« Regards croisés : Edmond Amran El Maleh, une pensée qui nous interpelle»

Siel 2024

Mohamed Nait Youssef

Un temps fort du SIEL 2024. Une conférence placée sous le thème « Regards croisés : Edmond Amran El Maleh, une pensée qui nous interpelle», et organisée par la Fondation Edmond Amran El Maleh en partenariat avec le Ministère de la jeunesse, de la Culture et de la communication, a mis l’accent, Samedi 18 mai, sur l’héritage et la pensée  d’une l’une des figures emblématiques du paysage culturel national : Edmond Amran El Maleh. Les intervenants ont apporté, tour à tour, un éclairage sur les différentes facettes de ce penseur, critique et écrivain singulier.

André Azoulay :  «Edmond était singulier et  éclaireur »

« Edmond était un compagnon de route, très précieux pour moi, un maître. », a révélé André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi.  À la fois les écrits, l’ancrage philosophique de tout ce que Edmond a fait depuis le départ qu’il s’agisse de la littérature, de la peinture, du militantisme ; il a été non seulement singulier, mais il a été éclaireur, a-t-il expliqué.   «Il avait cette sensibilité poussée à l’extrême. Ce n’était pas toujours facile parce qu’il était  toujours en avance, il a toujours été radical, mais sa radicalité n’était pas  celle de la sociabilité. Il fallait accepter cela. », a-t-il précisé. Et d’ajouter : «rarement mon pays, le Maroc n’a été aussi prêt, aussi conscient, aussi averti et apte à se réapproprier  la richesse de sa diversité et de son altérité. Ça n’a pas été facile, ce n’est pas encore complètement fini. Historiquement, jamais mon pays n’a connu de momentum aussi fort, aussi largement partagé, mais aussi conscient, il y a une réappropriation volontariste, intergénérationnelle sur tout le territoire et qui fait aujourd’hui le cœur de leadership que notre pays incarne aujourd’hui dans le monde non par sa richesse économique, mais pas sa capacité d’avoir fait ce chemin dans le temps et dans l’histoire pour se dire riche de son altérité. Aujourd’hui, la diversité, a-t-il affirmé,  est le moteur central de notre modernité.  

Driss Khrouz : « Edmond, un  marocain dans la transversalité »

Dans son introduction, l’universitaire et chercheur, Driss Khrouz, modérateur de la rencontre, a indiqué qu’il est  difficile de parler d’Edmond Amran El Maleh en se concentrant sur la pensée.

 Sa personnalité transcende ses écrits, a-t-il affirmé. Chez Edmond, poursuit-il, il y a trois piliers de sa pensée, de ses écrits à savoir ;  la recherche du sens qui est durable, présente jusqu’à l’entêtement, jusqu’à l’obsession. Chercher le sens, a-t-il révélé,  c’est chercher l’esprit, c’est chercher dans le fait religieux, c’est chercher dans la culture marocaine, c’est chercher dans la langue, chercher dans les langues. Selon lui, Edmond Amran El Maleh le fait en puisant dans la culture marocaine populaire raffinée.

D’après lui, il a également évoqué le site au sens anthropologique du terme comme deuxième pilier.  Chez Edmond, a-t-il précisé,  le site est essentiel, il est fondamentalement marocain. Et c’est à travers sa marocanité que les autres questions sont filtrées. «Edmond, il  est marocain dans la transversalité parce qu’il est situé et ancré, localisé dans sa marocanité  plurielle. », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter :  «on ne peut être marocain si on ne considère pas au sens où le dit Walter Benjamin et le reprend Edgar Morin que c’est dans la diversité que l’unité trouve sa richesse et c’est dans la richesse de l’unité que la diversité trouve sa richesse. »

Le troisième pilier, a-t-il expliqué, est que Edmond est habité par la reconnaissance. «Il a besoin de la reconnaissance, c’est quelqu’un qui a besoin d’être valorisé en tant que tel.  Edmond, il est dans cette marocanité et qui nous interpellent. La pensée d’Edmond est un livre ouvert.», a-t-il rappelé.  

Mohamed Achaari : « Edmond, un philosophe de la vie et des valeurs »

Mohamed Achaari, poète romancier, a souligné, quant à lui, que Edmond était un philosophe de la vie, des valeurs et des destinées. Il a, dit-il,  une vision poétique vis-à-vis du monde. Achaari  a mis par ailleurs l’accent sur le domaine de l’écriture chez Edmond. « L’écriture demeure dans la pensée d’Edmond Amran El Maleh. C’est une écriture avec le silence, une archéologie  perpétuelle. L’écriture chez lui est la vie en elle-même qui aspire à la liberté et la défense des questions légitimes. », a-t-il indiqué.

Le deuxième domaine, précise Achaari, c’est la mémoire juive au Maroc. La mémoire chez Edmond, a-t-il expliqué,  émane de la terre et ne vit qu’en tant que des racines enracinées dans cette terre. En outre,  il a estimé que la mémoire chez Edmond  est attachée au présent et au future, et il refuse de la transmettre un ‘’spectacle muséal’’.

Mohamed Achaari a évoqué la relation d’Edmond avec la Palestine. Edmond, dit-il,  souffrait, de toute son essence,  de l’injustice faite au peuple palestinien, et l’exprime tout le temps et le vit comme une ‘’plaie juive’’.  

Samrakandi : «Edmond  a laissé une trace très intéressante»

De son côté, le chercheur Mohammed Habib Samrakandi a évoqué l’écriture, mais aussi son amitié avec Mohamed Achaari avec un ancrage dans la maison familiale.

 « Edmond  a laissé une trace très intéressante. Il a dit qu’une véritable amitié se traduit dans une œuvre commune. », a-t-il fait savoir.   

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