Une œuvre cinématographique en hommage aux imdyazen

«Le chant du péché» de Khalid Maadour primé à Yaoundé 

Mohamed Nait Youssef

Un beau film. «Le chant du péché», court-métrage signé par le jeune réalisateur Khalid Maadour, a remporté le prix du meilleur court métrage international de la 26e édition du festival « Ecrans noirs» de Yaoundé.

Ce film, tourné dans la région du Rif, est un hymne au chant et à la poésie amazighes. En effet, cette œuvre cinématographique poétiquement filmée est un retour aux racines, à la terre natale du réalisateur ayant vécu une grande partie de sa vie en France.

Pour le réalisateur, ce retour au bercail est animé par cette envie de transmettre les valeurs et  lettres de noblesse d’une culture riche aux différentes facettes. «Le chant du péché» est un hommage, voire une ode au chant et à la poésie amazighes.

«La première est relative à cette image péjorative collée à «Amdyaz ». Aujourd’hui, c’est désormais une insulte lorsqu’on contemple la définition d’Amdyaz. Or, on le trouve à la fois artiste, chanteur, musicien, danseur qui apporte de la joie. Alors,  je me suis posé la question. Au début, c’était en fait l’une des raisons pour laquelle j’ai fait ce film. La deuxième raison, c’est de dire pourquoi est-ce que aujourd’hui, la musique, le chant, la danse, l’art en général, sont perçus par certaines personnes d’un mauvais œil. », nous a confiés Khalid Maadour lors d’une rencontre en marge de la  13ème édition du FINIFA, où son  film a été projeté pour la première fois dans un festival cinématographique dédié au film amazigh.

Par ailleurs, le film a été tourné dans la région du RIF dont les images telles des tableaux donnent plus de poésie à l’œuvre filmée.

« J’ai profondément envie de tourner dans ma région natale. Je suis né à Nador, mais j’ai voulu tourner dans le village de mes parents. On revient toujours à ses ancêtres. C’est très important ! Alors, j’ai fait ce film entre Kariat Arekmane et Cap de l’eau. C’est un endroit majestueux, chargé d’histoire et d’émotions. J’avais envie aussi de voir la montagne, les champs, la mer… c’est une manne pour un cinéaste de tomber sur ce lieu. Je voulais aussi tenter de faire des tableaux et d’y intégrer «Izlan». », a-t-il révélé.  Et d’ajouter : « Je n’ai jamais vécu dans le Rif, mais j’ai cette culture, identité et langue dans le sang. J’ai toujours essayé d’apprendre le rifain quand mes parents et grands-frères parlaient. J’ai été bercé dans cette culture parce que j’ai tous ces souvenirs qui me remontent à l’esprit. Je me suis toujours dit qu’un jour j’irai sur la terre de mes ancêtres, et je ferai quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Aujourd’hui, je le sais : faire du cinéma et essayer à ma façon de leur rendre hommage.»

La langue n’est pas une entrave pour le réalisateur. Mais, l’œil qui la filme. C’est aussi la manière de raconter les choses. Enfin, tout y est dans l’humain. 

« Pour la langue, elle n’est pas une barrière. Mais, le problème réside dans la manière avec laquelle on filme la langue et les choses qu’on raconte. Il ne faut pas que ça reste une langue morte ou une culture figée. A vrai dire, le cinéma est essentiel pour la culture amazighe, et je suis prêt à m’investir d’avantage avec d’autres gens pour pouvoir promouvoir cette langue qui est importante. In fine,  j’aimerai aussi transmettre de plus en plus ici. », a-t-il fait savoir.

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