Seddiki: plaide pour la généralisation du «tiers payant»

La réforme de la couverture médicale au Maroc nécessite la généralisation du «tiers payant» pour toutes les maladies, prioritairement pour l’achat des médicaments onéreux utilisés dans le traitement des pathologies lourdes ou chroniques, a indiqué vendredi à Marrakech, le ministre de l’Emploi et des Affaires sociales Abdeslam Seddiki.

S’exprimant à l’ouverture du Symposium international organisé sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI sous le thème «le tiers payant entre l’équilibre financier des organismes de prévoyance sociale et le rôle des mutuelles dans la facilitation de l’accès aux services de santé», M. Seddiki a souligné que le tiers payant, qui permet aux patients de dispenser de l’avance des frais de traitement, y compris les consultations et les analyses médicales aussi bien que les médicaments coûteux, se veut un pilier essentiel à la réussite des stratégies visant à garantir un accès juste et équitable aux soins et constitue la meilleure solution des retards survenus récemment au niveau des compensations.
Il contribuera également à réduire la durée du traitement, améliorer les conditions de prise en charge, assurer le suivi médical et la gouvernance des dépenses du secteur, a-t-il ajouté.
Le ministre a également relevé qu’en dépit des efforts déployés par les mutuelles dans ce sens, les prestations ne répondent pas tout à fait aux aspirations et aux attentes des adhérents, ce qui se manifeste clairement par les chiffres, soulignant que le total des payements enregistrés dans le cadre du tiers payant par la Caisse nationale des organismes de prévoyances sociale (CNOPS) a été de l’ordre de 1.783.618.553 dirhams en 2015, contre 1.758.975.698 dirhams en 2014, soit une petite croissance de 1%.
Le secteur privé quant à lui a capitalisé avec un total de 1.291.255.510 dirhams, soit une croissance de 72%, alors que le secteur public a enregistré un total de 252.510.897 dirhams, soit une croissance de 14%, tandis que le montant enregistré au niveau du secteur mutualiste était de la valeur de 209.801.69 dirhams, a-t-il ajouté.
De son coté le président du conseil d’administration de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP), Abddelmoula Abdelmoumni a souligné, dans une allocution similaire, que le tiers payant compte parmi les terrains de solidarité auxquels les mutuelles souhaitent investir selon leurs capacités pour donner à la proximité un sens réel et à la situation du mutualiste moins de précarité.
La mutuelle Générale s’ouvre institutionnellement sur le territoire marocain en parfaite coordination et partenariat avec les autorités locales dans une logique d’engagement territorial et non dans une logique de privation et d’exclusion sociale, fait-il remarquer, précisant que la MGPAP est implantée dans 74 villes et villages du Royaume.
Ainsi, la mutualité a contribué, selon les chiffres de la Fédération internationale des mutuelles et des coopératives pour l’Amérique Latine, à faire augmenter sa part dans le secteur des assurances de 23,8% en 2007 à 27,3% actuellement, ce qui prouve la solidité du mouvement mutualiste à affronter les crises économiques et financières et à poursuivre l’offre de ses services à ses adhérents, souligne le président de la MGPAP.
«Nous ne voulons ni concurrencer le secteur privé, ni se considérer comme une alternative en matière de production de soins publics, mais continuer simplement à jouer un rôle de troisième voie pour une catégorie sociale n’ayant pas les moyens suffisants pour accéder aux soins de qualité», s’est-il expliqué.
Organisé par la MGPAP en partenariat avec l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), ce symposium a été marqué par la signature des statuts de l’Union africaine de la mutualité (UAM) avec 12 pays africains, ainsi qu’un hommage rendu à deux femmes sahraouies élues et actives dans le domaine social et de la gouvernance ainsi que trois femmes africaines de la Côte d’Ivoire, Burkina Faso et du Sénégal en reconnaissance à leur efforts dans le domaine de la mutualité.
Il s’agit de Mmes Daoudi Batoul, élue locale active dans le domaine de l’enseignement, Fatimatou Zaama, activiste sahraouie, Kayo Slaha Clarisse, secrétaire générale de l’UAM, également députée à l’Assemblée générale de la Côte d’Ivoire, Juliette Compaoré, trésorière de l’UAM, et Yacine Fall, première vice présidente de la même instance.
Cette manifestation s’inscrit dans le cadre de la contribution de la Mutuelle générale et de l’Agence nationale de l’assurance médicale (ANAM) ainsi que d’autres établissements publics et privés, nationaux et internationaux, dans le débat autour des moyens de généralisation du tiers payant et son rôle dans le renforcement du système de couverture médicale au Maroc.
Au programme de ce symposium, qui a réuni des différents personnalités du secteur de la mutualité dont des représentants des différents prestataires de santé, des experts, des chercheurs et des responsables associatifs de plusieurs pays africains et européens, figure deux panels portant sur «La pratique Africaine en matière du tiers payant et ses perspectives» et «L’expérience Internationale et européenne en matière du tiers payant, les acquis et les attentes».

Nabila Zourara

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