La 18e édition du festival de jazz de Tanger «TANJAzz» a pris fin, dimanche soir, sur des notes d’artistes d’ici et d’ailleurs qui ont emporté les mélomanes vers de nouveaux horizons sonores, tantôt doux et lyriques, tantôt francs et mélancoliques, mais toujours ancrés dans la tradition du jazz.
Après une succession de concerts plus mémorables les uns que les autres, le festival organisé par la Fondation Lorin depuis 1999 s’est achevé en beauté avec une foule nombreuse venue assister aux différents shows programmés sur les scènes du Palais des institutions italiennes, où générosité, moments de partage et bonne humeur régnaient en maîtres.
La dernière soirée de ce rendez-vous jazzy a débuté avec une “bouffonnerie de jazz”. La chanteuse italienne Filomena Campus, également metteur en scène de théâtre, a offert une prestation impressionnante envahissant élégamment le jazz avec des images théâtrales et de courts poèmes.
Accompagnée du pianiste Steve Lodder, du batteur Ettore Fioravanti et du contrebassiste Francesco Pierotti, la jazzwoman a subjugué le public en jonglant avec les notes et les couleurs de sa musique comme un bouffon de la Comedia dell’arte. À l’exception d’un poème du grand Stefano Benni, les textes sont de Filomena, poète, conférencière et directrice de théâtre.
“C’est un réel plaisir d’être aujourd’hui à Tanger, cette ville moderne et magnifique, et de me produire ici pour la première fois”, a-t-elle confié à la MAP à la fin de son spectacle, avant d’enchaîner: “je suis impressionnée par la ville, son public et j’envisage d’y retourner dès que possible”.
Les férus du jazz ont également apprécié, lors de cette soirée, le show remarquable du groupe “Laouma” qui puise son nom de la sensibilité et la force émanant de la chanteuse. Bien que la troupe soit encore jeune, le talent de ses membres et l’alchimie qui se profile entre eux leur permet de rapidement se créer une identité particulière. Celle-ci correspond à un mélange de soul, de blues, de jazz, de hip hop, de rythm and blues et de musique traditionnelle marocaine.
En anglais, en français ou en arabe, les membres du groupe ont su gagner un public visiblement séduit par leur jeunesse et leur fraîcheur complice.
Les festivaliers ont été gratifiés d’autres concerts donnés, entre autres, par le jeune groupe tangérois “Jy Blues”, guidé par le groove et la douceur de leur chanteuse Yasmine, mais aussi par le groupe “Seven Doors” de Chefchaouen qui a fait voyager l’assistance dans une musique du monde, croisant habilement des influences multiples et surprenantes: le funk, le reggae, le rock, la musique irlandaise et les musiques folkloriques marocaines.
D’autres artistes se sont également donnés rendez-vous, sur la scène de la corniche cette fois-ci. Deux troupes musicales, deux styles différents mais toujours le même engouement.
Interrogé par la MAP sur le succès de cette édition, le fondateur de TANJAzz, Philippe Lorin, a affirmé n’avoir que des compliments sur la programmation artistique de cette année qui était variée avec beaucoup de couleurs et de voix. “Les gens sont enchantés apparemment. Tant mieux car c’était le but!”, s’est-il réjoui.
Les jeunes étaient présents en masse à ce festival. En écoutant leurs commentaires fuser lors des spectacles, souvent avec une sensibilité déconcertante, du genre “wahou”, “quel artiste talentueux”, “ce show c’est du grand art”, ou même leurs applaudissements qui ponctuent pertinemment les moments d’apothéose, on se doit de respecter leurs oreilles musicales précoces.
Doté d’un coté intimiste de par le site enchanteur du Palais des institutions italiennes, le “TANJAzz” attire notamment des étrangers venant s’extasier devant leurs compatriotes. Des couples d’un certain âge, l’œil aiguisé, l’oreille à l’affût faisaient également honneur au jazz show, une béatitude attendrissante sur leurs visages.
Cette édition a enregistré une grande affluence estimée à 4.000 personnes pour les quatre jours du festival, selon M. Lorin, qui a déjà dévoilé les dates de la prochaine édition, prévue du 20 au 23 septembre 2018.
Placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI sous le signe “Les nouvelles voix du jazz”, cette 18ème édition du TANJAzz a pris son envol vers de nouvelles mélodies en vue d’explorer des pépites musicales hors des chemins balisés. De multiples influences Jazz ont été au rendez-vous, du flamenco à la samba, en passant par la funk, le rock, le Blues, le Hip Hop, la soul ou encore les sonorités marocaines pour certains, présentant le jazz sous un nouvel angle.
Une cinquantaine de concerts étaient au programme, rendant hommage aux jeunes talents de la scène mondiale du jazz après avoir honoré les femmes l’an dernier, avec en tête d’affiche l’artiste Rita Payés, le charismatique chanteur scatteur David Costa Coelho, la chanteuse métisse d’origine réunionnaise Mogane Ji, la jeune espagnole Izah et la rockeuse genevoise d’origines maroco-syriene Samia Tawil, entre autres.
Wahiba Rabhi (MAP)