Journée mondiale du diabète
Ouardirhi Abdelaziz
A l’instar de la communauté internationale, le Maroc célèbre la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre 2024, sous le thème choisi par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Fédération Internationale du Diabète (IDF) pour la période 2024 -2026 : « Diabète et bien-être » avec un accès approprié aux soins du diabète, de la disponibilité, de l’écoute, un accompagnement, de l’humanisme, des actions adaptées au bien-être de chaque personne vivant ave le diabète.
La Journée mondiale du diabète, organisée chaque 14 novembre, est le symbole d’une mobilisation collective. Son objectif : mieux faire connaître le diabète, sa prise en charge, et surtout les moyens de le prévenir.
Pour parveniez à relever le défi qui consiste à infléchir la courbe ascendante du diabète, il est essentiel que chacun puisse se sentir concerné et participe à la lutte contre cette maladie.
Grâce à la sensibilisation, à l’éducation de tous dès le jeune âge, il est possible de lutter contre les facteurs de risque du diabète, de promouvoir des actions coordonnées et concertées pour une vie saine, alimentation équilibrée, activité physique, pour lutter contre les conséquences de cette maladie.
Le droit à une vie épanouie
Au niveau mondial, dans les pays riches ou pauvres, les patients diabétiques sont souvent confrontés à un véritables dilemme inhérent à la gestion de leur maladie (analyse des urines – injections d’insuline – régime alimentaire – repas à des heures précises ….), particulièrement sur le lieu du travail, ou dans les milieux scolaires. Dans bien des cas, ces malades ne sont pas bien compris par leurs collègues, camarades et même les membres de leur famille et entourage. Pour ne pas céder face aux regards désobligeants, malveillants, et vexants, ces diabétiques doivent démontrer de la résilience, ce qui à la longue affecte leur santé physique et psychologique.
Conscient de cette réalité, les organisateurs de la Journée mondiale du diabète 2024, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Fédération Internationale du Diabète (IDF), et leurs différents partenaires, ont choisi un thème révélateur, suggestif, convaincant : « Diabète et bien-être ».
Les objectifs consistent à initier des changements pour une meilleure vie face au diabète, de permettre un meilleur accès aux soins pour les diabétiques, apporter un soutien à leur bien-être pour que chaque diabétique puisse mener une vie épanouie.
Comprendre le diabète
Le diabète est une maladie chronique qui survient lorsque le pancréas ne parvient plus à produire de l’insuline ou que le corps ne peut plus l’utiliser efficacement.
L’insuline est une hormone produite par le pancréas qui agit comme une clé pour permettre au glucose des aliments que nous mangeons de passer de la circulation sanguine aux cellules du corps pour produire de l’énergie. Le corps décompose tous les aliments glucidiques en glucose dans le sang, et l’insuline aide le glucose à pénétrer dans les cellules.
Lorsque l’organisme ne peut pas produire ou utiliser efficacement l’insuline, cela entraîne une augmentation du taux de glucose dans le sang, appelée hyperglycémie. À long terme, des taux de glucose élevés sont associés à des dommages corporels et à une défaillance de divers organes et tissus, et des complications parfois très graves.
Il est utile de rappeler ici que la glycémie normale se situe entre 0,70 et 1,10 g par litre de sang à jeun. Pour la glycémie postprandiale, c’est-à-dire 2h après un repas, le taux de sucre doit être inférieur à 1,40 g par litre. Lorsque la glycémie est basse, celle-ci est inférieure à 0,70 g par litre. On parle d’hypoglycémie.
Quels sont les différents types de diabète ?
Le diabète de type 1
Il peut toucher des personnes de tout âge, mais il se développe généralement chez les enfants et les jeunes adultes. Les personnes atteintes de diabète de type 1 ont besoin d’injections quotidiennes d’insuline pour contrôler leur glycémie. Si elles n’ont pas accès à l’insuline, elles risquent de mourir.
Le diabète de type 2
La survenue du diabète de type 2 est essentiellement liée au mode de vie : surpoids, sédentarité, hypertension artérielle, etc.
Les personnes atteintes de diabète de type 2 sécrètent de l’insuline, mais cette hormone régule avec moins d’efficacité le taux de sucre dans leur sang. Ce taux, appelé glycémie, reste anormalement élevé après un repas, ce qui est la définition du diabète. Petit à petit, le pancréas s’épuise à sécréter des quantités croissantes d’insuline. Également appelé diabète gras, ou diabète non insulinodépendant, le diabète de type 2 touche surtout les personnes en surpoids ou obèses, sédentaires, le plus souvent après 45 ans. Il représente 90 % des cas de diabète après 60 ans.
Un réel problème de santé publique
Les personnes atteintes de diabète, qui ne sont pas bien traités, qui ne suivent pas correctement leur traitement, qui ne respectent pas le régime alimentaire conseillé par le médecin traitant, présentent un risque accru de développer des complications liées au diabète. Les plus courantes sont celles qui touchent le cœur, les vaisseaux sanguins, les yeux, les reins, les nerfs, les dents et les gencives.
Pour bien comprendre les enjeux sanitaires, socio-économiques du diabète, il faut savoir que les personnes vivant avec le diabète sont jusqu’à trois fois plus susceptibles de développer une maladie cardiovasculaire.
Qu’une personne diabétique sur 3 développera une forme de perte de vision au cours de sa vie.
L’insuffisance rénale est 10 fois plus fréquente chez les personnes diabétiques.
Toutes les 30 secondes, un membre inférieur est perdu à cause du diabète quelque part dans le monde. On mesure l’ampleur de ce fléau, de cette maladie qui évolue parfois sans bruit, les conséquences du diagnostic tardif, et le lourd fardeau de la prise en charge pour le malade, sa famille, les professionnels de santé, et l’assurance maladie.
Les coûts du diabète au Maroc
Si on se réfère aux données de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), on relève que 51,5% des dépenses de santé sont dédiées aux affections de longue durée (ALD). S’agissant du diabète, on note que celui-ci s’accapare 10,4% des dépenses globales des ALD.
L’approvisionnement en médicaments coûte à l’Etat plus de 140 MDH annuellement (environ 14 millions d’euros) et 60% de ces dépenses concernent l’insuline.
Par ailleurs, le diabète occupe la 4ème position en termes de dépenses de l’AMO après l’insuffisance rénale (27,4%), les tumeurs malignes (23,4%) et l’hypertension artérielle (10,7%).
Les dépenses consacrées par les patients au Maroc à l’achat des médicaments antidiabétiques ont atteint, en 2020, 1,435 milliard de dirhams. 686,1 millions de dirhams sont consacrés à l’achat des antidiabétiques oraux (ADO) et 357,4 millions de dirhams aux insulines.
Quelle est la situation au niveau mondial ?
Selon les dernières estimations de l’OMS et de l’IDF (année 2023), la hausse continue de l’incidence et de la prévalence du diabète est manifeste. En effet, 465 millions de personnes dans le monde sont diabétiques, 643 millions d’individus adultes sont susceptibles d’être diabétiques d’ici 2030,
et 700 millions d’ici 2045. Soit une personne sur dix. En plus, d’après ces estimations, 240 millions d’individus vivent avec un diabète non diagnostiqué, 6,7 millions de décès dus au diabète en 2021.
Le nombre d’enfants et d’adolescents de moins de 20 ans atteints de diabète de type 1 dépasse un million.
Quelle est la situation au Maroc ?
Il est important de souligner que la situation épidémiologique de cette maladie au Maroc est toujours préoccupante. En effet, le diabète touche plus de 25 000 enfants, plus de 2,7 millions d’adultes, dont 50% ne sont pas diagnostiqués, et plus de 2,2 millions sont pré-diabétiques. Il convient aussi de noter que le ministère de la Santé et de la Protection Sociale prend en charge plus de 1 200 000 diabétiques dans les établissements de soins de santé primaires. Ces patients bénéficient d’une prise en charge conforme à un parcours de soins bien établi.
Quelles mesures prendre pour éviter le diabète ?
La lutte contre le diabète, ne saurait en aucun cas être seulement celle du ministère de la Santé, des différentes associations qui s’activent dans le champ de la lutte contre le diabète. La lutte contre le diabète nécessite l’unité de tous les acteurs (familles, professionnels de santé, ONG, différents départements ministériels, les médias …) pour lutter contre le diabète mais aussi l’équilibre du diabète, par le biais de la disponibilité des différents traitements, le respect d’une alimentation saine et d’une activité physique régulière, l’arrêt du tabac et la lutte contre l’obésité. Autant de facteurs essentiels pour la gestion du diabète.
Il s’agit donc d’informer et sensibiliser le plus grand nombre sur le diabète et ses complications, éduquer nos enfants dès leur jeune âge sur les bienfaits d’un mode de vie sain.
En adoptant une meilleure hygiène de vie, en chassant les kilos superflus, oublier les graisses saturées pour se mettre aux fibres, pratiquer sérieusement un sport, on peut alors réduire son risque de diabète. Et ça marche si l’on en croit l’étude menée par le très sérieux National Institute of Health qui a indiqué que 30 minutes d’exercice physique par jour (marcher, par exemple) suffisent à diminuer de 58% le risque de développer la maladie.