Qui dit mieux…
Par Rachid Lebchir
L’équipe nationale A se trouve actuellement en stage de préparation en prévision des dernières rencontres des éliminatoires de la CAN 2021, respectivement contre la Mauritanie en déplacement à Nouakchott le 26 mars et le Burundi à Rabat le 30 du même mois courant. Le Maroc part avec les faveurs des pronostics d’aller en CAN puisqu’il occupe seul la première place de son groupe avec 10 points, devançant de 5 longueurs la Mauritanie et 4 unités le Burundi alors que la République centrafricaine est lanterne rouge avec seulement 4 points au compteur.
Cette dernière avait été doublement battue (4-1 et 0-2) par le Maroc qui s’était également imposé dans le fief du Burundi (0-3) alors que lors de sa première sortie, l’équipe nationale avait été acculée au match nul à domicile par la Mauritanie (0-0).
Ce sont là de simples adversaires du Maroc qui n’a besoin que d’un seul point dans les deux matches restants de ces qualificatifs menant vers la prochaine CAN.
Pourtant, la sélection marocaine continue toujours d’être constituée d’une grande majorité des joueurs professionnels d’Europe. Le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, a jugé utile, encore une fois, de convoquer 24 joueurs dont seulement 4 évoluant au championnat national. Ils représentent les clubs casablancais, le Wydad avec l’attaquant Ayoub El Kaâbi et le défenseur Yahia Jabrane, le Raja avec l’autre attaquant Soufiane Rahimi et le gardien de but, Anas Zniti. Les autres clubs de la Botola, et comme d’habitude, n’ont toujours pas de chance de voir certains de leurs joueurs faire partie de l’effectif des Lions de l’Atlas même s’ils le méritent bien en le prouvant maintes fois. La meilleure preuve reste la double consécration consécutive continentale des Botolistes marocains dont la plus récente réalisée au championnat d’Afrique des joueurs locaux (CHAN 2021), remporté au Cameroun, par les poulains de l’entraîneur national, Houcine Ammouta, conservant ainsi le titre du CHAN 2018, remporté à Casablanca par l’autre cadre national, Jamal Sellami.
Cela s’ajoute aux parcours honorables des équipes marocaines dans différentes compétitions africaines interclubs dont la RS Berkane détentrice de la Coupe de la CAF. Ce qui confirme la suprématie des joueurs du championnat national à l’échelon continental.
L’équipe du Maroc n’a donc pas besoin de ses professionnels d’Europe pour croiser ses homologues de Mauritanie et du Burundi qui ne comptent dans leurs rangs que des footballeurs du terroir.
Nos joueurs locaux ont tout simplement les atouts pour faire le coup. Mais Vahid reste fidèle à ses prédécesseurs et continue sur le chemin de la discrimination contre les joueurs de la Botola qui, selon lui, manquent en rapidité, en puissance… et en rigueur tactique. Ce qui est d’ailleurs faux et injuste. Et non seulement ça. Car Vahid a fermé les yeux sur deux joueur squi venait récemment de quitter la Botola vers l’Egypte ou encore la Liga. Il s’agit de Badr Banoune, qui a rejoint cette saison, Al Ahly du Caire avec lequel il est en train de réaliser de très bonnes performances dont la participation honorable au dernier Mondial des clubs où la formation cairote avait atteint les demi-finales et de Jawad EL Yamiq qui signe une belle saison avec son nouveau club, Real Valladolid.
Halilhodzic qui lui a préféré le défenseur peu connu de Getafe, Soufiane Chakla, a confirmé ainsi ses jugements sur les joueurs marocains locaux qui, selon lui, n’ont pas le niveau requis pour se frotter à de grandes équipes tout en les qualifiant « en dessous » techniquement et physiquement. Des remarques qui n’ont pas manqué de faire réagir Badr Banoune, l’ancien capitaine des Verts qu’il venait de quitter sur la très bonne note de vainqueur de la Botola et deux titres à l’échelon continental, Coupe de la CAF et Supercoupe d’Afrique.
Badr Benoun qui n’est pas à sa première réaction aux propos de Vahid Halilhodzic sur les joueurs locaux et qui a été déjà victime de la discrimination en étant éloigné de l’équipe nationale par l’ancien sélectionneur, Hervé Renard, à la veille du Mondial 2018 de Russie, n’a pourtant pas mâché ses mots en exprimant sa nouvelle tristesse de ne pas être convoqué pour ces matchs contre la Mauritanie et le Burundi. Badr Banoune a notamment déploré ce qu’il considère comme injustice à son égard. « Très peu de justice et beaucoup d’injustice. Mais l’espoir reste grand, et Dieu est plus grand », a fait savoir Badr Banoune que Vahid a peut être oublié qu’il reste un pur produit du Raja Casablanca, le club le plus expérimenté et le plus titré à l’échelon africain avec pas mois de 8 dont 3 Ligue des Champions. Sachant bien que le Raja a souvent formé et donné des joueurs internationaux ayant le mérite d’évoluer chez les Lions de l’Atlas et jusqu’à aujourd’hui avec Rahimi et Zniti pour ne citer que ces deux-là.
Et puis, c’est ce Raja qui a fait sortir Vahid Halilhodzic de l’anonymat voici maintenant 24 ans environ. Cela remonte en 1997 quand le technicien Vahid, qui arrivait à peine de se recycler en entraineur, était venu découvrir le coaching, pour la première fois, loin de ses bases, en atterrissant à Casablanca chez les Verts du Raja avec lesquels il avait réussi la Ligue des Champions d’Afrique, puis le championnat du Maroc en 1988 avant de revenir au bercail pour se retrouver au sein de certains clubs aux championnats européens.
Dans d’autres expériences, Halilhodzic avait dirigé deux sélections africaines, la Côte d’Ivoire et l’Algérie puis le Japon, mais sans arriver à remporter aucun titre. Aujourd’hui, il souhaite sauver la face pour la seconde fois au Maroc où il aura à faire mieux que ses prédécesseurs étrangers pour les Lions de l’Atlas qui sont toujours à la recherche d’un second titre en CAN depuis de plus de 40 ans.
Pour le moment, Vahid et ses Lions sont à un point de la prochaine CAN au Cameroun avec le but de la ramener au Maroc, tout en se fixant l’autre objectif de la qualification au Mondial 2022 dans l’espoir de faire l’essentiel sur la terre du Qatar.
Que Vahid le prouve avec ses joueurs européens préférés et même au détriment de nos Botolistes qui méritent mieux…