Les Centrafricains élisent dimanche leur président et leurs députés dans un pays qui a basculé dans la guerre civile en 2013 avec le coup d’Etat contre le président François Bozizé. Malgré un huitième accord de paix en 2019, les deux tiers du territoire restent contrôlés par des groupes armés qui se disputent les diamants, l’or et le bétail. Un quart des habitants ont fui leur domicile.
En mars 2013, les rebelles de la Séléka, essentiellement musulmans, prennent la capitale Bangui, chassant François Bozizé. Leur chef, Michel Djotodia, s’autoproclame président.Le pays sombre dans une crise sécuritaire et politique opposant milices principalement chrétiennes et animistes, les anti-balaka, aux Séléka.
Le 5 décembre 2013, Bangui s’embrase: des miliciens anti-balaka infiltrés dans la capitale lancent une offensive, massacrant de nombreux civils musulmans et entraînant des représailles de la Séléka contre la population.La France, ancienne puissance coloniale, lance l’opération Sangaris pour rétablir la sécurité, sous mandat de l’ONU, jusqu’en octobre 2016.Le 10 janvier 2014, Michel Djotodia démissionne sous pression internationale. Une présidente de transition est élue.
Le 15 septembre, la mission onusienne Minusca succède à la force africaine Misca.
Le 8 janvier 2015, une commission de l’ONU conclut que les deux camps ont commis des crimes contre l’humanité, y compris un « nettoyage ethnique », avec « des milliers de morts ».
Le 14 février 2016, après l’adoption d’une nouvelle Constitution prévoyant la lutte contre la corruption et la mise à l’écart des bandes armées, Faustin Archange Touadéra est élu président.
En 2017 et 2018, des affrontements récurrents se poursuivent entre groupes armés, notamment dans le centre du pays, malgré des tentatives de médiation de l’Union africaine (UA) et de la Russie.
En juillet 2018, trois journalistes russes enquêtant sur la présence de la société paramilitaire russe Wagner sont assassinés.En novembre, 112 personnes, dont deux prêtres, sont tuées à Alindao (centre) dans des combats entre groupes rivaux.
Fin 2018 et début 2019 deux anciens chefs anti-balaka, Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaïssona accusés de crimes contre l’humanité, sont remis à la Cour pénale internationale (CPI).
Le 6 février 2019, Bangui et 14 mouvements rebelles signent un accord de paix, le huitième en six ans.
Mais en mai 2019, un nouveau massacre est perpétré dans le Nord-Ouest, avec au moins 50 civils tués dans des attaques imputées au groupe armé 3R (Retour, réclamation, réconciliation), lequel suspendra sa participation à l’accord de paix en juin 2020.
En juillet et septembre 2019, nouveaux affrontements meurtriers à Bangui et dans le Nord-Est.
Le 25 décembre, des affrontements éclatent dans le quartier PK5 de Bangui, faisant au moins 30 morts.
En avril 2020, 28 personnes sont tuées à Ndélé (Nord-Est), lors d’affrontements entre deux factions d’un groupe armé. La Cour pénale spéciale ouvre une enquête pour crimes de guerre et contre l’humanité.
Début décembre, la candidature de François Bozizé à la présidentielle est invalidée, faisant craindre un regain de violences.
Le putschiste récidiviste, rentré d’exil en décembre 2019 malgré un mandat d’arrêt international pour « crime contre l’humanité et incitation au génocide », dit accepter l’invalidation, soutenant la candidature de l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé.Le 18, une offensive surprise de groupes armés dans le Nord et l’Ouest vise des axes routiers vitaux pour l’approvisionnement de Bangui.
L’ONU déploie des Casques bleus, dénonçant « une tentative délibérée de perturber les élections ».Le 19, les trois principaux groupes armés forment une coalition, invitant les autres groupes à les rejoindre.Le même jour, le gouvernement accuse François Bozizé de « tentative de coup d’Etat », une information démentie par son parti.