Sanctions: dissonances entre Occidentaux sur le pétrole et le gaz russe

Crise ukrainienne

Les Etats-Unis ont invité lundi à regarder « sous un jour différent » d’éventuelles sanctions internationales sur le pétrole et le gaz russe, actant tout en les relativisant leurs divergences avec les Européens, et surtout les Allemands, sur ce sujet.

« Je regarderais cela sous un jour différent des efforts coordonnés passés » en matière de sanctions contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine, a dit la porte-parole de l’exécutif américain Jen Psaki.
Elle a lourdement insisté, lors de sa conférence de presse quotidienne, sur « les circonstances très différentes » pour les Américains et les Européens en matière d’hydrocarbures russes – les premiers en importent peu, quand les seconds en sont, pour certains pays, très dépendants.

Jen Psaki a précisé que Joe Biden n’avait « pas pris de décision à ce stade » concernant une action unilatérale des Etats-Unis eux-mêmes, au moment où des parlementaires de la majorité démocrate et de l’opposition républicaine préparent un projet d’embargo sur les importations de pétrole russe.
La Maison Blanche se montre très soucieuse de ne pas fissurer plus que nécessaire la cohésion quasiment parfaite montrée jusqu’ici par les Occidentaux en matière de sanctions économiques contre la Russie.
La question des hydrocarbures russes a été, selon l’exécutif américain, évoquée lors d’une vidéoconférence lundi entre Joe Biden, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Les quatre dirigeants sont « déterminés à continuer d’augmenter le coût » infligé à la Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine, selon un communiqué publié par la Maison Blanche.
Le communiqué français évoque lui « leur détermination à renforcer les sanctions » à l’encontre de la Russie et du Bélarus, tandis que celui des Britanniques promet de « continuer à faire pression sur la Russie ».
Seul le communiqué publié par Berlin n’aborde pas du tout la question des sanctions, insistant surtout sur les « nouvelles possibilités d’aide humanitaire pour l’Ukraine » qui ont également été discutées.

Lundi, Olaf Scholz a fait savoir que les importations d’énergie fossile en provenance de Russie étaient « essentielles » pour la « vie quotidienne des citoyens » en Europe, et a assuré que l’approvisionnement du continent ne pouvait être assuré autrement à ce stade.
Joe Biden, lui, est soumis à une pression politique intense pour couper cette source de revenus essentielle au régime de Vladimir Poutine.

Par ailleurs, l’Union européenne entend rester « unie » sur la question d’un embargo sur le gaz et le pétrole russes et la France demande aux Etats-Unis d’agir en « coordination » avec ses partenaires, a indiqué mardi le gouvernement français.

La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, doit rencontrer jeudi à Washington la secrétaire américaine à l’Energie, Jennifer Granholm.

« On leur demande un peu de coordination », a indiqué l’entourage de la ministre à l’AFP.

« On comprend la position américaine » mais « ils ne sont pas du tout dans la même situation énergétique que la nôtre », a souligné cette source.

Les Etats-Unis ont évoqué la possibilité d’imposer un embargo sur le gaz et le pétrole russes en réponse à l’invasion de l’Ukraine, afin de priver Moscou de précieuses ressources, mais n’ont pas encore pris de décision.

L’Europe connaît une situation très différente car elle importe 40% de son gaz de Russie, souligne l’entourage de Barbara Pompili.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a ainsi souligné lundi que les importations d’énergie fossile en provenance de Russie étaient « essentielles » et jugé que l’approvisionnement européen ne pouvait être assuré autrement à ce stade.

« On décidera en temps et en heure si on suit les Etats-Unis mais ce sera de toute façon une réponse unie », a souligné l’entourage de la ministre. « L’Europe restera unie, cohérente et coordonnée pour tout type de décision », a-t-on insisté, écartant toute décision unilatérale, notamment de la France, moins dépendante du gaz russe que certains pays européens voisins.

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