Harcèlement au travail
« La lutte contre les violences faites aux femmes vaut plus qu’un symbole »: syndicats, ONG et associations féministes s’inquiètent mercredi dans une tribune d’une ratification « a minima » par la France de la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la violence et le harcèlement au travail.
« Cette ratification ne changera pas fondamentalement la situation en France », déplorent les signataires de ce texte publié par Libération, parmi lesquelles Sophie Binet, de la CGT, Caroline De Haas, du mouvement féministe #NousToutes, Maryline Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), ou encore l’ancienne ministre Laurence Rossignol.
Le gouvernement a adopté mercredi en Conseil des ministres un texte de loi visant à ratifier la convention 190 de l’OIT relative à l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, adoptée le 10 juin 2019.
« Concrètement, il s’agit de renforcer la protection contre la violence et le harcèlement dans le monde du travail et de mettre en place des moyens de prévention et de formation supplémentaires pour mieux appréhender et mieux lutter contre ce fléau », a présenté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal lors du compte-rendu du Conseil des ministres, sans plus de précisions.
Pour les signataires de la tribune, « le gouvernement a décidé de ratifier (ce texte) a minima » car « il refuse de faire évoluer la loi pour y intégrer les recommandations de l’OIT », jugeant la législation française « suffisante ».
« La loi doit être aujourd’hui renforcée et des moyens humains et financiers débloqués pour enfin bannir les violences sexistes et sexuelles (…). Nous sommes en colère, lassées des doubles discours et de l’instrumentalisation de la cause de l’égalité femmes-hommes », ajoutent-elles.
Parmi leurs revendications, l’instauration d’un « droit pour toutes à être accompagnées en renforçant les moyens et prérogatives des référents du personnel harcèlement », un « accès à une prise en charge médico-sociale et psychologique sans frais », et la formation de l’ensemble des personnels et représentants du personnel à la lutte contre les violences.
« Il y a urgence à mettre en place, comme en Nouvelle-Zélande, au Canada ou en Espagne, le droit à des aménagements d’horaires, de poste, à des absences rémunérées pour effectuer des démarches juridiques ou sociales, la possibilité d’une mobilité fonctionnelle ou géographique choisie, et l’interdiction du licenciement des victimes », insistent-elles, demandant au gouvernement « un signal avant le Forum Génération Égalité », qui aura lieu fin juin en France.
Selon des chiffres de 2019, 30% des salariées françaises ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail.
Dans seulement 30% des cas, l’employeur a été prévenu, et dans 40% de ces situations, la décision prise a été en défaveur de la plaignante (mobilité forcée, licenciement), estimait en 2018 une étude du Défenseur des droits.