S’il te plaît, dessine-moi un «shutdown» !
Est-ce que Big brother fermera ses oreilles pendant quelques jours et laissera le monde, ses amis comme ses ennemis, agir à leur guise et développer leurs plans à l’abri de ses longues oreilles ? Au-delà de la grande politique, comment agissent les citoyens laissés-pour-compte face à une administration prise en otage par les luttes politiques ? La loi à elle seule saura-t-elle assurer l’ordre dans une société aussi individualiste que l’est la société américaine et l’absence de représentants de l’ordre républicain ne risque-t-elle pas de se traduire par un chaos sans précédent ?
Ce sont les questions que je me suis posées avant de prendre l’avion en fin de cette première semaine du mois d’octobre pour me rendre à Washington et assister aux assemblées annuelles de la Banque mondiale et FMI. Des questions qui étaient d’autant plus importantes qu’un ami américain, qui bénéficie depuis quelques années de la douceur de notre climat par rapport aux températures rugueuses d’outre-Atlantique, m’avait expliqué qu’on risquait de croiser le shutdown dès notre arrivée au premier aéroport américain. Car, faut-il le préciser, les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI sont devenues un évènement global tellement important que les vols en direction de la capitale américaine ainsi que les hôtels sont quasiment complets un an à l’avance. Du coup tous les chemins sont bons pour arriver dans la capitale américaine. Qui via JFK, qui par les aéroports de New York, Detroit ou parfois même plus loin de Chicago ou Seattle. Toutes les routes mènent au nec le plus ultra de la finance globale pendant ces trois jours de rencontre. Et, l’organisation ne faisant pas partie des qualités de votre humble serviteur, je me retrouve toujours à faire le tour de la planète avant de rallier la capitale américaine. Des stop-over comme on dit dans le langage des institutions internationales qui m’ont fait découvrir la qualité lamentable des aéroports nationaux américains, y compris celui de JFK, et qui n’ont rien à envier aux aéroports du Tiers-monde, exception faite des questions de sécurité où ils demeurent intraitables. Une situation qui a fait dire au président Obama au moment de son élection, lorsqu’il annonçait le grand stimulus fiscal en pleine crise financière que l’Amérique avait besoin de renouveler ses infrastructures.
Les commentaires de mon ami américain m’ont inquiété. Car l’arrivée dans les aéroports américains est un chemin de croix qui peut prendre un temps interminable vu les longues queues de voyageurs qui parviennent du monde entier et pour qui les States restent une destination fortement attrayantes. Des simples touristes aux responsables politiques, des intellectuels aux mamans enceintes qui préfèrent accoucher aux Etats-Unis afin que leurs progénitures disposent du fameux passeport de l’Oncle Sam, l’Amérique continue à exercer un attrait sans commune mesure dans le reste du monde.
Et première surprise ! A l’arrivée à l’aéroport JFK, ce n’est pas la foule des grands jours. Au contraire c’est plutôt des groupes fluides qui passent rapidement les contrôles de police pour rejoindre l’aéroport mitoyen pour les vols internes ou qui s’engouffrent dans les grandes limousines devant l’aéroport pour rejoindre Manhattan ou les autres quartiers de la ville.
Mais c’est arrivé à l’hôtel qu’on va rencontrer les premières manifestations du shutdwon avec les grandes annonces sur les fermetures de musée pour les touristes et d’autres panneaux leur suggérant d’autres occupations. Par ailleurs, les discussions avec les amis résidant aux Etats-Unis nous informent plus sur les conséquences du shutdwon avec des files d’attente interminables dans les différents services publics du fait de la mise au chômage d’une partie du personnel. Il faut souligner que ce sont 800.000 fonctionnaires, dits non essentiels, qui travaillent dans les administrations dont les budgets annuels sont mis au chômage. Les autres départements dits essentiels, dont ceux travaillant pour la sécurité nationale et dont les budgets sont pluriannuels, échappent à ces mesures.
Mais c’est surtout sur les chaînes de télé que le débat sur le shutdown est le plus présent avec des plateaux spéciaux tout au long de la journée pour discuter de l’impact de cette bataille sur les citoyens américains. Des plateaux à l’américaine regroupant journalistes, experts, économistes et hommes politiques pour discuter de cet imbroglio dont seuls les Etats-Unis ont le secret. Car faut-il le rappeler il ne s’agit pas du premier shutdown dans l’histoire américaine, car le plus récent remonte au milieu des années 1990. En 1995, le bouillant Newt Gingrich, représentant républicain de Géorgie, a mené une bataille avec l’appui de la droite du parti républicain contre le Président de l’époque, Bill Clinton, pour exiger le retour à un équilibre budgétaire en l’espace de sept ans. Cette bataille a coûté 1,4 milliard de dollars pour l’Amérique et la fermeture partielle des services de l’Etat fédéral pour cinq jours au mois de novembre 1995 et pour vingt et un jours au mois de janvier 1996. Mais les républicains ont dû céder devant l’intransigeance du Président Bill Clinton et l’exaspération des Américains qui s’est traduite par le plongeon des républicains dans les sondages. Quelques mois plus tard, le candidat républicain aux élections présidentielles, Bob Dole, se fait battre lamentablement contre le candidat sortant Bill Clinton.
L’histoire semble se répéter aujourd’hui avec cette nouvelle bataille budgétaire entre républicains et démocrates. Une bataille rugueuse entre d’un côté le Président Obama qui défend bec et ongles sa réforme de la santé et de l’autre côté des républicains menés par John Boehmer, le speaker républicain de la Chambre des représentants qui se trouve sous l’influence d’un groupe d’élus de la droite dure du Tea Party. Cette intransigeance est en train de se retourner contre les républicains perçus par des citoyens de plus en plus exaspérés comme les plus grands responsables de cet imbroglio qui n’est plus de leur goût.
Dans ce contexte, le shutdwon s’est invité cette année à la messe annuelle de la Banque mondiale et du FMI où est convié le gratin du monde global, des responsables politiques aux dirigeants de grandes banques et de grandes entreprises internationales jusqu’aux responsables de l’internationale citoyenne qui militent contre ce qu’ils appellent le diktat des deux sœurs de Washington. Depuis quelques années, ce grand rendez-vous qui a lieu deux fois l’an, une en octobre et l’autre au printemps, est devenue la rencontre incontournable des grands financiers et des responsables économiques. Même si la rencontre en soi est limitée à trois jours, du jeudi à la fin de la semaine, les invités commencent à arriver dans la capitale américaine depuis le début de la semaine pour assister à tous les évènements et colloques organisés en marge des Assemblées. En effet, parallèlement aux activités organisées par la Banque et le Fonds, d’autres institutions, banques, pays voire même des ONGs profitent de cette convergence de personnalités de premier plan du monde de la finance pour organiser des rencontres dans la capitale américaine. Un programme riche et complet qui comporte des réunions sur la situation économique globale, ou sur des thématiques régionales notamment sur les pays arabes en transition, de grands dîners ou cocktails organisés par les grandes banques ou les multinationales et qui font de Washington une grande ruche en pleine effervescence tout le long de la semaine. Une ruche qui essaime au-delà de Washington dans la mesure où les deux institutions de Bretton Woods ont décidé de décentraliser cette grande messe qui se déroule désormais tous les trois ans dans une grande capitale en dehors de Washington. Après Istanbul, c’est Tokyo qui a accueilli la grande rencontre des financiers du monde.
Une question pourrait tout de même traverser les esprits. Cela concerne la différence entre le Forum de Davos qui a émergé comme la grande rencontre des dirigeants du monde global et les Assemblées de la Banque et du Fonds : pourquoi le Forum de Davos, considéré comme le nec le plus ultra en matière de finance globale, n’a-t-il pas réussi à déclasser les rencontres de la Banque et du Fonds qui ont continué à prospérer et à se développer ? Il est difficile, certes, d’expliquer en peu de lignes les différences entre les deux évènements et leurs dynamiques. Le caractère universel des rencontres de la Banque et du Fonds fait que tous les pays membres, ainsi que les banques, les ONG et autres institutions peuvent y accéder sans grandes difficultés, alors que pour les autres évènements les invitations ou les grands droits d’inscription leur donnent un caractère privé et en rendent l’accès exclusif.
Pour revenir aux rencontres de cette année, le shutdwon était le grand invité de ces rencontres et deux réactions en ont découlé. La première c’est plutôt l’incompréhension de la part de visiteurs étrangers qui ne comprennent pas cet effort d’obstruction de la part des républicains sur cet effort d’amélioration, considéré par beaucoup comme modeste, d’un système de santé considéré comme trop favorable aux riches. Le Patient Protection and Affordable Care Act, ou ce que beaucoup appellent aujourd’hui l’Obamacare, n’a d’autre objectif que d’accorder une couverture médicale minimale à 32 millions de citoyens qui n’y ont pas accès aujourd’hui. Du coup, les observateurs étrangers se demandent aujourd’hui comment on pourrait laisser des citoyens pour compte au moment où l’inclusion de la marge est au cœur des grands débats sur la croissance et le développement économique dans le monde.
La seconde réaction dans les couloirs de la Banque Mondiale et du Fonds, et parmi les participants à la grande messe globale, est celle de l’inquiétude. En effet, la grande interrogation qui se joue aujourd’hui concerne le relèvement du montant de la dette au 17 octobre. Ce montant est fixé à 16.700 milliards de dollars et il sera atteint lors de cette journée fatidique. Or, si un accord n’est pas scellé entre l’administration démocrate et les républicains pour remonter ce seuil, le trésor ne sera plus en mesure de rembourser ses dettes et la plus grande économie du monde sera en défaut de paiement. Si ce scénario se réalise, les Etats-Unis devront entreprendre des mesures drastiques pour assurer le service de leurs dettes et devront diminuer leurs dépenses. Cette baisse des dépenses est estimée à 20% ce qui équivaudrait à 4% du PIB. Cela va sans dire qu’une telle hypothèse serait à l’origine d’une récession sans précédent de l’économie américaine et aurait un impact terrible sur l’économie globale, la précipitant dans une déflation comparable à celle des années 1930, situation que toutes les politiques cherchent à éviter depuis l’éclatement de la grande crise en 2009.
Ce scénario était au centre des débats de la messe annuelle, à quelques encablures de la Maison Blanche et du Trésor. Le groupe du G20 n’a pas caché sa préoccupation lors de la rencontre de ses ministres de finances, et la Directrice générale du FMI, Christine Lagarde, n’a pas hésité à qualifier l’absence d’accord entre démocrates et républicains d’un scénario qui «entrainerait des perturbations massives pour l’économie mondiale».
A la fin de cette joute annuelle, peu de participants sont persuadés que le pire pourrait arriver et la plupart soulignent que cette partie de poker menteur entre démocrates et républicains devrait prendre fin avant la date fatidique par un accord qui entrainerait une réduction plus faible que prévu des dépenses. Ce pronostic a été confirmé dans la mesure où un accord a été atteint in extremis le jeudi 17 octobre qui a permis de relever le niveau de la dette jusqu’au 7 février et l’Etat fédéral est financé jusqu’au 15 janvier.
Il n’empêche que l’inquiétude persiste sur l’avenir de l’économie globale après ce shutdown car autant les politiques d’austérité et de consolidation budgétaire en Europe que la grande incertitude sur l’avenir des politiques fiscales et monétaires aux Etats-Unis ne sont pas de nature à favoriser une croissance forte et durable et d’insuffler une dose d’optimisme et d’espérance dans le monde.
Ce sont les questions que je me suis posées avant de prendre l’avion en fin de cette première semaine du mois d’octobre pour me rendre à Washington et assister aux assemblées annuelles de la Banque mondiale et FMI. Des questions qui étaient d’autant plus importantes qu’un ami américain, qui bénéficie depuis quelques années de la douceur de notre climat par rapport aux températures rugueuses d’outre-Atlantique, m’avait expliqué qu’on risquait de croiser le shutdown dès notre arrivée au premier aéroport américain. Car, faut-il le préciser, les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI sont devenues un évènement global tellement important que les vols en direction de la capitale américaine ainsi que les hôtels sont quasiment complets un an à l’avance. Du coup tous les chemins sont bons pour arriver dans la capitale américaine. Qui via JFK, qui par les aéroports de New York, Detroit ou parfois même plus loin de Chicago ou Seattle. Toutes les routes mènent au nec le plus ultra de la finance globale pendant ces trois jours de rencontre. Et, l’organisation ne faisant pas partie des qualités de votre humble serviteur, je me retrouve toujours à faire le tour de la planète avant de rallier la capitale américaine. Des stop-over comme on dit dans le langage des institutions internationales qui m’ont fait découvrir la qualité lamentable des aéroports nationaux américains, y compris celui de JFK, et qui n’ont rien à envier aux aéroports du Tiers-monde, exception faite des questions de sécurité où ils demeurent intraitables. Une situation qui a fait dire au président Obama au moment de son élection, lorsqu’il annonçait le grand stimulus fiscal en pleine crise financière que l’Amérique avait besoin de renouveler ses infrastructures.
Les commentaires de mon ami américain m’ont inquiété. Car l’arrivée dans les aéroports américains est un chemin de croix qui peut prendre un temps interminable vu les longues queues de voyageurs qui parviennent du monde entier et pour qui les States restent une destination fortement attrayantes. Des simples touristes aux responsables politiques, des intellectuels aux mamans enceintes qui préfèrent accoucher aux Etats-Unis afin que leurs progénitures disposent du fameux passeport de l’Oncle Sam, l’Amérique continue à exercer un attrait sans commune mesure dans le reste du monde.
Et première surprise ! A l’arrivée à l’aéroport JFK, ce n’est pas la foule des grands jours. Au contraire c’est plutôt des groupes fluides qui passent rapidement les contrôles de police pour rejoindre l’aéroport mitoyen pour les vols internes ou qui s’engouffrent dans les grandes limousines devant l’aéroport pour rejoindre Manhattan ou les autres quartiers de la ville.
Mais c’est arrivé à l’hôtel qu’on va rencontrer les premières manifestations du shutdwon avec les grandes annonces sur les fermetures de musée pour les touristes et d’autres panneaux leur suggérant d’autres occupations. Par ailleurs, les discussions avec les amis résidant aux Etats-Unis nous informent plus sur les conséquences du shutdwon avec des files d’attente interminables dans les différents services publics du fait de la mise au chômage d’une partie du personnel. Il faut souligner que ce sont 800.000 fonctionnaires, dits non essentiels, qui travaillent dans les administrations dont les budgets annuels sont mis au chômage. Les autres départements dits essentiels, dont ceux travaillant pour la sécurité nationale et dont les budgets sont pluriannuels, échappent à ces mesures.
Mais c’est surtout sur les chaînes de télé que le débat sur le shutdown est le plus présent avec des plateaux spéciaux tout au long de la journée pour discuter de l’impact de cette bataille sur les citoyens américains. Des plateaux à l’américaine regroupant journalistes, experts, économistes et hommes politiques pour discuter de cet imbroglio dont seuls les Etats-Unis ont le secret. Car faut-il le rappeler il ne s’agit pas du premier shutdown dans l’histoire américaine, car le plus récent remonte au milieu des années 1990. En 1995, le bouillant Newt Gingrich, représentant républicain de Géorgie, a mené une bataille avec l’appui de la droite du parti républicain contre le Président de l’époque, Bill Clinton, pour exiger le retour à un équilibre budgétaire en l’espace de sept ans. Cette bataille a coûté 1,4 milliard de dollars pour l’Amérique et la fermeture partielle des services de l’Etat fédéral pour cinq jours au mois de novembre 1995 et pour vingt et un jours au mois de janvier 1996. Mais les républicains ont dû céder devant l’intransigeance du Président Bill Clinton et l’exaspération des Américains qui s’est traduite par le plongeon des républicains dans les sondages. Quelques mois plus tard, le candidat républicain aux élections présidentielles, Bob Dole, se fait battre lamentablement contre le candidat sortant Bill Clinton.
L’histoire semble se répéter aujourd’hui avec cette nouvelle bataille budgétaire entre républicains et démocrates. Une bataille rugueuse entre d’un côté le Président Obama qui défend bec et ongles sa réforme de la santé et de l’autre côté des républicains menés par John Boehmer, le speaker républicain de la Chambre des représentants qui se trouve sous l’influence d’un groupe d’élus de la droite dure du Tea Party. Cette intransigeance est en train de se retourner contre les républicains perçus par des citoyens de plus en plus exaspérés comme les plus grands responsables de cet imbroglio qui n’est plus de leur goût.
Dans ce contexte, le shutdwon s’est invité cette année à la messe annuelle de la Banque mondiale et du FMI où est convié le gratin du monde global, des responsables politiques aux dirigeants de grandes banques et de grandes entreprises internationales jusqu’aux responsables de l’internationale citoyenne qui militent contre ce qu’ils appellent le diktat des deux sœurs de Washington. Depuis quelques années, ce grand rendez-vous qui a lieu deux fois l’an, une en octobre et l’autre au printemps, est devenue la rencontre incontournable des grands financiers et des responsables économiques. Même si la rencontre en soi est limitée à trois jours, du jeudi à la fin de la semaine, les invités commencent à arriver dans la capitale américaine depuis le début de la semaine pour assister à tous les évènements et colloques organisés en marge des Assemblées. En effet, parallèlement aux activités organisées par la Banque et le Fonds, d’autres institutions, banques, pays voire même des ONGs profitent de cette convergence de personnalités de premier plan du monde de la finance pour organiser des rencontres dans la capitale américaine. Un programme riche et complet qui comporte des réunions sur la situation économique globale, ou sur des thématiques régionales notamment sur les pays arabes en transition, de grands dîners ou cocktails organisés par les grandes banques ou les multinationales et qui font de Washington une grande ruche en pleine effervescence tout le long de la semaine. Une ruche qui essaime au-delà de Washington dans la mesure où les deux institutions de Bretton Woods ont décidé de décentraliser cette grande messe qui se déroule désormais tous les trois ans dans une grande capitale en dehors de Washington. Après Istanbul, c’est Tokyo qui a accueilli la grande rencontre des financiers du monde.
Une question pourrait tout de même traverser les esprits. Cela concerne la différence entre le Forum de Davos qui a émergé comme la grande rencontre des dirigeants du monde global et les Assemblées de la Banque et du Fonds : pourquoi le Forum de Davos, considéré comme le nec le plus ultra en matière de finance globale, n’a-t-il pas réussi à déclasser les rencontres de la Banque et du Fonds qui ont continué à prospérer et à se développer ? Il est difficile, certes, d’expliquer en peu de lignes les différences entre les deux évènements et leurs dynamiques. Le caractère universel des rencontres de la Banque et du Fonds fait que tous les pays membres, ainsi que les banques, les ONG et autres institutions peuvent y accéder sans grandes difficultés, alors que pour les autres évènements les invitations ou les grands droits d’inscription leur donnent un caractère privé et en rendent l’accès exclusif.
Pour revenir aux rencontres de cette année, le shutdwon était le grand invité de ces rencontres et deux réactions en ont découlé. La première c’est plutôt l’incompréhension de la part de visiteurs étrangers qui ne comprennent pas cet effort d’obstruction de la part des républicains sur cet effort d’amélioration, considéré par beaucoup comme modeste, d’un système de santé considéré comme trop favorable aux riches. Le Patient Protection and Affordable Care Act, ou ce que beaucoup appellent aujourd’hui l’Obamacare, n’a d’autre objectif que d’accorder une couverture médicale minimale à 32 millions de citoyens qui n’y ont pas accès aujourd’hui. Du coup, les observateurs étrangers se demandent aujourd’hui comment on pourrait laisser des citoyens pour compte au moment où l’inclusion de la marge est au cœur des grands débats sur la croissance et le développement économique dans le monde.
La seconde réaction dans les couloirs de la Banque Mondiale et du Fonds, et parmi les participants à la grande messe globale, est celle de l’inquiétude. En effet, la grande interrogation qui se joue aujourd’hui concerne le relèvement du montant de la dette au 17 octobre. Ce montant est fixé à 16.700 milliards de dollars et il sera atteint lors de cette journée fatidique. Or, si un accord n’est pas scellé entre l’administration démocrate et les républicains pour remonter ce seuil, le trésor ne sera plus en mesure de rembourser ses dettes et la plus grande économie du monde sera en défaut de paiement. Si ce scénario se réalise, les Etats-Unis devront entreprendre des mesures drastiques pour assurer le service de leurs dettes et devront diminuer leurs dépenses. Cette baisse des dépenses est estimée à 20% ce qui équivaudrait à 4% du PIB. Cela va sans dire qu’une telle hypothèse serait à l’origine d’une récession sans précédent de l’économie américaine et aurait un impact terrible sur l’économie globale, la précipitant dans une déflation comparable à celle des années 1930, situation que toutes les politiques cherchent à éviter depuis l’éclatement de la grande crise en 2009.
Ce scénario était au centre des débats de la messe annuelle, à quelques encablures de la Maison Blanche et du Trésor. Le groupe du G20 n’a pas caché sa préoccupation lors de la rencontre de ses ministres de finances, et la Directrice générale du FMI, Christine Lagarde, n’a pas hésité à qualifier l’absence d’accord entre démocrates et républicains d’un scénario qui «entrainerait des perturbations massives pour l’économie mondiale».
A la fin de cette joute annuelle, peu de participants sont persuadés que le pire pourrait arriver et la plupart soulignent que cette partie de poker menteur entre démocrates et républicains devrait prendre fin avant la date fatidique par un accord qui entrainerait une réduction plus faible que prévu des dépenses. Ce pronostic a été confirmé dans la mesure où un accord a été atteint in extremis le jeudi 17 octobre qui a permis de relever le niveau de la dette jusqu’au 7 février et l’Etat fédéral est financé jusqu’au 15 janvier.
Il n’empêche que l’inquiétude persiste sur l’avenir de l’économie globale après ce shutdown car autant les politiques d’austérité et de consolidation budgétaire en Europe que la grande incertitude sur l’avenir des politiques fiscales et monétaires aux Etats-Unis ne sont pas de nature à favoriser une croissance forte et durable et d’insuffler une dose d’optimisme et d’espérance dans le monde.