Un mois avant la COP26, le Royaume-Uni durcit le ton

Contre les militants climatiques

Alors qu’il s’apprête à accueillir le mois prochain le sommet de la COP26 pour le climat à Glasgow, le gouvernement britannique durcit le ton à l’encontre de certains militants pour le climat aux actions spectaculaires.

En septembre, le groupe Extinction Rebellion (XR) a manifesté dans plusieurs villes, paralysant partiellement le trafic, et a averti vouloir faire de même en marge des deux semaines de sommet en Ecosse.

Ces dernières semaines ont aussi vu l’émergence d’un autre groupe, Insulate Britain, qui a provoqué des embouteillages sur les axes majeurs britanniques pour avertir sur l’urgence climatique et pousser le gouvernement à agir.

Après des dizaines d’arrestations, une centaine de militants aux profils divers -parents parfois venus avec leurs enfants, personnes âgées, membres du clergé- ont écopé au tribunal d’une injonction leur interdisant de bloquer les routes.
Une décision dont s’est félicité mercredi le Premier ministre Boris Johnson, heureux que de « nouvelles mesures » annoncées mardi permettent d' »isoler confortablement en prison, là où ils devraient être », ceux qu’il n’hésite pas à qualifier de « nuisance ».

Le dirigeant conservateur souhaite renvoyer l’image d’un Royaume-Uni leader dans la lutte contre le changement climatique – se positionnant en bon élève de la réduction des émissions de carbone-, mais se montre résolument hostile aux manifestants, que les journaux de droite n’hésitent pas à qualifier d' »éco-idiots » ou « éco-anarchistes ».
XR et Insulate Britain ont été accusées de mettre des vies en danger par leurs actions, qui consistent notamment à coller les manifestants sur le macadam ou s’asseoir devant la circulation aux heures de pointe.

Interrogé pour savoir s’il bloquerait le passage d’une ambulance, le fondateur de XR Roger Hallam a répondu par l’affirmative. Mais d’autres militants ne sont pas d’accord.
« Nous avons le coeur brisé par tout ca. Nous n’allons pas empêcher les ambulances de passer », a expliqué à l’AFP Tim Speers, d’Insulate Britain.

Cet homme de 36 ans, originaire des Cornouailles, ressemble peu à la caricature du militant écologiste – un « hippie » barbu en bonnet de laine- qu’agite souvent Boris Johnson.
Rasé de près, il explique avoir laissé tomber son ancienne vie de joueur de poker pour lutter contre le changement climatique par la désobéissance civile.

« Dès qu’ils feront une déclaration significative indiquant qu’ils vont se mettre au travail, qu’ils vont atteindre leurs propres objectifs, je quitterai la route », promet-il, « je ne peux pas rester les bras croisés pendant que le gouvernement laisse complètement tomber les citoyens qu’il est censé protéger ».

Le Royaume-Uni a connu dans le passé de nombreuses actions d’écologistes s’opposant à de grosses infrastructures, comme dans les années 1990 contre le projet d’une rocade routière près de Newbury (Ouest de l’Angleterre).

En début d’année, des militants -dont les enfants d’un propriétaire foncier et éditeur millionnaire- ont été jugés pour avoir creusé et occupé un tunnel en dessous de la gare londonienne de Euston, afin d’empêcher la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse HS2. Les charges viennent d’être abandonnées.

Janine Eagling, consultante en informatique à la retraite, estime que « nous sommes dans une position pire que jamais ». « Nous émettons du CO2 comme s’il n’y avait pas de lendemain, et si nous continuons comme ça, il n’y aura littéralement pas de lendemain », affirme la sexagénaire.

« Ca peut sembler extrême de perturber les gens dans leur vie quotidienne, (mais) Insulate Britain a une demande simple », explique la militante.

En annonçant mardi un durcissement des peines pour ceux qui perturberaient la circulation, la ministre de l’Intérieur Priti Patel a affirmé qu’elle ne tolérerait pas que « des éco-guerriers piétinent notre mode de vie et épuisent les ressources de la police ».

Une position « lâche », a réagi Insulate Britain, qui accuse le gouvernement de « tirer sur le messager » et de « laisser tomber le pays confronté au plus grand risque de tous les temps ».

La situation pourrait être tendue à Glasgow, où un rassemblement de 50.000 à 100.000 personnes est prévu en marge des deux semaines de sommet.
La police écossaise, qui déploiera 10.000 agents chaque jour, a affirmé qu’elle faciliterait les manifestations pacifiques et même « illégales, jusqu’à un certain point ». Mais elle a prévenu que des mesures devraient être prises « lorsque la protestation commence à empiéter sur la capacité de la conférence à fonctionner ».

Étiquettes ,

Related posts

Top