Secteur cimentier coté à la bourse de Casablanca
Kaoutar Khennach
M.S.IN, a livré son analyse et ses perspectives sur le secteur cimentier coté à la bourse de Casablanca. En outre, la société de bourse table sur une tendance haussière des ventes de ciment à partir du deuxième semestre 2023, profitant fondamentalement de la reprise d’activité dans le secteur BTP après l’atténuation de l’inflation. Par ailleurs, M.S.IN recommande d’acheter le titre LafargeHolcim et de conserver le titre Ciments du Maroc (CIMAR) dans les portefeuilles.
Après avoir connu une importante reprise en 2021 avec 13,4 millions de tonnes vendues, les ventes nationales de ciment se trouvent en 2022 et en 2023 face à un contexte économique international et national difficile marqué par la hausse des prix ce qui a entrainé une baisse de la demande.
Les ventes de ciment au Maroc ont enregistré une baisse de -10,7% et -1,5% respectivement pour l’année 2022 et les dix premiers mois de l’année 2023 à cause notamment de la flambée sans précédente des prix des matériaux de construction qui a provoqué l’arrêt de nombreux chantiers, d’une part, et le report de nouveaux chantiers, d’autre part. Aussi, la situation difficile que vit le secteur immobilier au Maroc à cause du recul du pouvoir d’achat des ménages touché par l’inflation conjugué au redressement des taux d’intérêt et le ralentissement économique.
Par ailleurs, les ventes de ciment au Maroc ont été marquées durant ces 18 dernières années par trois principales phases d’évolution. En effet, le secteur s’est positionné sur une trajectoire haussière, profitant, d’une part, de la bonne dynamique des grands chantiers lancés au début des années 2000 et, d’une autre part, de l’essor remarquable qu’a connu le secteur immobilier au Maroc durant la période 2005-2011. Depuis le pic en 2011, les ventes de ciment se sont inscrites dans une baisse importante, en affichant un TCAM de -2,7%. Cette évolution négative s’explique par l’essoufflement du segment social qui était comme locomotive du secteur de la construction ; le ralentissement de la croissance économique nationale entre 2012 et 2018 qui s’est établie en moyenne à 3,3% par an, contre une moyenne de 4,8% enregistrée entre 2005 et 2011 ; et le resserrement de la politique d’octroi des autorisations de construire pour l’auto- construction. Le marché cimentier a commencé depuis 2019 à repartir sur une nouvelle dynamique positive, mais il a été impacté durant l’année 2020 et 2022 par les effets négatifs de la crise sanitaire de 2020 et la crise inflationniste de 2022.
S’agissant des prévisions, M.S.IN table sur une tendance haussière des ventes de ciment à partir du deuxième semestre 2023, profitant fondamentalement de la reprise d’activité dans le secteur BTP après l’atténuation de l’inflation ; le développement des infrastructures routières, hôtelières, sportives en lien avec l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030 au Maroc et le lancement du programme de reconstruction sur 5 ans des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz. La reprise du secteur immobilier à partir de 2024 suite au lancement du nouveau programme d’aide au logement qui s’étalera sur la période 2024-2028.
Pour LafargeHolcim Maroc, le premier producteur de ciment au Maroc avec une capacité de production de 14 millions de tonnes devrait renouer avec la croissance dès l’année 2023. Pour cette raison, les analystes prévoient, sur la période 2023-2027, un taux de croissance annuel moyen de 11,3 % de son chiffre d’affaires. Cette évolution positive s’explique par la mise en service de la nouvelle cimenterie à Agadir-Souss d’une capacité de production de 1,6 MT par an, le développement de l’exportation de clinker et de ciment en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud à travers la filiale LHM Afrique, le positionnement affirmé sur les grands chantiers d’infrastructure et le lancement du programme de développement durable qui vise à réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
Par ailleurs, le Résultat Net Part du Groupe serait impacté dans les prochaines années par les nouvelles mesures fiscales proposées dans le cadre du LF 2023 qui visent une hausse de l’impôt sur les sociétés à 35% d’une manière progressive sur une période de 4 ans et le maintien de la contribution sociale de solidarité jusqu’en 2025. Dans ce contexte, M.S.IN recommande d’acheter le titre.
Pour Ciments du Maroc, le 2ème cimentier au Maroc et le premier opérateur dans le Béton Prêt à l’emploi et les granulats, devrait renouer avec la croissance dès l’année 2024. Pour cette raison, les analystes tablent, sur la période 2023-2027, un taux de croissance annuel moyen de 8,3 % de son chiffre d’affaires. Cette évolution positive s’explique par le démarrage en août 2022 de l’unité de broyage de clinker à Nador qui devrait renforcer l’élargissement du dispositif du groupe sur la région Nord ; l’essor de l’activité export de clinker devrait générer des nouveaux relais de croissance au groupe, le positionnement du groupe dans la région du sud afin de profiter du potentiel qu’elle offre, le développement de l’activité Granulat en lien avec l’extension de principales carrières de granulats à Benslimane et Ouled Abbou et la remise à niveau de la carrière d’Ait Baha et de la station de concassage à Oued Souss.
De son côté, le Résultat Net Part du Groupe serait impacté dans les prochaines années par les nouvelles mesures fiscales proposées dans le cadre du LF 2023 qui visent une hausse de l’impôt sur les sociétés à 35% d’une manière progressive sur une période de 4 ans et le maintien de la contribution sociale de solidarité jusqu’en 2025. De ce fait, le société de bourse recommande de renforcer le titre dans les portefeuilles.