Ahmed Baidou, réalisateur et producteur
Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef
Né en 1979 à Tiznit, Ahmed Baidou, lauréat du prix de la culture amazighe «catégorie cinéma» par l’Institut Royal de la Culture Amazigh (IRCAM) en 2007, est l’un des jeunes réalisateurs amazighs ayant enrichi la filmographie nationale des films qu’ils réalisés dont «La mémoire», «Aghrrabou», «Aria Delma» et «Addour».
Pour le réalisateur, une volonté politique est indispensable pour que le film amazigh ait la place qu’il lui due dans la production cinématographique nationale. «L’officialisation de l’amazigh concerne tous les domaines dont le cinéma. Donc il faudrait une volonté politique pour promouvoir la langue, la culture et les arts amazighs en multipliant les actions et encourageant la création sous toutes formes», a-t-il affirmé.
Al Bayane : A votre avis, pourquoi la roue du film amazigh a du mal à tourner?
Ahmed Baidou : Il y a un manque au niveau de la production des films amazighs. Personnellement, depuis trois ans, je dépose des projets pour avoir une subvention, mais en vain. Ainsi, le CCM ne prend pas en considération le quota du film des autres dialectes comme tassousit, tarifit et tachlhit. En outre, ils produisent 15 ou 20 films pendant une année, mais sans un film amazighpone. Les conditions de la production sont difficiles et sans fond d’aide on ne pourra pas aller plus loin dans la création et la diffusion du produit cinématographique et artistique. A cela s’ajoute un manque d’une vision claire et d’une industrie cinématographique structurée.
Pensez-vous que le problème réside essentiellement dans les scénarios ou dans la qualité des projetés présentés?
On a de bons réalisateurs marocains qui peuvent réaliser des films en langue amazighe. Ça en on ne discute pas ! Mais, en revanche, il faudrait juste une volonté politique pour faire booster ce cinéma. A vrai dire, les responsables sortent de la grande porte en jetant la balle dans le terrain de la commission. Rappelons que depuis 2010, aucun film amazigh n’a pas était programmé dans les salles de cinéma.
La langue est elle un obstacle entravant la diffusion de du film amazigh sachant que certains distributeurs disent que ce genre de films n’est pas demandé par le public?
Il n’y a pas d’études qui ont été faites dans ce cadre, et qui dressent bilan sur l’absence du film amazigh dans les salles. C’est faux de juger et d’avancer que le film amazigh n’intéresse pas le public. En contrepartie, on n’a pas donné la chance au film amazigh de circuler dans les salles pour en juger. Les films «Aghrabou», «Adios Carmen» ayant a raflé des prix ici et ailleurs, «Tigmi nufella», «Addour» ne sont pas sortis dans les salles. C’est injuste!
Vous avez dit que le cinéma amazigh a besoin d’une volonté politique. Qu’entendez-vous par là?
L’officialisation de l’amazigh concerne tous les domaines dont le cinéma bien entendu. Donc il faudrait une volonté politique pour promouvoir la langue, la culture et les arts amazighs en multipliant les actions et encourageant la création sous toutes formes.