Washington dans le bourbier vénézuélien…

Dans un éditorial consacré à la situation au Venezuela, le «Monde» estime que les calculs faits par les Etats-Unis et plus précisément par John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du Président Donald Trump, se sont révélés faux après avoir «lamentablement sous-estimé la résistance du président Nicolas Maduro» si bien qu’à l’heure actuelle, la Maison Blanche ne sait plus sur quel pied danser.

Doit-elle intervenir militairement pour «déloger» celui qui, à ses yeux, est bien «l’ennemi du peuple» et prendre, ainsi, le risque de «réveiller en sursaut» l’ours russe qui, tapi dans son coin, ne dort que d’un œil guettant le moment propice pour contre-attaquer ou serait-il plus judicieux d’attendre que la situation «pourrisse» davantage?

D’ailleurs, au soir du 30 Avril et alors qu’ils croyaient leur protégé capable de lancer l’assaut final contre Maduro après les entretiens qu’il avait eu la veille «avec quelques figures-clés du régime», les Etats-Unis se sont trouvés confrontés à la dure réalité des choses et à leurs erreurs de jugement ; à savoir que les rapports de force entre Nicolas Maduro et son opposition sont encore du côté du chef de l’Etat à qui l’armée est restée loyale et non pas, comme ils avaient bien pu le croire un moment, entre les mains du jeune chef de l’Assemblée Nationale qui s’était auto-proclamé président.

D’ailleurs au lendemain du fiasco rencontré par cette «offensive finale » de Juan Guaido qui, aux yeux de près d’une cinquantaine de pays, devait indubitablement se solder par une victoire de l’opposition vénézuélienne, c’est Nicolas Maduro qui, en étant sorti grandi, paradait dans les rues de Caracas  bien protégé par son armée. Cette image ayant déclenché l’ire de John Bolton, ce dernier a immédiatement révélé, dans un tweet, les noms de tous les officiers qui, la veille, avaient promis à Juan Guaido de le soutenir. Mais cette «dénonciation» n’a point été du goût d’un Donald Trump qui, après avoir été mal informé du «poids réel» de l’équipe Maduro» hésite à intervenir «militairement».

Ainsi, à en croire Abdel Bari Atwan, journaliste palestinien qui dirige le quotidien «Al Qods Al Arabi» à Londres, le président américain ne va pas jeter son pays dans «une guerre d’usure comparable à celle du Vietnam» d’abord parce que, pendant sa campagne électorale, il avait promis d’éviter au pays tout aventurisme militaire puis parce que le Président Maduro a le soutien de la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie et l’Iran.

En outre, après s’être profondément impliqués dans le dossier vénézuélien, il est difficile, aujourd’hui, pour les Etats-Unis, de faire marche arrière et de croiser les bras alors que, sur le terrain, la situation se dégrade, au fil des jours, et jette sur les routes de l’exil une population qui manque de tout.

Ainsi, à l’heure qu’il est, la seule petite lueur d’espoir qui brille dans ce bourbier vénézuélien et qui pourrait aider Washington à en sortir sans trop de dommages reste l’éventualité d’une reprise du dialogue entre l’opposition et le pouvoir avec en ligne de mire de nouvelles élections présidentielles grâce à une médiation norvégienne. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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