Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Les 9 novembre et 20 décembre prochains, 11 millions d’électeurs malgaches prendront la direction des 27.000 bureaux de vote ouverts pour l’occasion afin d’élire leur prochain président parmi les 13 candidats en lice car après le dépôt de 28 dossiers, parmi lesquels ceux présentés par les 3 derniers présidents – à savoir, le président sortant Andry Rajoelina, Hery Rajaonarimampianina (2013-2018) et Marc Ravalomanana (2002-2009) – la Haute Cour Constitutionnelle malgache (HCC) en a écarté 15 pour diverses raisons.
Ainsi, outre le président sortant qui, en vertu de la Constitution, est tenu de démissionner et de laisser sa place au président du Sénat et ses deux prédécesseurs, les candidats retenus sont Hajo Andrianainarivelo, Roland Ratsiraka, Jean Brunelle Razafitsindraofo, Siteny Randrianasolonaiko, Paraina Auguste, Jean-Jacques Ratsietison, Tahina Razafinjoelina, Andry Raobelina, Sendrison Daniela Aderanirina et Lalaina Ratsirahonana.
Dès la validation de la candidature du président sortant, en dépit de la polémique afférente à sa nationalité française, des représentants de la société civile avaient, immédiatement, organisé une conférence de presse au cours de laquelle ils lui avaient demandé de renoncer à la nationalité française, s’il entend briguer un second mandat et appelé tous les responsables à garantir « un processus électoral apaisé et accepté par tous ».
Le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, ayant refusé d’assurer l’intérim du président sortant en invoquant « des raisons personnelles », c’est à l’ancien Premier ministre Christian Ntsay qu’a été dévolue la supervision du gouvernement chargé d’assurer, de façon collégiale, la gestion du pays pendant les élections mais cette décision a été dénoncée par l’opposition qui l’a assimilée à « un coup d’Etat institutionnel ».
Pour apaiser les tensions, Christian Ntsay s’était trouvé contraint de réunir l’Organe mixte de conception national (OMC NAT) et d’inviter ses membres à créer un « Conseil National de la Sécurité Intérieure » qui sera chargé de veiller au calme pendant la campagne électorale mais si l’on en croit « L’Express de Madagascar » les journalistes n’ont pas pu couvrir cet évènement ; ce qui constitue une flagrante obstruction à la liberté de la presse.
Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que dès le 8 Septembre, et conformément aux recommandations formulées par des auditeurs nationaux et internationaux au titre de l’amélioration de la qualité du fichier électoral, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait présenté, via une démonstration électronique, un fichier électoral fiable reposant sur des critères de véracité, d’inclusivité et d’exactitude ainsi que les 27.000 bureaux de vote.
Bien qu’étant affaibli par une législature marquée par les crises économiques et sociales auxquelles avait donné lieu la pandémie de Covid-19, par l’invasion de l’Ukraine et par cette sécheresse qui avait provoqué une grande famine dans le pays, Andry Rajoelina, désormais, éligible pour un second mandat dispose encore d’une grande popularité auprès de ses compatriotes.
Bénéficiant, en outre, de la confiance des grandes institutions internationales, le président sortant entend axer sa campagne sur le bilan économique généré par son fameux « Plan Emergence Madagascar » (PEM) qui vise à stimuler la croissance économique du pays grâce à une augmentation des investissements publics et privés, à renforcer le capital humain et à améliorer la gouvernance.
Cela sera-t-il suffisant pour lui permettre de reprendre les rênes du pays durant une nouvelle législature ?