La plupart des activités économiques concernées par la production de matières premières sont gourmandes en capitaux. L’activité agricole n’échappe pas à cette règle. Si le financement agricole au Maroc comporte déjà beaucoup de produits avec des conditions diverses, il semble toutefois que certains agriculteurs ne se retrouvent pas encore dans les catégories existantes. C’est dans ce contexte, que les acteurs du financement au Maroc cherchent toujours à développer des solutions innovantes dans le but d’attirer la majorité des agriculteurs et des opérateurs des secteurs de l’agro-industrie et l’agro-alimentaire.
La banque participative, une alternative?
La banque participative peut être une alternative de financement agricole pour les catégories qui ne sont pas encore bancarisées et qui souhaitent recourir à un crédit dit « islamique ». D’ailleurs, cela fait un an que les premières banques participatives ont entamé leurs activités au Maroc. Ce sont cinq banques à part entière et trois fenêtres qui sont autorisées à exercer pleinement cette activité. Les chiffres montrent qu’aujourd’hui, la finance participative couvre 90% des besoins des particuliers, 75% de ceux des professionnels et 50% des attentes des entreprises. Le besoin en financement immobilier et automobile est couvert par les banques participatives de la place à hauteur de 80% contre 60% pour le financement à l’équipement, notamment agricole.
En effet, les banques participatives doivent être présentes sur tous les secteurs économiques. Certes, l’agriculture n’est pas le secteur préféré des banques vu son cycle d’exploitation atypique et la dépendance des aléas climatiques, ce qui augmente le niveau de risques. Toutefois, l’existence de nouvelles banques notamment participatives est une bonne nouvelle pour les agriculteurs qui ont une bonne signature. Ils pourront, ainsi, arbitrer entre les différentes offres.
D’ailleurs, en cohérence totale avec le positionnement et la stratégie de sa maison mère, le Crédit agricole du Maroc, la banque participative Al Akhdar Bank accorde une importance particulière au financement de l’agriculture et de l’agro-industrie. La banque a, ainsi, mis en place des solutions de financement participatif qui répondent aux besoins du secteur agricole et agro-industriel en termes d’équipements (irrigation, énergie solaire, mécanisation…) et de matériel roulant (véhicule utilitaire, tracteurs…) à travers les produits Mourabaha équipement et Mourabaha véhicules validés par le Conseil Supérieur des Oulémas. D’autres produits sont en cours de validation pour couvrir tous les besoins de financement et d’exploitation des agriculteurs, notamment Ijara, Moucharaka, Moudaraba, Wakala…
Dans le même sillage, les autres banques ou fenêtres participatives devraient proposer des solutions de financement dédiées à l’agriculture et l’agro-industrie ainsi que prouver la compétitivité de leurs produits en plus de la conformité islamique.
Si le financement participatif se présente comme une alternative pour une catégorie bien ciblée, le financement classique proposé par les banques de la place marocaine demeure varié en termes d’offres pour le développement de la filière agricole et agro-industrielle.
Du leasing vert !
Parmi les dernières solutions proposées par le secteur bancaire marocain, figure la nouvelle filiale du Crédit Agricole du Maroc (CAM), CAM leasing. Il s’agit de la première société dédiée uniquement au leasing vert dont le principal objectif, selon la maison mère, est de proposer des produits répondant aux différents besoins des agriculteurs et visant l’amélioration de leur productivité et de leurs revenus et leur développement durable au travers de la modernisation et du renforcement de leurs équipements et moyens de production. Via sa nouvelle filiale de leasing, le CAM ambitionne, entre autres, à terme, de financer 50% des ventes annuelles de tracteurs.
Par ailleurs, le groupe Attijariwafa Bank met à la disposition des agriculteurs et des opérateurs de l’agro-industrie la formule du leasing pour le financement des besoins en biens d’équipements (tracteurs, moissonneuses batteuses, machines de production…) et en biens immobiliers (terrains, ateliers de production, usines, magasins de vente…). La quotité de financement peut aller jusqu’à 100 % du montant avec une durée de 30 à 60 mois pour le leasing mobilier et de 10 ans pour le leasing immobilier.
Une assurance dédiée…Pourquoi pas le Takaful?
L’accompagnement des agriculteurs pour le développement de leur activité et leur transformation économique en tirant parti de leurs ressources naturelles abondantes et des changements des processus de production ne repose pas uniquement sur le financement. Mais, cet accompagnement s’effectue à travers la création de produits d’assurance agricole spécifiques à chaque type d’activité agricole.
C’est dans ce sillage que la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (Mamda) s’adresse à tous les exploitants agricoles, quelle que soient l’activité de production (élevage, céréales, fruits et légumes, apiculture…etc.) et la taille de l’exploitation, et qui souhaitent être protégés contre un sinistre éventuel. L’assureur offre un intéressement et une participation aux excédents de gestion à tous ses sociétaires. Une ristourne substantielle pouvant atteindre 20% du montant de la cotisation, sans tenir compte de la sinistralité, est versée une fois par an sous condition.
Etant donné qu’il n’y a pas de producteur agricole type, la Mamda adapte ses offres en fonction des nécessités et des exigences de chacun. Il s’agit, entre autres, des assurances agricoles contre l’accident de travail agricole, le grêle ou l’incendie, le vol ou les maladies. Récemment, le spécialiste de l’assurance agricole a développé également des supports de communication sur les produits d’assurance «mortalité du bétail » et « arboriculture». D’autre part, il a conclu une convention de partenariat avec la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) portant sur la promotion des produits d’assurance auprès des opérateurs du secteur avicole. Aussi, Mamda œuvre pour un processus rapide de traitement des dossiers de souscription et d’indemnisation des bénéficiaires.
Il faut dire qu’à l’instar de la finance participative, le Takaful pourrait apporter une innovation importante et être un moyen équitable et éthique de protection de l’activité agricole.
Kaoutar Khennach