De la représentativité des femmes au sein des parlements

Forum à Rabat

Les participants à un forum parlementaire organisé, mardi, à la Chambre des Représentants se sont penchés sur des questions ayant trait à la réalité et aux perspectives de la représentativité des femmes dans les parlements. Cette rencontre a été organisée en partenariat avec la Westminster Foundation for Democracy (WFD) et les ambassades canadienne et hollandaise à Rabat dans le but de faire connaitre les meilleures pratiques relatives la représentativité de la femme dans les parlements (commissions des femmes, commissions de la parité, parlements sensibles au genre), ainsi que les mécanisme de renforcement de la représentativité des femmes, leur impact sur les parlements et leur interaction avec les citoyens.

Dans une allocution de circonstance, la Vice-Présidente de la Chambre des Représentants, Mme Khadija Zoumi, a relevé que ce forum parlementaire féminin se penche sur une problématique centrale dans les sociétés contemporaines, notamment dans les démocraties émergentes, en l’occurrence la présence des femmes dans les parlements et les moyens à même de garantir leur représentation adéquate dans les institutions législatives, estimant que la promotion de la représentativité des femmes constitue un pré-requis institutionnel et politique de la parité dans les postes de décision et à l’équité économique et sociale.

Mme Zoumi s’est attardée, dans ce sens, sur les réformes initiées par le Maroc pour la consécration des principes d’équité et d’égalité entre les hommes et les femmes, et la constitutionnalisation des droits de la femme (Article 19), notant que cette réforme constitutionnelle décisive, qui a déclenché un nouvelle dynamique au niveau législatif et sur le plan des politiques publiques relatives au genre, ainsi que celles visant à assurer l’égalité, l’équité et l’autonomisation économique des femmes, a couronné un processus de réformes accumulées au profit des femmes.

Les réformes introduites dans les lois électorales en 2002 ont permis l’adoption de la liste nationale réservée aux femmes, ce qui a permis d’augmenter le nombre de femmes dans la chambre des représentants de 5 à 35, a-t-elle poursuivi. Cette réforme « a constitué à l’époque un événement marquant en ce qui concerne la présence des femmes dans les parlements au niveau du Moyen Orient et de l’’Afrique, donnant une forte impulsion à la question féminine dans le débat public et au niveau des institutions représentatives et exécutives, tout comme elle a fondamentalement changé de nombreuses représentations sociales sur l’apport des femmes », a-t-elle fait observer.

A la faveur de cette réforme majeure, le nombre des femmes au sein de la chambre des représentants est passé à 95 sur 395 députés, soit 24%, a noté Mme Zoumi, ajoutant que la même dynamique a été enregistrée au niveau de la Chambre des conseillers, des collectivités territoriales locales, préfectorales et régionales, du gouvernement, des institutions publiques et des entreprises publiques.

Mme Zoumi a mis en avant la place prépondérante des dispositions de la Moudawana adoptée en 2004 par le Royaume, relevant que cette réforme courageuse a marqué un évènement singulier dans la région, compte tenu des droits instaurés ainsi que du principe de responsabilité partagée qu’elle a ancrée entre la femme et l’homme dans la gestion de la famille et de la vie conjugale.

Ces réformes constitutionnelles et législatives courageuses menées par le Maroc sont considérées comme des principes fondateurs essentiels qu’il faut soutenir et mettre en application par le biais de lois tenant compte de la question du genre, notamment à travers des politiques publiques, nationales, régionales et locales permettant l’inclusion des femmes dans le développement et facilitant leur accès au postes de responsabilité, a conclu la vice-présidente de la Chambre des représentants.

L’ambassadrice du Canada au Maroc, Nell Stewart, a précisé que cette rencontre a pour but de mettre l’accent sur le rôle important joué par les femmes au sein du parlement marocain, exprimant son souhait de voir se développer un partenariat direct entre les groupes d’amitié parlementaire des deux pays dans le but de renforcer la participation des femmes.

Par ailleurs, la diplomate canadienne a souligné que la proportion des femmes parlementaires est de l’ordre de 25% l’échelle mondiale, notant que ce taux a connu une hausse de 11% par rapport à 1995.

A ce rythme, l’équité entre les deux sexes nécessitera au moins 50 ans, a fait observer Mme Stewart.
En outre, Mme Stewart a présenté les différentes initiatives menées par son pays pour favoriser la participation féminine au niveau parlementaire, soulignant que la représentativité des femmes avait dépassé pour la première fois 30% lors des élections de 2021.

Pour la directrice de la Fondation Westminster pour la démocratie à Rabat, Fatiha Ait Oulaid, cette rencontre s’inscrit dans le cadre du partenariat liant la fondation à la Chambre des représentants en vue d’accompagner la Chambre dans les différents chantiers ambitieux qu’il mène à tous les niveaux.

La directrice est revenue sur certains champs d’action conjoints, concernant notamment la législation, l’audit financier, la planification stratégique, l’évaluation des politiques publiques, et le soutien aux femmes parlementaires.

Mme Ait Oulaid a aussi indiqué que la fondation a accompagné la création du groupe de travail thématique autour de l’égalité et l’équité, organisé plusieurs activités destinées à développer les compétences des femmes parlementaires, outre les ateliers de travail portant sur l’analyse des politiques publiques, et l’audit à postériori pour la mise en oeuvre des lois et des dépenses publiques du point de vue du genre. Les travaux de cette rencontre s’articulent autour de deux séances consacrées à l’examen de thèmes portant sur « les systèmes électoraux et la représentativité des femmes dans les organes parlementaires »,  » les expériences comparées concernant les systèmes d’élection et les représentativités féminines dans les parlements », « les législations respectant la question du genre » , et « l’importance des médias et des réseaux sociaux dans le renforcement de la représentativité des femmes parlementaires ».

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