Un parcours singulier d’une militante de la première heure

SIEL 2024 : hommage à Aïcha Belarbi

Mohamed Nait Youssef

Grande dame de la lutte, le SIEL 2024 a rendu, lundi 13 mai, un vibrant hommage à la sociologue, diplomate, écrivaine et militante pour les droits des femmes marocaines, Aïcha Belarbi. Artiste, plume engagée et prolifique, l’auteure de «Le salaire de madame », (Le Fennec, 1991)  «La situation de la petite fille au Maroc » (Le Fennec, 1992), «Le soleil se lève la nuit. » (Marsam, 2021), a marqué des générations de femmes et d’hommes par son implication et engagement sans faille pour la défense des droits des femmes marocaines. En effet, à l’occasion de la 29ème édition du salon international de l’Edition et du Livre (SIEL), un hommage a été rendu à cette figure emblématique pour rappeler ses parcours et luttes multiples.

Un parcours singulier…

Dans cette optique, l’académicienne et sociologue marocaine, Rahma Bourqia  a mis l’accent dans son témoignage sur les grandes lignes de l’œuvre de Aïcha Belarbi. «Son parcours mérite le respect et la reconnaissance, il a marqué la scène culturelle, il était singulier comme femme actrice dans la vie publique, universitaire, mais aussi  culturelle.», a-t-elle souligné. Par ailleurs, l’intervenante a évoqué son parcours et ses nombreuses contributions à partir quatre axes fondamentaux : premièrement  ses contributions dans le mouvement féministe  en tant que chercheuse engagée pour les questions des femmes.

«Elle était une période fondatrice, et ces femmes furent pionnières dans le domaine de la lutte  pour les droits des femmes. », a-t-elle rappelé. Le mouvement féministe, poursuit-elle, a multiplié ses efforts et son action pour la défense des droits de la femme et le plaidoyer afin de reformer la Moudawana 1956.

Aux côtés de ce travail associatif, a-t-elle précisé, des femmes chercheuses, mais aussi des hommes chercheurs avaient contribué par le biais de l’écriture, du savoir sur la situation des femmes à une époque où il n’existait pas un cumul des connaissances sur la réalité des femmes. « Aïcha était l’une des femmes qui ont contribué à la libération des femmes, en particulier la libération du code de la famille.

L’écriture, un acte de militantisme

Fatima Mernissi et Aïcha Belarbi ont joué un rôle central dans l’écriture afin de mettre les lumières sur la situation des femmes. Pour Rahma Bourqia,   Aïcha Belarbi a joué un rôle majeur pour promouvoir l’écriture féminine. Ce travail, dit-elle, a contribué d’une manière et d’une autre, dans la réforme de la Moudawana de 2004.

Au-delà de l’écriture, Aïcha Belarbi s’est intéressée également aux sciences de l’éducation. «Avec un esprit critique, Aïcha a mis le point sur  l’enseignement des femmes dans pays.», a-t-elle fait savoir.   

Toutefois,  l’intervenante a mis l’accent sur les écrits poétiques et romanesques de  Belarbi  qui s’intéressent également aux questions des femmes et aux  rapports des hommes à la société, les relations entre les hommes et les femmes, mais aussi les mentalités et jugements contrôlant les relations sociales et entre hommes et femmes.

«Aïcha Belarbi est une femme politique et militante, mais au sens le plus noble du terme. Elle lutte par le biais de l’écriture.», a-t-elle indiqué.  

Aïcha Belarbi, une passeuse de savoir et de connaissance  

Dans son hommage, Nouzha Guessous, chercheure en droits humains et en bioéthique, a abordé  Aïcha Belarbi à travers son recueil de nouvelles «Le soleil se lève la nuit. Belarbi » (Marsam, 2021) qui reflète, selon ses dires, non seulement le parcours de l’auteure, mais aussi l’instruction des filles  et son impact sur le devenir d’une femme.

«Aïcha Belarbi est une passeuse. Sa trace est indélébile dans le monde de l’écriture, de l’enseignement  et des médias.», a-t-elle souligné. Et d’ajouter : «L’écriture féminine est là pour retracer l’histoire, pour donner une vision féminine de notre histoire, de notre société et de notre patrimoine. Il est tout à fait normal qu’à travers tout ce trajet, elle a une action : son engagement politique.»

Le poète, nouvelliste et académicien Moubarak Rabie a rappelé quant à lui  que « Aïcha Belarbi est une professeure chercheure, diplomate brillante, militante durant toute sa vie, artiste peintre,  poétesse, nouvelliste et défenseuse de la femme, mais aussi de son pays et de son image.»

Dans son témoignage qui ne manquait pas du souffle poétique, Moubarak Rabie a mis l’accent sur le volet créatif et scientifique de Aïcha Belarbi, tout en s’intéressant à sa vie vis-à-vis de la vie par le truchement de la poésie.  

Aïcha Belarbi a affirmé  que ce processus de déconstruction, reconstruction, transmission, implication  et action étaient un parcours qui a initié sa vie.

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