Relever le secteur au sommet

Le tourisme à la croisée des chemins

Par Saoudi El Amalki

Agadir est-elle réellement en train d’amorcer un décollage salutaire sur l’échiquier touristique national ? À observer les mutations profondes qui s’opèrent tambour battant dans la première station balnéaire du royaume, on est tenté de répondre par l’affirmative, malgré les nombreux écueils qui freinent encore l’élan du secteur.

Il convient tout d’abord de souligner l’importance des chantiers structurants engagés depuis le lancement du Plan de Développement Urbain (PDU) en 2020, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi. Ce vaste relooking place désormais la cité côtière parmi les métropoles de référence, alliant avec grâce la majesté de l’azur, la symbolique de la Kasbah dominant la baie, et la renaissance palpable d’un territoire longtemps meurtri.

Cinq années de travaux ininterrompus — malgré la pandémie — ont permis d’amorcer une véritable transformation. Le Souverain a en quelque sorte inscrit cette métamorphose dans l’ADN d’une ville jadis martyrisée, autant par les caprices de la nature que par les carences humaines. Aujourd’hui, les ingrédients d’un tourisme florissant se mettent progressivement en place, dans une ambiance qui rappelle l’âge d’or où les marchés scandinaves et allemands choisissaient Agadir comme destination hivernale et estivale de prédilection.

Dès lors, il n’est plus permis de se complaire dans l’inertie ou l’attentisme. Le dynamisme qui s’installe appelle à un sursaut collectif. Il suffit de voir les projets inédits fleurir tels des coquelicots printaniers : jardins verdoyants, artères illuminées, espaces de loisirs, valorisation du patrimoine et de la culture, sans oublier les investissements structurants dans les zones industrielles.

Face à ces avancées, il devient inacceptable de continuer à promouvoir une image de tourisme livide, timoré et en décalage avec les ambitions affichées. À l’époque des grands professionnels des années 70, 80 et 90 — sous l’ère de feu Sa Majesté Hassan II — Agadir avait su hisser le tourisme au sommet. Pourquoi ne pas s’en inspirer à nouveau ?

L’heure est venue d’agir. Il faut, en priorité, élargir la capacité litière en rouvrant une vingtaine d’unités hôtelières représentant des milliers de lits. Il est aussi essentiel de rétablir le dialogue avec les services centraux du ministère du Tourisme et de l’Office national, pour rompre avec la politique de dédain et d’abandon dont la destination semble encore souffrir.

L’avenir du tourisme à Agadir passera également par une meilleure desserte aérienne, durable et diversifiée, et par l’enrichissement de l’offre à travers la valorisation du patrimoine rural et montagnard de la région. Enfin, il ne s’agit plus de verser dans le discours morose, dans le satisfecit creux ou dans la posture mensongère. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une parole lucide, honnête, mobilisatrice.

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