INTRODUCTION GÉNÉRALE :
Le dixième Congrès national du Parti du progrès et du socialisme est une occasion pour réfléchir en profondeur sur les développements de la situation générale et leur impact sur l’évolution du Parti, dans le cadre international, régional et national. En effet, le Parti a toujours tenu, depuis sa création il y a plus de soixante-dix (70) ans, à bien préciser ses concepts et à bien encadrer sa politique avec suffisamment de clarté quant à ses principes, l’imprégnant ainsi du rationalisme qui le met à l’abri de toute déviation possible en l’absence de cette immunisation idéologique et politique. Cette démarche, respectée par le Parti dans tous ses Congrès, est un travail collectif sur lequel veille le Comité Central, en tant que cadre d’expression de l’intelligence partisane collective, et qui confère toute sa valeur à la production intellectuelle et idéologique du Parti, notamment à l’occasion de la préparation du Congrès, en procédant à l’analyse des données et du contexte politiques dans lequel il se tient. Après avoir participé pendant vingt (20) ans à la gestion gouvernementale, le Parti est en droit de s’interroger, dans le cadre d’une réflexion collective globale et complète, sur ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été parmi nos objectifs du changement et des réformes démocratiques, loin de toute autosatisfaction béate ou toute auto-flagellation abusive. Ces «thèses politiques» constituent un moment privilégié pour procéder à une profonde et rigoureuse introspection et pour tenter de comprendre le sens de l’étape et prospecter les horizons qui s’annoncent, par rapport aux responsabilités politiques, organisationnelles et historiques du Parti, sachant qu’au cœur de la philosophie organisationnelle sur laquelle s’appuie le Parti se trouve la vertu de la critique et de l’autocritique, auxquelles doit recourir le Parti de manière méthodique pour mieux garantir l’efficience de son action. Le Parti du Progrès et du Socialisme est en effet une école particulière pour mettre l’analyse scientifique et objective au service du «décryptage» d’une réalité complexe et pleine de contradictions. La réalité dans le cadre de laquelle se meut le Parti est, en effet, de nature complexe, tiraillée entre des tendances et des rapports de force contradictoires, à même d’exercer parfois des pressions sur la vie politique et militante, exigeant par conséquent que le Parti fasse preuve d’une assez haute capacité à la fois de résistance, d’objectivité et de clairvoyance pour traverser les zones de «turbulence» avec le moindre coût possible. Et cela, en recourant toujours et sans complaisance, à la sagesse et à l’objectivité, afin de préserver son identité fondamentale dans la prise de position et son expression, à sa manière, et avec le style particulier qui lui est reconnu et qui le distingue dans le champ politique national. Partant de ces considérations de principe, les «thèses politiques» s’articulent, dans une approche logique et cohérente, autour de six (6) axes :
LE PARTI DU PROGRES ET DU SOCIALISME ET L’HORIZON ECONOMIQUE, SOCIAL ET ECOLOGIQUE
Le PPS a accompli de multiples accumulations en matière d’analyse économique de la réalité marocaine avec ses ramifications et contradictions, et ce à partir du document référentiel du premier congrès national de 1975, en passant par les divers colloques ayant porté sur la question économique dans sa relation dialectique avec la question sociale, jusqu’aux programmes électoraux caractérisés par l’objectivité de l’approche et la précision de l’analyse.
Le programme du Parti se détermine à partir de son identité progressiste et les valeurs du socialisme auxquelles il croit et sur la base desquelles il agit au quotidien.Lesquelles valeurs sont fondées sur la justice sociale, la démocratie authentique, l’édification de l’Etat de droit dans tous les domaines de la vie, la participation du citoyen dans tout processus de développement, l’adhésion du Parti à toute initiative positive de nature à pousser le pays vers le progrès économique et social.Ainsi, le programme proposé s’appuie sur les principes fondamentaux suivants:
– Mettre le citoyen marocain au cœur du processus de développement en considérant la satisfaction des besoins sociaux comme le but ultime de ce processus, dans la mesure où la croissance n’aboutirait au développement que lorsqu’elle est accompagnée par des réformes structurelles englobant en même temps l’économie et la société;
– Edifier une économie forte et équilibrée basée essentiellement sur une industrialisation véritable du pays en se basant sur les ressources naturelles disponibles, et en créant une base technologique nationale avec la participation des centres de recherche qui travaillent dans le cadre des objectifs nationaux clairement élaborés et limités dans le temps et dans l’espace;
– Assurer un équilibre entre le marché intérieur et le marché mondial pour maîtriser l’ouverture, éviter la dépendance vis-à-vis des milieux financiers internationaux et garantir notre indépendance économique;
– Disposer d’un secteur public fort, chargé essentiellement d’assurer les services sociaux de base et de développer les secteurs stratégiques en partenariat avec le secteur privé, national et étranger, tout en le gérant d’une façon démocratique et transparente conformément aux dispositions constitutionnelles;
– Encourager le secteur privé et l’entreprise citoyenne socialement responsable, en luttant contre toutes formes d’économie de rente, de monopole et de privilèges injustifiés portant atteinte aux principes de la saine concurrence et de l’égalité des chances;
– Instaurer un régime fiscal juste et incitatif à l’investissement et à la production, visant la réalisation de la justice sociale et spatiale;
– Adopter «la planification stratégique» comme moyen de gestion rationnelle des ressources et des dépenses, de prospecter l’avenir pour faire face aux bouleversements éventuels et assurer la convergence nécessaire entre les différents programmes sectoriels et les politiques publiques garantissant plus d’efficacité et une gestion optimale des ressources disponibles;
– Revoir les modalités de territorialisation des projets et le mode de gouvernance en œuvrant pour la consolidation de la décentralisation et de la déconcentration dans le sens d’un allégement de la «centralité de l’Etat» en faveur de «l’Etat territorial» ;
– Prendre en considération la dimension écologique dans la mise en place des politiques publiques et faire l’étude d’impact environnemental en amont de tous les projets afin de sauvegarder notre capital naturel et réaliser la justice intergénérationnelle.
CHAPITRE I
BILAN DU MODELE DE DEVELOPPEMENT A L’ŒUVRE AU COURS DES DEUX DERNIERES DECENNIES
La méthode adoptée par le Parti pour élaborer le diagnostic de la réalité économique et sociale part des principes énoncés précédemment et vise, conformément à l’école de notre parti, l’objectivité et le bannissement de toutes formes de surenchère et de nihilisme. D’autant plus que notre Parti a participé, et participe toujours, à la gestion des affaires publiques et assume, par conséquent, sa part de responsabilité. Le bilan comporte, sans aucun doute des aspects positifs non négligeables, mais aussi des points de faiblesse et des insuffisances, notamment dans le domaine social et de la lutte contre la précarité.
1-Atouts de l’économie marocaine
– La préservation des équilibres macro-économiques : l’approche de notre Parti en la matière n’obéit pas à des considérations idéologiques et fondamentalistes, mais plutôt au souci de notre Parti à préserver l’indépendance de décision de notre pays pour ne pas passer sous les fourches caudines des institutions financières internationales, comme cela s’est produit au cours du programme d’ajustement structurel (PAS). Le Parti veille à lier les équilibres macro-économiques aux «équilibres macro sociaux».
– La réalisation de taux de croissance relativement élevés au cours des deux dernières décennies (3,5%-4%) considérés parmi les plus forts dans la région MENA.
-Une diversification relative de l’économie marocaine. Celle-ci est passée progressivement d’une économie primaire basée sur les matières premières et les produits agricoles à une économie secondaire basée sur la transformation des produits, la remontée dans le cycle des valeurs et la création de valeur ajoutée.
-Cette diversification relative de l’économie a donné lieu à une diversification du commerce extérieur. Malgré le fait que l’UE demeure notre partenaire principal, force est de constater que sa place s’est réduite au bénéfice de nouveaux partenaires comme les pays émergents et les pays africains suite à l’ouverture de notre pays sur notre continent.
– La disposition d’une infrastructure valable dans l’ensemble sous forme d’autoroutes, de ports et d’aéroports avec un déficit en matière de voie ferrée et une répartition déséquilibrée entre régions. Ainsi, les régions de l’intérieur vivent encore dans l’isolement et souffrent de l’absence d’une infrastructure à même d’assurer l’attractivité et de faciliter la dynamique économique et commerciale. Le Maroc a réalisé ces acquis grâce à la politique des grands chantiers, politique dont le PPS a été un précurseur et dont il continue à réclamer la poursuite.
2-Lacunes du modèle de développement
Ces aspects positifs ne sauraient dissimuler certaines faiblesses et lacunes qui montrent les limites du modèle de développement et des capacités de son inclusion. Ces limites peuvent être énoncées comme suit :
-L’accumulation du capital, l’accroissement de la valeur ajoutée et la création de richesses n’ont pas profité à toutes les composantes du peuple marocain. Une lecture des statistiques nationales et mondiales montre clairement que c’est une couche limitée de privilégiés et de rentiers qui s’est accaparée l’essentiel des richesses. Ce qui n’a fait qu’aggraver les disparités sociales et spatiales et partant les manifestations du sous-développement, de l’exclusion sociale, de la privation et de la misère. C’est un modèle que nous pouvons qualifier de modèle de production de la pauvreté.
-Ainsi, les politiques publiques sectorielles qui ont intéressé divers secteurs productifs et de services ont manqué d’efficacité et d’efficience en l’absence d’un plan national qui aurait pu assurer le lien entre ces politiques et réaliser leur convergence autour des objectifs nationaux communs et fixés d’une façon participative et démocratique en associant à leur mise en œuvre l’ensemble des acteurs institutionnels, parlement, collectivités territoriales, partenaires sociaux et acteurs associatifs. Ces plans ont été lancés d’une façon unilatérale et parcellaire sans aucune mobilisation nationale faisant d’eux des plans « orphelins »déconnectés du tissu économique et social. Le résultat « logique » étant l’approfondissement des disparités sociales et territoriales, et la persistance de la pauvreté et de l’exclusion. Tous les indicateurs montrent, en effet, l’élargissement du gap entre le dixième de la population le plus pauvre et le dixième le plus riche en partant des données sur les enquêtes de la consommation. Mais si on prend en considération les données relatives au revenu et au patrimoine, les disparités sociales atteignent des niveaux faramineux et inquiétants, menaçant ainsi sérieusemen tla stabilité sociale.
Quant au niveau des disparités territoriales, on constate que trois régions sur douze représentent à elles seules près de 60% de la richesse nationale, en soulignant toutefois que la population des régions pauvres souffre davantage de la pauvreté, du chômage et de l’accès aux services sociaux.
-Au niveau du taux de la pauvreté, et malgré le recul de la pauvreté absolue suite au lancement des initiatives sociales comme l’INDH qui a drainé des sommes importantes depuis mai 2005, on constate que la vulnérabilité et la pauvreté multidimensionnelle n’ont fait dans le meilleur des cas que stagner à leur niveau antérieur, lequel dépasse le quart de la population globale sachant que ce niveau pourrait atteindre la moitié de la population rurale, notamment dans les zones montagnardes et isolées où la population continue de vivre dans des conditions extrêmement dures nous renvoyant au moyen âge.
-Le résultat définitif d’une telle politique économique réside dans la recrudescence des manifestations sociales qu’elles soient organisées ou spontanéeset dont le mobile essentiel est le respect de la dignité humaine, c’est-à-dire la satisfaction des droits économiques sociaux et culturels conformément aux dispositions de la constitution. Il est probable que ces manifestations prendraient à l’avenir plus d’ampleur si on ne répondait pas aux revendications, somme toute légitimes, de la population.
Notre parti, eu égard à sa position politique est interpellé avec force pour présenter l’alternative. Il ne s’est jamais d’ailleurs départi de sa responsabilité historique par rapport aux différents événements qui concernaient notre peuple et notre pays. Il a toujours œuvré pour la présentation des alternatives nécessaires et des propositions pratiques de nature à dépasser la crise,à améliorer le niveau de vie de nos concitoyens, à garantir leur dignité et créer un climat de confiance. Ce qui est demandé aujourd’hui, ce n’est pas de simples retouches intéressant certaines questions et problématiques, mais une révision profonde des choix et orientations qui fondent le modèle de développementà l’œuvre, lequel modèle a atteint, de l’aveu de tous, toutes ses limites et n’est plus en mesure d’assurer le progrès du pays et sa stabilité et partant de réaliser l’épanouissement social à toute la population.
CHAPITRE II
L’ALTERNATIVE PROGRESSISTE DU PARTI DU PROGRES ET DU SOCIALISME
On sait que le PPS ne se limite jamais à la critique et au diagnostic et ce quelle que soit sa position mais il s’efforce toujours de présenter l’alternative et les voies de sortie de la crise en partant de son référentiel intellectuel , de son identité idéologique et de ses engagements principiels. Pour ce faire, il procède d’une analyse concrète d’une situation concrète en se tenant au réalisme et en évitant les mots d’ordre pompeux et les surenchères stériles. Ainsi, l’alternative que présente le PPS s’appuie sur le possible et le réalisable prenant en considération les possibilités de notre pays et les moyens disponibles ou ceux qui peuvent être mobilisés à moyen terme.
L’approche du PPS de la question économique est intimement liée à la question sociale puisqu’il considère que tout ce qui est économique est également social mettant ainsi l’homme au cœur du processus de développement. Ce faisant, il récuse l’approche économiste et technocratique qui s’appuie sur les mécanismes du marché comme moyen de réaliser l’équilibre social et donne la priorité à la production de la richesse d’abord avant de procéder à sa répartition. Nous considérons, au PPS que ces deux actions sont concomitantes et qu’il n’est pas juste d’établir une priorisation entre les deux. D’ailleurs, les expériences internationales ont suffisamment montré la justesse de cette thèse puisque les sociétés qui connaissent une répartition plus égalitaire de la richesse sont celles qui enregistrent des taux de croissances les plus élevés et montrent une grande résilience face aux crises. De ce fait, l’efficacité économique ne se contredit nullement avec la justice sociale. Au contraire, elles sont des jumelles qui se complètent en parfaite harmonie. En conjuguant efficacité économique et justice sociale, on parviendrait à réaliser le développement durable basé sur la préservation des richesses naturelles et leur exploitation d’une façon rationnelle, à assurer une vie respectueuse de la dimension humaine et de l’équilibre entre l’homme et la nature afin de préserver les intérêts des générations futures et de respecter les engagement de notre pays au niveau mondial.
Une croissance forte et durable
Ce qui est demandé c’est d’édifier une économie nationale développée et basée sur une harmonie parfaite entre différents secteurs : primaire, secondaire et tertiaire, en veillant à démanteler le système rentier qui déforme l’activité économique et nuit à la concurrence libre et saine comme fondement au développement de l’économie de marché et du libéralisme dans son acception positive.Car le libéralisme ne signifie nullement l’anarchie et la domination de la loi de la jungle, mais il obéit à des normes juridiques et éthiques que l’Etat se doit de faire respecter par tous les intervenants et les acteurs.
-Assurer une croissance forte et durable est une nécessité vitale pour affronter les grands défis du pays. Ce qui implique l’encouragement de l’investissement productif au détriment de l’investissement spéculatif, la mise en place d’un plan de développement de la PME en envisageant la création à l’avenir d’une banque publique d’investissement dédiée. Il convient également de revoir les programmes sectoriels en vue d’assurer leur convergence et leur efficacité comme cela a été souligné précédemment.
-Orienter le plan Maroc Vert en priorité vers la réalisation de l’objectif de la sécurité alimentaire, le développement du monde rural, l’amélioration du revenu des petits et moyens agriculteurs.
Ce qui implique de donner la priorité au pilier II qui ne bénéficie que d’un dixième de l’effort d’investissement contre 90 % en faveur de la grande exploitation et l’agriculture exportatrice (pilier I). Le PPS propose à cet égard d’encourager les petits paysans (agriculteurs et éleveurs) à s’organiser au sein des coopératives bénéficiant d’un grand soutien de l’Etat au niveau de l’encadrement technique, du développent de la production et de la commercialisation du produit. Ce qui nécessite une révision de la loi 112-12 relative aux coopératives pour être en adéquation avec les exigences de la vie économique à l’instar de ce qui existe dans d’autres pays.
En outre, un traitement particulier doit être accordé aux travailleurs agricoles en œuvrant à une augmentation graduelle du SMAG dans la perspective de son alignement sur le SMIG.
Il faut également rationaliser les ressources disponibles et particulièrement les ressources hydrauliques, protéger la diversité biologique, lutter contre l’érosion et l’ensablement en protégeant la couverture forestière et végétale.
-Renforcer la présence de l’Etat et de l’entreprise nationale dans le processus d’industrialisation en améliorant le niveau d’intégration,en allant vers l’édification d’une base technologique nationale avec la participation de l’université marocaine et des instituts de recherche dans la perspective de disposer d’une véritable industrie nationale à même de gagner le défi de la compétitivité mondiale et d’assurer l’indépendance de l’économie nationale.
-Accorder une importance capitale au développement de l’ESS (économie sociale et solidaire) en renforçant les relations de partenariat avec le réseau national de l’ESS. Il faut veiller à réviser le système de la mutualité, à améliorer le niveau d’encadrement des associations particulièrement celles qui œuvrent dans le domaine économique et environnemental et mettre à niveau le secteur des artisans en développant la formation dans les métiers pour éviter leur disparition.
-Avoir présent à l’esprit la dimension écologique dans la mise en œuvre des politiques publiques en symbiose avec l’identité de notre Parti en tant que parti éco-socialiste et avec les exigences de la justice intergénérationnelle.
Ce qui implique, entre autres, une valorisation du projet des énergies renouvelables pour réaliser le principe de «l’énergie propre», une sensibilisation des ingénieurs marocains à la question écologique, unegestion rationnelle de nos ressources naturelles et une promotion de «l’économie verte» en luttant contre toutes formes de gaspillage et en encourageant «l’économie circulaire».
2- L’investissement dans les secteurs sociaux est un investissement productif
Si le PPS considère les secteurs sociaux comme secteurs productifs, c’est parce que l’investissement dans de tels secteurs constitue un stimulant au développement des secteurs productifs. A titre d’exemple, à chaque fois qu’on investit dans le secteur de l’éduction, cela conduit automatiquement à l’accroissement de la productivité, et partant à l’amélioration du niveau de compétitivité de l’économie nationale et de sa performance. Ainsi, le PPS œuvre pour la défense du caractère public des secteurs sociaux et contre leur privatisation.
La problématique de l’éducation-formation
Le PPS s’engage à défendre l’école publique nationale, à réviser en profondeur notre système éducatif, de formation et de la recherche scientifique, à présenter des réponses concrètes aux problématiques posées telles que la qualité de la formation et sa généralisation à l’ensemble de notre peuple, y compris ceux qui pâtissent de l’illettrisme et de l’analphabétisme, la garantie de la gratuité de l’enseignement et l’augmentation du budget consacré à la recherche scientifique, l’élargissement des capacités d’accueil de l’université marocaine. Le PPS considère l’enseignement et la formation comme un moyen de réaliser le développement économique et social, de développer l’esprit d’ouverture, de tolérance et de citoyenneté authentique, d’assurer l’égalité des chances à travers l’ascension sociale. Il faut, par ailleurs, donner un intérêt particulier aux formateurs en tant qu’ acteurs essentiels dans toute entreprise de réforme en mobilisant également les élus et en s’assurant de l’adhésion de la société civile et des associations des parents des apprenants.
Le PPS réitère son engagement à éradiquer l’analphabétisme, qui concerne aujourd’hui 30 % de la population, dans un délai ne dépassant pas 5 ans.
Pas de développement sans la garantie d’une santé saine, physique et mentale au profit des citoyens
Le PPS s’engage à poursuivre les efforts accomplis jusqu’à présent et à valoriser toutes les réalisations en corrigeant certains dysfonctionnements et limites observés, tels que la gestion du RAMED, le renforcement des moyens accordés aux régions lointaines et une répartition plus équitable des ressources.
Le défi posé consiste à parvenir à une couverture sanitaire et sociale universelle dans des délais raisonnables. Ce qui passe par :
Une augmentation graduelle de la part du budget affectée à la santé dans la perspective d’atteindre 10% à moyen terme ;
Une amélioration de la qualité des prestations au niveau des hôpitaux publics et des urgences en se positionnant contre la «marchandisation de la santé»;
Une solution au manque de ressources humaines tant en médecins qu’en infirmiers tout en améliorant leurs conditions de travail;
Une mise en place des normes de régulation du secteur privé selon un cahier de charges déterminant d’une façon précise les obligations à respecter et son intégration à la politique sanitaire de l’Etat.
Créer des postes d’emploi en nombre suffisant et combattre le chômage par tous les moyens.
La création des opportunités d’emploi est tributaire en premier lieu du niveau de la croissance économique. C’est pour cela qu’il faudrait mettre cette problématique au centre des politiques macro-économiques et encourager les activités fortement créatrices d’emplois. L’emploi dépend aussi du niveau de la formation et de sa qualité, de la transparence du marché du travail et de l’amélioration du niveau de l’intermédiation outre l’amélioration du fonctionnement des politiques actives de l’emploi.
Considérant l’instauration de l’indemnité pour perte d’emploi comme un acquis de taille, le PPS milite pour une révision des critères posés pour bénéficier de ce régime dans le sens de leur assouplissement.
La lutte contre les disparités sociales et spatiales et la promotion des zones montagneuses
Notre Parti a organisé des ateliers de réflexion et de lobbying autour de ces problématiques qui sont au cœur de ses préoccupations. Il va sans dire que l’amélioration de la qualité des services publics mentionnés ci-dessus (santé et enseignement notamment) en plus d’un emploi décent au bénéfice de tous serait de nature à contribuer en grande partie à réduire ces disparités et à limiter la pauvreté et la vulnérabilité. Outre ces propositions, le PPS s’engage à œuvrer en vue de :
*réviser le système des salaires dans le sens de réaliser l’égalité homme-femmes notamment dans le secteur privé, de réduire les disparités, et de limiter le niveau des salaires et de rémunérations exorbitants qui découlent de l’économie de rente;
*accélérer le rythme de la couverture sanitaire pour qu’elle englobe toutes les couches sociales qui en sont privées et tout particulièrement les paysans, les artisans, les commerçants et toutes les professions libérales et dont le nombre dépasse les 10 millions;
*mettre en œuvre un régime fiscal équitable en rationalisant les exonérations et en révisant le système des dérogations;
*instaurer un régime de ciblage au bénéfice des personnes aux besoins spécifiques en activant le principe de solidarité nationale.
De la question sociale en général
Le fait d’avoir traité exclusivement certaines questions ne signifie aucunement que le PPS fait fi des autres questions sociales aussi importantes ou qu’il les considère non prioritaires, loin s’en faut. Toutes les questions sociales ont fait l’objet d’un examen approfondi à plusieurs occasions. Qu’il s’agisse des questions de l’enfance , des droits de l’enfant et de sa protection contre l’exploitation , ou qu’il s’agisse des questions de la jeunesse et de ses défis, ou du rôle du sport comme moyen d’éducation et d’émergence des talents, ou des droits des personnes aux besoins spécifiques, la littérature produite par le Partie est riche en analyses, en positions clairement exprimées et en propositions d’action concrètes. Notre Parti est disponible à tout moment pour préciser, en cas de besoin, ses positions en partant de son référentiel intellectuel et de ses expériences politiques.
3- Développement et démocratie : une relation dialectique
Il est communément admis que le développement et la démocratie constituent un binôme inséparable : pas de développement sans démocratie et vice versa. D’ailleurs, les expériences internationales ont montré que toute atteinte au principe de la démocratie se paie chèrement au niveau de la vie des citoyens et de la stabilité du pays. En tout état de cause, seuls les régimes démocratiques ont des dispositions à présenter des réponses valables aux problématiques économiques dans leur diversité et complexité. Par conséquent, il n’y a pas d’alternative à la démocratie et ceux qui pensent le contraire se trompent lourdement.
La démocratie dans son acception universelle ne se limite pas aux opérations électorales et à la mise en place des institutions représentatives aux niveaux national et local, nonobstant leur importance, mais elle consiste à créer une dynamique plus large à travers la mobilisation de la population et la garantie de sa participation, la création de mécanismes efficaces de contrôle et de redevabilité et la réalisation de la complémentarité entre les instituions nationales et les institutions territoriales.
Nécessité du retour à la planification.
Notre pays a grandement pâti de l’abandon de la planification à la fois en tant qu’idée et pratique et ce depuis le début des années 80 du siècle dernier. Le PPS considère que le retour à la planification est vital en ces temps de turbulences qui caractérisent la situation économique tant mondiale que nationale. L’adoption d’un plan stratégique est de nature à assurer une grande efficience des programmes sectoriels qui souffrent, rappelons-le, d’une faiblesse en termes d’efficacité et d’une absence de convergence. Un tel plan stratégique couvrant une période au moins égale à une législature, avec des objectifs homogènes, des priorités fixées démocratiquement, des moyens adéquats par rapport aux objectifs, en mettant en place des mécanismes de suivi et d’évaluation,aiderait notre pays, sans nul doute,à affronter les turbulences,à réduire la marge des incertitudes du futur et à réaliser plus de justice sociale et spatiale.
La promotion de la régionalisation, le développement de la gouvernance territoriale et la politique de proximité
L’opérationnalisation de la régionalisation, en tant que grand projet civilisationnel, selon les dispositions constitutionnelles en la matière et la loi organique sur les régions, serait de nature à créer des transformations profondes aux niveaux politique et des institutions économiques et sociales. Il s’agit d’appliquer les prérogatives dévolues aux conseils régionaux et d’injecter l’argent nécessaire dans les deux fonds prévus par la Constitution : Fonds de mise à niveau des régions et Fonds de solidarité interrégionale.
Il faut reconnaitre que le rythme d’avancement de ce projet n’incite guère à la satisfaction puisque la décentralisation demeure encore un rêve non accompli sur le terrain.C’est la raison pour laquelle le PPS, croyant fortement à la pertinence du projet, propose de donner un élan fort à ce projet sociétal pour le conduire à son terme sans tergiversation aucune, tout en révisant l’articulation territoriale entre la décentralisation et la déconcentration. Il n’y a pas d’alternative au transfert des compétences vers les régions et les collectivités territoriales et l’élargissement des pouvoirs des instances élues en limitant au maximum le poids de la tutelle qui freine la réalisation des projets.
L’objectif à moyen terme serait de créer des entités territoriales disposant de l’autonomie nécessaire dans la prise de décisions et la réalisation des projets tout en créant des ressources propres qui viendraient s’ajouter aux ressources publiques qui devraient être transférées au bénéfice des régions et des collectivités territoriales.
Démocratie participative et mobilisation populaire
Partant de la conviction de notre Parti selon laquelle la bataille pour le développement n’est pas une affaire du seul gouvernement et n’intéresse pas une partie sans une autre, mais une question de tout un peuple, il préconise la participation de tous dans le cadre d’une mobilisation populaire globale pour enraciner les principes de la démocratie participative. A cette fin, on peut concevoir plusieurs formes de cette mobilisation et d’initiative populaire dont certaines sont stipulées par la constitution comme le droit de présenter les pétitions et les motions législatives conformément aux articles 14 et 15 de la constitution et des deux lois organiques relatives à ce sujet. D’autres initiatives sont laissées à notre intelligence collective sachant que la meilleure manière de créer un climat mobilisateur dans les milieux populaires réside dans la libération des initiatives et leur encouragement en donnant l’occasion à faire exprimer les énergies créatives et l’innovation dans différents domaines et en améliorant le niveau de connaissance des citoyens et en attisant leur conscience sociale.
La redevabilité, base de la gouvernance démocratique
L’obligation de rendre des comptes pour tout responsable est considérée comme l’un des piliers fondamentaux d’une gouvernance démocratique.
La nouvelle constitution de 2011 comporte une série de dispositions allant dans ce sens. Le PPS œuvre pour une application saine démocratique et progressiste de la constitution en accélérant le rythme de l’opérationnalisation à travers l’adoption des lois organiques. Le PPS œuvre également à donner vie aux différentes instances de gouvernance prévues par la constitution comme le Conseil de la Concurrence et l’Instance Nationale de prévention de la corruption.