Entretien avec le DG du CRI de la Région Dakhla-Oued Eddahab, Mounir Houari
Propos recueillis par : NES à Dakhla, Karim Ben Amar
La région de Dakhla-Oued Eddahab connait un véritable essor en termes de développement et d’opportunités d’investissement et cela dans de très nombreux domaines. Pour en savoir plus sur cet «Eldorado» pour les investisseurs, l’équipe d’Al Bayane, en déplacement à Dakhla a rencontré le DG du CRI de la région de Dakhla-Oued Eddahab. Avenant, aimable et à l’écoute, Mounir Houari nous détaille tous les avantages en termes d’investissements que comporte la région. Entretien.
Al Bayane : En quoi investir à Dakhla est-il avantageux pour un investisseur local ou étrangers ?
Mounir Houari : Je dirais qu’il est très intéressant d’investir à Dakhla.La région connait un essor économique palpable depuis plusieurs années et d’autant plus avec le lancement par Sa Majesté du nouveau modèle de développement des provinces du Sud en 2015. Plusieurs projets ont été mis en place pour renforcer l’infrastructure et renforcer l’attractivité de la région dans plusieurs secteurs. Notons que nous sommes dans une région qui représente presque 19% du territoire national, donc il y a une disponibilité du foncier. Le foncier domanial est mobilisé pour l’investissement productif. La diversité des secteurs porteurs au niveau de la région permet de présenter plusieurs opportunités, que ça soit dans le secteur de la pêche, dans le secteur de l’agriculture, du tourisme, de la logistique et des services. La région de Dakhla Oued Eddahabse développe avec un taux de croissance très soutenu. Il faut savoir qu’on a un des plus hauts PIB par habitant, 75 000 dirhams, par rapport à une moyenne nationale de 3 0000 dirhams. Nous avons une population qui croît. Le taux de croissance dépasse la moyenne nationale, 3,2%. Il y a donc beaucoup d’opportunités d’investissement qui se présentent. Soulignons qu’il y a beaucoup de chose à faire. On a besoin de services, on a besoin de plusieurs entreprises, de conseils. Les opportunités sont là, il y a un accès facile aux fonciers domanial pour réaliser des projets d’investissement par rapport à d’autres régions qui ont plus ou moins atteint leur saturation en termes de foncier mobilisable à l’investissement, qui constituait auparavant un des facteurs de blocage pour les investisseurs, sachant que le foncier privéest cher. Le foncier domanialest proposé à des prix compétitifs pour promouvoir la création d’investissement productif et d’emploi.
La région de Dakhla-Oued Eddahabest-elle dotée d’infrastructures permettant de faciliter l’investissement des porteurs de projets nationaux ou étrangers ?
L’infrastructure dans la région de Dakhla-Oued Eddahab connaît un développement soutenu grâce aux grands projets structurants. Il y a le nouveau port Dakhla Atlantique (prévu en 2029) avec sa zone industrielle et logistique de presque 1650 hectares, qui va constituer une vraie plateforme pour accueillir différents types d’investisseurs et d’investissements dans l’industrie, la logistique, l’industrie de transformation. Il y a aussi les deux projets de zones logistiques au niveau de BirGandouz et Guerguerat, sans oublier bien sur le projet de dessalement d’eau de mer (prévu en 2025) qui va permettre de soutenir le développement de l’agriculture au niveau de la région. Ce sont donc des infrastructures qui vont augmenter l’attractivité de la région et aussi le développement dans les énergies renouvelables qui maintenant est devenu un élément décisif pour le choix des territoires. Il faut savoir que beaucoup d’entreprises souhaitent échapper à la taxe carbone, surtout les entreprises qui exportent vers l’Union européenne.Être dans une région qui dispose de ressources renouvelables pour pouvoir alimenter leur industrie et rester très compétitifs revêt une grande importance pour ces pour ces industriels. Donc, il y a toujours un travail continu pour développer l’infrastructure au sein de la ville, c’est-à-dire l’Infrastructures d’assainissement, raccordement à l’eau potable, raccordement à l’électricité,et tout cela a pour objectif de mettre en place une offre diversifiée et permettre d’attirer plus d’investissements et des investisseurs dans un futur proche.
Le secteur du tourisme est-il un levier fructueux pour le développement de la région ?
Il faut savoir que le secteur du tourisme, actuellement, représente moins de 1% du PIB de la région. Ceci-dit, il est important de noter que le secteur se développe très bien au niveau de la région, avec des défis qu’il faudra gérer à moyen et long terme. Il s’agit-là de défis écologiques. Il faut impérativement s’assurer que ce développement puisse se faire dans le respect de l’environnement et ne pas agresser l’écosystème. Ce qui nous permet de vendre la destination Dakhla à l’échelle nationale et internationale, c’est cette baie qui permet d’attirer les kite surfeurs, et c’est ce beau paysage. Donc, le développement du secteur du tourisme se fait, mais avec beaucoup de prudence. Et tout cela se prépare en amont. Il faut qu’il y ait des infrastructures d’assainissement pour éviter que les hôtels puissent utiliser leur propre station d’épuration avec les contraintes qui peuvent avoir lieu quand il y a un problème de mauvaise maintenance ou de mauvaise gestion et avoir des eaux non traitées, déversées directement dans la baie. Il faut savoir que dans cette baie, il y a un secteur très important pour le développement de la région, c’est le secteur de l’aquaculture. Il faut donc faire en sorte à ce que l’on puisse conjuguer développement du tourisme, mais être aussi dans la durabilité et dans le respect de l’environnement. Actuellement, notre capacité litière, est de presque 3 000 lits avec un potentiel de croissance. Il faut aussi savoir que toutes les parties prenantes œuvrent pour qu’on puisse diversifier notre offre touristique, pour qu’elle ne soit plus concentrée que sur la niche du kitesurf. Il faut développer le bien-être, développer le tourisme d’affaire, le tourisme culturel, le tourisme du désert, pour créer cette diversité autour de ce secteur et pouvoir développer en toute sécurité et être dans la durabilité.
Beaucoup d’investissements ont été réalisés dans le secteur de l’agriculture. Dakhla pourra-t-elle dans un avenir proche, devenir un hub agricole ?
Effectivement, Dakhla regorge d’énormes potentialités en termes d’agriculture. Certes, actuellement, il n’y a que 1 000 hectares qui sont exploités et c’était une décision de limiter la surface à 1 000 hectares. Pourquoi ? Pour des raisons de durabilité, puisque ‘on utilisait une nappe souterraine non renouvelable. D’où le projet de dessalement d’eau de mer, qui va être une des stations totalement alimentées par une énergie propre. C’est un parc éolien de 60 mégawatts qui va alimenter cette station de dessalement. L’objectif, est de permettre l’irrigation de 5 000 hectares, mais aussi d’alimenter le port de Dakhla et la ville de Dakhla en eau potable en utilisant une nouvelle approche plus respectueuse de l’environnement. Il faut savoir aussi qu’on a un avantage comparatif de taille, c’est la précocité. Donc, tout ce qui est produit à Dakhla arrive au marché trois à quatre semaines avant les autres régions et les autres pays, avec une qualité très bonne et très prisée, que ce soit dans la tomate cerise, melon ou récemment, les fruits rouges et surtout la myrtille. C’est un secteur qui va se développer avec tout un écosystème qui va se créer autour, des stations de conditionnement, des stations d’emballage, des équipementiers. C’est un secteur très important pour créer de l’emploi, mais aussi pour continuer dans cette approche de diversification du tissu économique de la région.
Quelles sont les perspectives d’avenir en termes d’investissement dans la région de Dakhla-Oued Eddahab ?
Les perspectives d’avenir, comme je l’ai cité, se réaliseront à travers les grands projets structurants. On croit très fort que le nouveau port Dakhla Atlantique va permettre à cette région de jouer un rôle majeur en tant que porte d’entrée vers l’Afrique et un hub d’échanges entre les différents continents. On croit aussi que les projets dans les énergies renouvelables, que ça soit des projets pour produire de l’électricité ou récemment les projets de la production d’hydrogène vert et d’ammoniac vert, vont permettre de créer tout un écosystème qui va permettre d’attirer des industriels et des investissements à haute valeur ajoutée. Le fait que l’État a investi dans plusieurs infrastructures, que ce soit des infrastructures portières, routières, logistiques, va conférer à cette région un rôle de pivot et de hub économique qui constituera uni trait d’union entre l’Europe et l’Afrique. Certes, il faut se préparer pour ces grands projets structurants à travers la qualification de ressources humaines, à travers la mise en place d’infrastructures de santé, d’éducation, d’animation pour qu’on puisse attirer des talents qui voudront faire le choix de se déplacer, de venir s’installer dans la région de Dakhla. Aussi, cette région va permettre aussi à mettre en fasse des écosystèmes pour valoriser les ressources et les matières premières africaines.Beaucoup d’entreprises pensent désormais à acheminer de la matière première de certains pays, comme par exemple la bauxite de la Guinée, pour faire des transformations d’unités de transformation d’aluminium et ainsi pouvoir exporter. Cela va permettre de renforcer les échanges commerciaux avec nos pays frères africains, et créer de la valeur pour les différentes nations.