Nouvelle-Calédonie
Sans surprise, le non à l’indépendance l’emporte de manière écrasante dimanche lors du troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, marqué par une abstention record après l’appel des indépendantistes à bouder le scrutin, selon les résultats partiels.
A 90,23% du dépouillement des bulletins de vote, le non à l’indépendance de cet archipel français stratégique du Pacifique-Sud l’emporte à 96,32%, selon la chaîne de télévision NC la 1ère.
Le président Emmanuel Macron doit s’exprimer à 13H00 depuis Paris pour une allocution d’une dizaine de minutes, a confirmé l’Elysée à l’AFP.
Quel que soit le résultat du référendum, « le jour d’après il y aura une vie ensemble » avec la France, notamment « compte tenu de la réalité géopolitique de la région », avait assuré le chef de l’Etat jeudi.
Deux précédents scrutins les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, organisés dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa, ont été remportés par les pro-France avec 56,7% puis 53,3% des suffrages.
Cette fois, les indépendantistes ont décidé de ne pas participer au vote dont ils souhaitaient le report à septembre 2022, invoquant l’impossibilité d’organiser « une campagne équitable » alors que l’archipel est touché depuis septembre par l’épidémie de Covid-19, et que la population kanak est plongée dans le deuil.
Le mot d’ordre de non-participation du FLNKS et de tous les nationalistes semble avoir été suivi à la lettre. La participation à 17H00 s’établissait à 41,60%, en chute libre par rapport aux précédents référendums.
Dans ce contexte, la victoire des loyalistes était attendue et tous les états-majors sont déjà en train de réfléchir à leurs propositions pour la suite.
« Ce soir la Nouvelle-Calédonie reprend enfin son souffle. L’accord de Nouméa est terminé (…) Nous avons décidé en notre âme et conscience de rester français. (…) Ce n’est plus négociable. Et c’est ça le sens de l’histoire! », a lancé dimanche soir la présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, figure du camp loyaliste, Sonia Backès.
En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’Etat qu’après le 12 décembre s’ouvrirait « une période de stabilité et de convergence » avant un « référendum de projet » d’ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d’un nouvel Etat et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.
Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne reconnaîtraient pas le résultat du scrutin et qu’ils le contesteraient devant les instances internationales. Ils ont également prévenu qu’ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l’élection présidentielle française en avril 2022.
« Les contacts informels n’ont jamais été rompus. Je prends acte qu’ils ont besoin de prendre du temps (…) néanmoins, certains sujets d’actualité sont urgents et nécessitent de nouer rapidement le dialogue avec les institutions et formations politiques locales », a déclaré le ministre à l’AFP.
« Sur la question institutionnelle, nous avons jusqu’à juin 2023 pour définir un nouvel avenir. Nous avons plus de temps pour y travailler. L’Etat n’entend pas confondre vitesse et précipitation dans cette phase importante », a-t-il ajouté.
Alors que l’Etat avait déployé un impressionnant dispositif de sécurité – 2.000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés et des moyens aériens – par crainte de voir s’enflammer cet archipel qui a déjà connu des épisodes de troubles, le scrutin s’est déroulé sans incidents.
« Il n’y a eu aucun débordement, aucun incident, aucune entrave à la circulation et à l’accès aux bureaux de vote », a indiqué le Haut-Commissariat, ajoutant que le « dispositif de sécurité demeure renforcé jusqu’à la proclamation des résultats » définitifs lundi.
Des habitants de quartiers populaires de Nouméa ont critiqué cette débauche de moyens sécuritaires, qu’ils considéraient comme une « provocation ».
La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l’ONU, qui a d’ailleurs dépêché des experts pour veiller à la bonne tenue du scrutin.