre eux que le Maroc post-IER diffère de celui des années de plomb. Au niveau artistique et littéraire, « on n’a plus peur au Maroc » de dénoncer des abus et des violations comme dans le passé où tout le monde avait peur de tout le monde. La société riposte de manière spontanée à l’injustice, ont souligné d’autres militants, citant à titre d’exemple le cas du poissonnier d’Al Hoceima et le comportement des jeunes à travers leur participation dans les réseaux sociaux et la presse électronique.

M’Barek Tafsi

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