Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont considérées comme l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. On estime à 17,5 millions le nombre de décès imputables aux maladies cardio-vasculaires, soit 31% de la mortalité mondiale totale. Parmi ces décès, on estime que 7,4 millions sont dus à une cardiopathie coronarienne plus particulièrement l’infarctus du myocarde qui constitue une urgence cardiologique absolue dont l’incidence reste encore élevée dans notre pays.
Maladies cardiovasculaires: première cause des décès au Maroc
Une carte réalisée par Globalpost (répartition des maladies au niveau planétaire, par pays et par importance) sur la base des données fournies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé les principales causes de décès dans les pays du monde.
On note qu’au Maroc, les problèmes cardiaques sont la première cause des décès, selon cette carte.
Ce n’est pas nouveau, plusieurs études réalisées chez nous, ont tiré la sonnette d’alarme, il suffit de se reporter à l’étude sur les facteurs de risques, réalisée en 2000 par le ministère de la santé pour savoir que les maladies cardiaques au Maroc sont un réel problème de santé publique.
Tous les spécialistes (cardiologues) sont unanimes pour dire que le Maroc est sérieusement menacé par les maladies cardiovasculaires. Les chiffres sont de plus en plus alarmants. Quand on sait que les tiers de la population marocaine sont hypertendus, qu’il y a 3 millions d’obèses dans le pays et que le diabète toucherait plus de 2 millions et demi de marocains.
Sur la base de ce constat sans appel, on peut en déduire que le Maroc est un pays de cardiaques, d’ailleurs, nul besoin d’être devin, les chiffres parlent d’eux-mêmes, puisque les maladies cardio-vasculaires sont responsables au Maroc de plus de 100.000 décès par an.
Ce constat s’explique par la transition épidémiologique que connaît le Maroc .Cette dernière est caractérisée par la régression de la part de mortalité liée aux maladies transmissibles et l’accroissement de celle de maladies non transmissibles (notamment les maladies cardiovasculaires).
Le mode de vie pointé du doigt
S’agissant des maladies cardiovasculaires, de leur fréquence qui connait une courbe exponentielle d’année en année au sein de notre population, cette situation s’explique aussi par l’augmentation de l’espérance de vie des Marocains.
Une étude récente réalisé par le haut-commissariat au plan (HCP) , nous apprend qu’au Maroc, l’espérance de vie à la naissance d’une fille est de 76 ans contre 73 ans pour les hommes. De même, le HCP conclut que les citadins vivent, en moyenne, 5 ans de plus que les ruraux. Aussi, l’espérance de vie à la naissance en milieu urbain est-elle de 77 ans contre 72 ans en milieu rural, si on ajoute à cela l’émergence de comportements à risques liés aux habitudes de vie comme le tabagisme, la sédentarité, l’obésité, les modes d’alimentation malsains… On comprend mieux que tous ces facteurs concourent à l’installation d’une situation de risque cardiovasculaire avec une nette augmentation de l’infarctus du myocarde ( crise cardiaque ) qui constitue une urgence cardiologique absolue dont l’incidence reste encore élevée chez nous et qui représente un grand sujet de prise en charge au niveau des établissements spécialisés en cardiologie.
Reconnaître l’arrêt cardiaque
Le cœur, pour différente raison, fibrille et n’assure plus l’éjection du sang dans l’organisme et dans le cerveau.
Souvent, il s’agit d’une victime connu pour un problème cardiaque ou pour des facteurs de risque cardio-vasculaire.
La victime perd connaissance, tombe, et ne réagit pas quand on lui parle ou quand on la stimule.La victime ne respire pas ou les mouvements respiratoires sont inefficaces, lents et bruyants. On parle de “gasps”. Dans ce cas, les minutes sont comptées, il faut agir très vite, le plus important est de faire repartir le cœur, car si aucun soin n’est pratiqué dans les minutes qui suivent l’arrêt cardiaque, les chances de survie sont quasi nulles.
Des gestes qui peuvent sauver
Quelle que soit la cause, il faut agir, et entreprendre immédiatement les gestes qui peuvent sauver une vie.
Il faut placer la victime dans une zone sécurisée, à l’écart de la circulation, ensuite il faut appeler la protection civile faire le 15, indiquer le lieu exacte ou se trouve la victime.
En attendant l’arrivée des secours, il faut placer la victime sur son dos, sur une surface dure. Mettez-vous à genoux contre la victime, sur le côté.
Positionnez les mains l’une sur l’autre, un peu en dessous du milieu du thorax, les bras bien tendus.
Appuyez de tout votre poids, bien au-dessus : ce ne sont pas les bras ni les mains qui appuient mais tout le corps.
Ce sont des pressions fortes, enfoncez les mains de 5 à 6 cm dans la poitrine et relâchez complètement le thorax entre chaque compression.
Effectuez les pressions sur un rythme régulier de 100 par minute, par séries de 30 compressions consécutives.
Infarctus du myocarde: Chaque minute compte
Il est important de savoir que près de 90 % des arrêts cardiaques chez l’adulte sont dus à une cause cardio-vasculaire, dont l’infarctus du myocarde.
On entend parler de plus en plus de l’infarctus du myocarde, que c’est la cause du décès de nombreuses personnes qui jusque-là étaient bien portantes, ou du moins ne présentaient pas de signes patents de maladies pouvant mettre leur vie en danger.
L’exemple s’il en fallait un, c’est celui du jeune officier de la RAM décédé subitement le 23 Juin.
Feu Dolmy et d’autres qui décèdent subitement, et plus tard on nous apprend que c’est à cause de l’infarctus du myocarde.
C’est quoi un infarctus du myocarde?
Il est communément appelé crise cardiaque. Dans plus de 90% des cas, l’infarctus du myocarde survient lorsqu’un caillot sanguin bloque complètement une artère qui apporte le sang oxygéné au cœur.
Ce manque de sang provoque la mort (dite infarctus, en terme médical) d’une région du muscle cardiaque. Ces dommages sont permanents et irréversibles si on ne corrige pas rapidement le blocage. L’infarctus peut être une cause d’insuffisance cardiaque. Mais si l’atteinte au cœur est trop importante, cela peut conduire à l’arrêt cardiaque et au décès. Il ne faut pas confondre l’infarctus du myocarde avec l’angine de poitrine.
Des signes qui ne trompent pas
Des douleurs dans la poitrine, simulant un poids ou une barre posée sur le sternum, d’une intensité très variable (minime ou intolérable), pouvant durer quelques minutes ou quelques heures. Parfois, cette douleur se propage dans les bras, la mâchoire, et s’accompagne d’une difficulté à respirer.
Ces douleurs peuvent être associées à des nausées, des vomissements, ou même une fièvre discrète.
Mais très souvent, les symptômes ne sont pas aussi caractéristiques, certaines personnes pouvant même présenter un infarctus du myocarde sans symptômes (« infarctus silencieux »). Ainsi, les symptômes peuvent être réduits à une douleur dans le bras, isolée, ou à une simple pesanteur au niveau de la poitrine.
Dès le stade initial, il faut rechercher l’heure de début de l’infarctus du myocarde qui correspond, en cas de douleurs successives, à l’heure de début de la plus prolongée.
Parfois, l’infarctus du myocarde est d’emblée massif et peut alors entraîner la mort, soit parce que toutes les cellules du cœur meurent ou du fait de l’apparition d’une tachycardie mortelle.
Cette douleur due à l’angine de poitrine ou angor se caractérise par une sensation de serrement.
Elle peut être ressentie à l’occasion d’un effort ou d’une émotion ou même pendant le sommeil. Elle peut se propager dans la mâchoire, les épaules, les bras ou le dos.
Si vous ressentez ce symptôme, vous devez agir rapidement, transporter la victime au centre hospitalier le plus proche ou à la clinique sans attendre car c’est une question de vie ou de mort.
Combien de temps a-t-on pour agir?
Si les artères qui oxygènent le cœur sont complètement bouchées, il faut alors agir très rapidement. Dans l’idéal, le délai global à respecter entre le moment où le médecin réalise sur place un électrocardiogramme et le moment où les artères sont débouchées est de 90 minutes.
Quels sont les facteurs de risque?
Les facteurs de risques de l’infarctus sont les mêmes que ceux de toutes les maladies cardio-vasculaires, il y a le tabagisme, l’hypertension artérielle(HTA),le diabète, taux élevé de cholestérol, l’obésité qui est en augmentation constante au Maroc,le stress, la sédentarité ou absence d’exercice physique, régime alimentaire déséquilibré (riche en graisses, trop pauvre en fruits et légumes), antécédents familiaux de maladies cardio-vasculaires…
Nous sommes tous concernés
Tout le monde peut être concerné, mais il s’agit le plus souvent d’hommes au-dessus de 55 ans, sauf antécédents familiaux dans ce domaine ou maladies particulières. Les femmes sont affectées avec la même fréquence que les hommes, mais à un âge plus élevé, à partir de 65 ans, voire 70 ans. Elles en meurent davantage car le diagnostic est souvent plus tardif.
La prévention est possible
Pratiquement toutes les études que mènent les chercheurs partout dans le monde confirment l’étroite relation entre un régime alimentaire sain, l’exercice physique et la bonne santé. L’une de ces dernières études que vient de publier «le journal of American college of cardiology», dans son volume 64 du 13 septembre 2014, souligne que « quatre hommes sur cinq pourraient s’éviter une crise cardiaque s’ils arrêtaient de fumer, diminuaient leur consommation d’alcool, adoptaient un régime alimentaire équilibré et faisaient de l’exercice.
La réduction des risques d’infarctus du myocarde est proportionnelle aux nombre de comportements sains adoptés. C’est ainsi qu’une personne qui ne fume pas, qui boit modérément et qui s’alimente sainement, voit son risque cardiaque diminuer de 35% par rapport à un groupe à haut risque rétif à tout comportement sain. Si la même personne ajoute à ces comportements sains les exercices physiques requis, elle verra son risque cardiaque baisser de 86%.
Abdelaziz Ouardirhi