Prévisions de reprise dans un contexte de fortes incertitudes

BAM maintient inchangé le taux directeur à 1,5%

Par Fairouz EL Mouden

Le dernier Conseil de Bank AL Maghrib a fait part d’un regain d’optimisme suscité principalement par les bonnes conditions climatiques et le bon déroulement de la campagne de vaccination anti-covid-19. Néanmoins, l’évolution conjoncturelle reste entacher de fortes incertitudes liées à la situation sanitaire et à l’apparition de nouveaux variants de virus. La Banque Centrale se veut prudente et décide de garder inchangé le taux directeur à 1, 5% et table sur une prévision de croissance de l’économie marocaine de 5,3% au titre de l’année 2021, avant de s’établir à 3,2% en 2022. Aussi, le déficit hors privatisation devant s’atténuer, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 7,2% du PIB en 2021 puis à 6,7% du PIB en 2022.  Le taux d’endettement du Trésor continuerait quant à lui, d’augmenter, passant de 77,4% du PIB en 2020, à 79% en 2021 puis à 81,3% en 2022.

Le Conseil de BAM qui s’est tenu mardi dernier s’est arrêté sur les bilans d’étape des différentes mesures mises en place depuis le début de la pandémie pour favoriser le financement de l’économie et atténuer l’impact de la crise sur les ménages et sur les entreprises. Son évaluation a attesté que l’orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates. Le Conseil a jugé que l’inflation est restée faible en 2020 et elle devrait s’inscrire en hausse tout en demeurant à un niveau modéré, passant de 0,7% en 2020 à 0,9% en 2021 puis à 1,2% en 2022.

Par ailleurs, au niveau international et après une contraction qui aurait atteint 3,7% en 2020, l’économie mondiale devrait rebondir de 6,2% en 2021 puis croitre de 3,6% en 2022. Concernant, le prix du Brent en particulier il devrait s’accroitre de 42,3 2 dollars le baril en moyenne en 2020 à près de 60 dollars en 2021 et osciller autour de ce niveau en 2022. «Quant aux engrais phosphatés, les projections de la Banque Mondiale datant d’octobre 2020 tablent sur une augmentation du cours du DAP de 312,4 dollars la tonne en 2020 à 318 dollars la tonne en 2021 et à 326 dollars la tonne en 2022. Pour les produits alimentaires, un accroissement de leurs prix de 9,1% en moyenne est prévu en 2021, suivi d’un recul de 2,7% en 2022 ».

Sur le plan national, les données préliminaires laissent présager une reprise de l’activité après la forte baisse enregistrée un trimestre auparavant. Du coup, la contraction de l’économie nationale sur l’ensemble de l’année ressortirait autour de 7%, reflétant des replis de 8,1% de la valeur ajoutée agricole et de 6,7% de celle des activités non agricoles. Sur le marché du travail, le taux d’activité a reculé de 45,8% à 44,8% et le taux de chômage s’est aggravé à 11,9% globalement et à 15,8% en milieu urbain.

Selon les prévisions de BAM, la valeur ajoutée des activités non agricoles progresserait en 2021 de 3,5% et, tenant compte d’une production céréalière estimée autour de 95 millions de quintaux, celle du secteur agricole rebondirait de 17,6%, portant ainsi la croissance de l’économie nationale à 5,3%. En 2022, celle-ci se consoliderait à 3,2%, recouvrant une accélération pour sa composante non agricole à 3,8% et une baisse de 2% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux.

Au niveau des comptes extérieurs, l’année 2020 a été marquée par un repli important des échanges commerciaux, avec une diminution des importations plus prononcée que celle des exportations. Le déficit du compte courant se serait atténué à 1,8% du PIB. Sur l’horizon de prévision, il devrait se creuser à 4,5% du PIB en 2021 avant de revenir à 3% en 2022.

Aussi, tenant compte des flux prévus du financement extérieur du Trésor, les avoirs officiels de réserve se situeraient à fin 2021 à 310,3 milliards de dirhams, ou l’équivalent de 6 mois et 25 jours d’importations de biens et services, et se renforceraient à fin 2022 à 318,6 milliards ou 7 mois d’importations de biens et services.

Pour ce qui est du crédit au secteur non financier, et en dépit de la forte contraction de l’activité économique et de l’augmentation des créances en souffrance, il est ressorti en hausse de 3,9%, favorisé par les mesures de soutien et de relance mises en place. Son rythme devrait avoisiner 3,6% sur l’horizon de prévision. Quant au taux de change effectif réel, il s’est apprécié de 0,8% en 2020, mais devrait se déprécier du même taux en 2021 et de 0,6% en 2022, conséquence d’un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux.

S’agissant des finances publiques, l’exécution budgétaire de la loi de finances rectificative fait ressortir un déficit, hors privatisation, de 82,4 milliards de dirhams ou 7,6% du PIB.

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