Royaume-Uni : John Bercow tacle le Premier ministre

Attendons pour voir…

L’annonce par laquelle, ce dimanche, John Bercow, 58 ans, ancien président de la Chambre des communes britannique de 2009 jusqu’à sa démission en Septembre 2019, a fait part de sa décision de quitter le camp « conservateur » et d’intégrer  l’opposition « travailliste » a ébranlé le landerneau politique du Royaume-Uni et, au premier chef, le Premier ministre Boris Johnson qu’il chercherait à renverser après l’avoir accusé, dans une interview donnée au journal « The Observer », d’être devenu « réactionnaire, populiste, nationaliste et, parfois même, xénophobe ».

Pour rappel, John Bercow qui a rejoint les Tories (Conservateurs) à l’âge de 17 ans, a été député pendant 12 ans avant d’être élu en 2009, « speaker » c’est-à-dire président de la chambre basse du Parlement et de quitter toute affiliation à un parti comme le veut la coutume. Il y restera jusqu’en septembre 2019 ; date à laquelle il démissionnera, officiellement, pour « raisons familiales » alors que la réalité est tout autre puisque son propre camp conservateur l’avait accusé, à l’époque, d’avoir voulu empêcher le Brexit en prenant des décisions favorables aux partisans du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne.

Pour justifier le revirement de ce dimanche, l’ancien président de la Chambre basse du Parlement britannique affirme avoir tourné le dos au  Parti conservateur car il en a « marre des mensonges » du Premier ministre qui, à ses yeux, reste « doué pour les campagnes mais nul comme dirigeant ». Il lui reproche, notamment, d’avoir concédé récemment une importante défaite face aux libéraux-démocrates lors d’une élection législative partielle très symbolique qui a eu lieu dans le centre de l’Angleterre ; une défaite qui est la preuve qu’ « un très grand nombre de gens sont déçus, voire même, dans certains cas, dégoûtés par ce que le gouvernement a fait » si bien qu’aux yeux de nombreux britanniques, le Parti Travailliste resterait la seule « option crédible ».  

Mais, ses détracteurs voient çà d’un autre œil.

Si donc, pour le ministre de la Justice, Robert Buckland,  John Bercow « avait quitté le Parti conservateur  il y a longtemps » ; donc bien avant cette annonce et que cette décision n’est rien d’autre qu’une « volonté de revanche », le conservateur Andrew Bridgen voit, pour sa part, dans cette annonce, une grossière manœuvre et une stratégie « cynique » mise en œuvre à l’effet de lui permettre d’être nommé « Lord » par le Parti Travailliste.

Même son de cloche du côté de Nigel Farage, animateur-radio, analyste politique, souverainiste et résolument pro-Brexit ayant fondé le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni qu’il a dirigé de 2006 à 2016 et qui, sur son compte Twitter, s’est moqué du changement de cap de John Bercow qui, après avoir « soutenu la campagne de sabotage du camp ‘Remain’  (anti-Brexit) au Parlement, rejoint maintenant le Labour ». Il dira même de lui que c’est quelqu’un qui « aime les bateaux qui coulent ».

Balayant, d’un simple revers de manche, toutes les critiques qui lui ont été faites, l’ancien président de la Chambre des communes a tenu à préciser, sur « Sky News », que sa décision qui n’a « rien de personnel » contre Boris Johnson reste motivée par un désir d’« égalité, de justice sociale et d’internationalisme ».

Et si, par ailleurs, après son départ du perchoir, John Bercow avait été accusé d’avoir tyrannisé ses équipes jusqu’au harcèlement – ce qu’il dément formellement sans, toutefois, rentrer dans les détails en invoquant des raisons de confidentialités – il y a lieu de préciser que, pour les Travaillistes, il reste le « bienvenu » car, comme le rappellera l’ancien ministre John McDonnell, il a « gagné le respect » du Labour par « son combat pour protéger les droits du Parlement ».

L’ancien speaker parviendra-t-il à renverser le Premier ministre Boris Johnson comme il le souhaite ?

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