Coin de l’expert: Analyse fondamentale V/S analyse technique

L’analyse financière fondamentale consiste en gros à l’étude du cours d’une société en Bourse en se basant sur son modèle économique, sur ses documents comptables et ses perspectives chiffrées. Souvent l’objectif est d’estimer la valeur théorique de la société pour prendre la décision d’achat ou de vente. Cette valeur théorique est appréhendée selon différentes méthodes comme la DCF (l’actualisation des cash-flows disponibles), la DDM (actualisation des dividendes), l’actif net réévalué, la somme des parts ou les comparables.

Une autre variante de l’analyse fondamentale consiste en une méthodologie inspirée de la philosophie de Benjamin Graham. En particulier, plusieurs filtres seront appliqués aux sociétés cotées dont le premier est la pertinence du modèle économique. Par la suite, les ratios de valorisation retenus, seront ceux basés sur les agrégats financiers normatifs ou récurrents.

Pour sa part, l’analyse chartiste et technique se base sur le postulat que l’historique d’une variable statistique issue de comportement humain, peut permettre de prédire l’évolution future du moins à court terme. Ainsi, cette technique vise souvent à identifier des comportements récurrents au travers de configurations graphiques ou de calculs de certains ratios. Certaines figures répétitives sont souvent recensées pour être repérées. Aussi, des théories peuvent émerger comme celle des vagues d’Elliott, avec ses cycles ascendants et descendants qui permettent de modéliser l’évolution des indices.

Pour notre sondage, les partisans de l’analyse technique sont certainement motivés par sa simplicité relative, en particulier avec l’émergence de logiciels permettant d’identifier les figures et/ou de calculer automatiquement les ratios techniques. En effet, un investisseur ou un trader peut bâtir une position sur un titre ou sur un indice en se basant presque exclusivement sur le graphique ou le chart sans avoir à modéliser un business plan ou à analyser les réalisations passées. De plus, pour les sociétés dans des cas extrêmes où l’analyse fondamentale ne peut rien prédire sauf la faillite, l’analyse technique peut donner des repères.

Quant aux partisans de l’analyse fondamentale, il s’agit souvent d’une question d’horizon de placement. En particulier, à moyen et à long terme, l’investisseur cherche à avoir une idée sur les réalisations prévisionnelles de la société en plus des explications de son historique. De même, quitte à passer par différents scénarios (pessimiste, optimiste et central), l’analyse fondamentale permet de donner une idée sur les dividendes futurs à recevoir en plus de la valeur cible cadrée par la DCF et les comparables voire la somme des parties.

Par ailleurs, même si certains financiers s’amusent de l’horizon long-terme avec les maximes comme «dans le long-terme nous serons tous morts» ou «un investissement de long-terme est une spéculation qui a mal tourné», celui-ci donne souvent raison à l’analyse fondamentale quand elle est exécutée dans les bonnes règles de l’art.

En conclusion, les deux analyses sont complémentaires. En effet, l’analyse fondamentale donne souvent un cap voire un objectif avec un horizon de moyen-long terme. Ce cap peut être ajusté à court terme via l’analyse chartiste et technique surtout quand cette technique est combinée au décryptage du newsflow à venir. Par ailleurs, le chartisme sert souvent au trading ou à l’implémentation d’un portefeuille. Il est donc à utiliser par des professionnels et ne peut donc à mon sens, servir pour des recommandations pour le grand public à moins d’actualiser les prévisions à une fréquence quotidienne.

Farid Mezouar

(Directeur exécutif de flm.ma)

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