Restauré par la Cinémathèque marocaine
DNES Mohamed Nait Youssef
« Soleil de Printemps » ou « Chams Ar-rabiî » (1969), long-métrage signé par le grand cinéaste marocain Latif Lahlou, a été projeté, vendredi soir, lors de l’ouverture de la 23ème édition du Festival National du Film de Tanger.
Ce fut un évènement, un instant fort plein d’émotions, de nostalgie. Plus d’un demi-siècle déjà, mais le charme de ce petit-bijou, qui a été restauré récemment par la Cinémathèque Marocaine, n’a pas pris une seule ride.
Une découverte pour certains, une redécouverte pour d’autres, les lumières et les magnifiques images de la ville blanche nous plongent dans d’Abdel Hadi nivers de Lhadi, incarné par le talentueux Hamidou Benmessaoud (1935-2013), un petit fonctionnaire casablancais menant une vie monotone, répétitive et étouffante. Le personnage, d’origine paysanne, ayant du mal s’adapter au rythme de la métropole, a recouru à la solitude totale et absolue. Son échappatoire !
En effet, c’est à travers les yeux de ce jeune fonctionnaire que les générations d’aujourd’hui et celles de demain découvrent une si belle ville des années 60-70 magnifiquement filmée, en noir et blanc. Au-delà de cette souffrance quotidienne et inquiétude permanente hâtant l’esprit d’Abdel Hadi se dégage un certain écrin de beauté témoin de notre histoire. Ce film, il faut le dire, est un document historique immortalisant un bout de mémoire d’une ville qui s’est transformée pour ne pas dire « métamorphosée » au fil des années.
Dans « Soleil de Printemps », dont une belle brochette d’acteurs bien dirigée par le réalisateur, entre autres, Latifa Alaoui, Aziz Maouhou, Fatima Regragui, Amar Bennacer, a donné de la force aux images et à l’histoire filmée. On dirait une immersion dans les tréfonds cette belle époque aux multiples facettes.
Que de beaux plans, sachant que le cinéaste était à ses débuts, amenant le public dans l’atmosphère casablancaise des années 60 : son architecture, ses avenues, ses cafés et lieux emblématiques. Une œuvre cinématographique majeure à découvrir, redécouvrir et surtout à savourer.