Par : Nabila ZOURARA-MAP
Avec un bilan dépassant la barre de 100.000 morts, le Royaume-Uni est presque envahi par un variant virulent de Covid-19 ayant confirmé son fort potentiel contagieux, laissant les hôpitaux submergés par les patients et l’économie en arrêt quasi-total.
Bien que le pays observe un confinement généralisé depuis les vacances de Noël, cela n’a pas empêché une flambée d’infections, qui a mené les hôpitaux au bord de la saturation. Mis à part la pression subie par le personnel soignant et le risque de contagion auxquels ils se font exposer chaque jour, le surplus de patients atteints de Covid-19 a augmenté le taux de mortalité.
Alors que la plupart des services sanitaires se sont transformés en unités de soins intensifs, il devient donc de plus en plus difficile d’accueillir des victimes d’accident de voiture ou encore de crise cardiaque. Les médecins généralistes ont même annulé toutes les opérations de routine, se concentrant uniquement sur les patients atteints par le nouveau coronavirus.
Durant la première vague de la pandémie, des hôpitaux de campagne ont été mis en place par l’armée pour alléger la pression sur les hôpitaux publics, mais ceux-ci n’ont pas rouvert lors de cette deuxième vague plus intense, au vu du degré de transmission du nouveau variant alors que le personnel est de plus en affecté par le virus.
Selon NHS England, les hôpitaux accueillent désormais moins de la moitié des patients atteints de cancers qu’ils prennent normalement en charge.
L’Office britannique des statistiques nationales (ONS) avait également révélé des chiffres choc selon lesquels une personne sur huit a été infectéeen décembre en Angleterre, ce qui marque une nette augmentation par rapport au mois précédent, où il y en avait une sur onze.
La situation est tellement critique que les hôpitaux, qui reçoivent chaque jour environ 800 patients Covid, commencent à chercher des lits disponibles dans les maisons de retraite, au moment où ils enregistrent un manque de personnel, lui aussi de plus en plus contaminé.
A Londres, un des épicentres de l’épidémie, la pression n’a jamais été aussi intense sur les services sanitaires, qui accueillent 35 % de malades de plus que lors du pic de la première vague. La capitale britannique est ainsi placée en état d’incident majeur, une sorte d’état d’urgence, qui nécessite la mise en œuvre d’arrangements spéciaux par un ou tous les services d’urgence.
Le maire de la ville, Sadiq Khan, a déploré une situation “incontrôlable”, avertissant que le service national de santé (NHS) sera dépassé par les cas “et plus de personnes mourront” si le gouvernement n’intervienne pas “dans l’immédiat”.
Bien que les conseillers scientifiques du gouvernement eurent estimé ces derniers jours que le pic de contaminations vient d’être dépassé, la tension hospitalière demeure importante et le pays continue à enregistrer des bilans journaliers de décès dépassant 1.000 morts.
Jugeant ces chiffres “effroyables”, le Premier ministre Boris Johnson a averti que “cela va continuer car ce à quoi nous assistons est le résultat du nouveau variant”, notant que cette nouvelle souche largement répandue au Royaume-Uni est liée au taux de mortalité élevé de la pandémie.
Il a même affirmé qu’en tant que Premier ministre, il “assume l’entière responsabilité de tout ce que le gouvernement a fait”. “Il est difficile d’exprimer le chagrin que contient cette sombre statistique, les années de vie perdues, les réunions de famille manquées, et pour beaucoup, les occasions manquées de dire au revoir à un proche”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Vivement critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire et accusé d’avoir sous-estimé l’ampleur de la crise, confiné trop tard et déconfiné trop vite, le gouvernement britannique compte sur son programme de vaccination pour faire face à la crise. Il a ainsi commencé le 8 décembre le déploiement du vaccin Pfizer/bioNTech, dans la perspective de vacciner les quatre catégories les plus vulnérables à la mi-février, soit environ 15 millions de personnes.
Il a également autorisé l’usage du vaccin fabriqué localement par le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca en partenariat avec l’Université d’Oxford et approuvé le vaccin du laboratoire américain.
Le gouvernement n’épargne pas non plus d’efforts pour faire respecter le confinement en vigueur dans toutes les quatre nations du Royaume-Uni. Par ailleurs, la ministre britannique de l’intérieur, Priti Patel a accordé des pouvoir élargis à la police, notant que depuis le début de la pandémie plus de 45.000 amendes ont été infligées aux contrevenants.
S’agissant des écoles, le ministre de la Santé, Matt Hancock, n’a pas pu garantir qu’elles rouvriront avant Pâques, début avril, estimant qu’il faut attendre une baisse considérable des contaminations.
Le gouvernement Johnson doit aussi examiner une nouvelle mesure contraignant les voyageurs arrivant de l’étranger de s’autoisoler dans des hôtels à leurs frais, afin de lutter contre toute importation possible de nouveaux variants qui risque de chambouler le programme de vaccination en cours.