M’hamed Kibouch, un militant magnanime

Portrait d’Agadir

Saoudi El Amalki

Originaire de Goulmima, localité austère du Sud -Est du royaume et fervent concitoyen d’Agadir, depuis des décennies, M’hamed Kibouch était, de sitôt, un combatif affilié pour la bonne cause, dès l’aube de l’ère de plomb qui sévissait un peu partout dans le pays. En modeste fonctionnaire de la santé et en compagnie des avant-gardistes de militance héroïque,  notamment feu Othman Akalay, Ahmed Chaoui, Abdelatif Ouammou…, il se distinguait par sa vaillance homérique et son altruisme chevaleresque. Sans répit ni relâche, depuis le petit matin, jusqu’aux heures tardives de la nuit, sillonnant à pieds les quartiers de la cité et les patelins de la banlieue, il prêchait les valeurs et les idéaux de la justice, l’égalité et la dignité sociétales. Il ralliait très tôt les instances politique et syndicale, en l’occurrence le PPS et  l’UMT pour y mettre du cœur, de la foi et de la verve et en devenir un leader incontestable, au risque de se faire malmener voire molester par les services d’ordre, pour des injustices iniques, par-ci et des tracts distribués pendant le défilé de la fête du travail, par-là. Tout au long de son existence tumultueuse, il imprégnait les vertus de la bonhomie et de l’engagement, au sein des jeunes sur les terrains, les aires des campings et les meetings en plein air. Il prêtait également main forte aux générations qui affluaient fort en nombre au local du parti sis au quartier Talborjt, en leur enseignant la bonne conduite, au service d’une société libre et décente. Il sortait chaque dimanche, avec un contingent d’adhérents, se livrer à la « vente militante » des journaux d’Al Bayane, par le biais de laquelle des débats sur les questions diverses de la nation sont entamés dans l’estime et le respect mutuel. Une tradition révolue qui insufflait dans les esprits des jeunes la notion noble du militantisme authentique. Il avait cet aspect purement humain qui l’incite à rendre visite aux personnes auxquelles survint un malheur pour présenter toutes expressions de compassion, secourir les familles en détresse à l’hôpital où il exerçait jusqu’à sa retraite, à conforter les démunis et défendre les victimes de l’oppression pour témoigner de la solidarité à leur égard. De bout en bout, M’hamed Kibouch était le prototype de militant complet, l’exemple de la chevalerie parfaite, le modèle de combattant désintéressé… Il aura sans aucun doute, scellé tout un parcours de cinq décades d’affilée, de son empreinte indélébile en faveur des couches déshéritées de la société et contre toutes formes de déloyauté, d’exaction, d’abus et d’arbitraire. En guise de reconnaissance à cet homme de grande qualité, on est bien tenté de lui dédier une gerbe de muguets et de girofles, à laquelle se joint cet extrait de Pablo Neruda, poète emblématique du Chili, prix Nobel de Littérature en 1971 à Stockholm :

« Ce n’est qu’au prix d’une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n’aura pas chanté en vain ».

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