«Dictature no, démocratie si!» scandaient, à l’unisson et malgré l’important dispositif policier qui «contredit l’image de normalité que le gouvernement cherche à imposer depuis des mois», les milliers de manifestants réunis ce samedi 21 septembre en différents lieux de Managua, la capitale du Nicaragua, à l’appel de la coalition d’opposition UNAB (Unité nationale Bleu et Blanc) formée en 2007 au moment du retour au pouvoir de Daniel Ortega qui avait déjà été à la tête du pays de 1979 à 1990.
Les manifestants qui dénonçaient ce samedi le despotisme du président Ortega et de son épouse, Rosario Murillo devenue sa vice-présidente depuis Août 2016 réclament la démocratisation du pays, la fin de la répression et la libération de tous les prisonniers politiques.
Baptisée «Nada esta normal» (rien n’est normal), cette marche condamne le double-langage d’un gouvernement qui s’acharne à récuser les incessantes violations des droits de l’Homme au Nicaragua que dénonce avec force une opposition qui réclame le départ de l’ancien guérillero du Front sandiniste de libération nationale (FSLN), aujourd’hui âgé de 74 ans, à qui elle reproche une dérive autoritaire et qui, de son côté, rejette toute assistance de la communauté internationale à même de l’aider à mettre fin au bras-de-fer qui l’oppose à ses rivaux politiques et à sortir d’une crise qui s’éternise après avoir fait au moins 325 morts et plus de 2.000 blessés.
«En maintenant un Etat policier répressif, Ortega joue un double jeu pervers en appelant à la paix et au dialogue tout en violant les accords convenus avec l’opposition», rappelle José Pallais, un ancien député du Parti libéral qui faisait partie de l’équipe des négociateurs de l’Alliance civique pour la justice et la démocratie (ACJD) qui regroupe des syndicats, des organisations de la société civile, des entreprises et des étudiants avant que cette dernière ne suspende le 3 Avril dernier tout dialogue avec le pouvoir de Managua ; ce qui a plongé le pays dans l’impasse.
Pour rappel, le bras- de-fer qui oppose le pouvoir de Managua à la coalition «Azul y Blanco» (Bleu et Blanc) se poursuit depuis qu’en Avril 2017, une révolte populaire réclamant le départ du vieux chef de l’Etat et de son épouse pour avoir instauré un «régime népotiste et corrompu» avait été réprimée dans le sang.
Et si, enfin, le Parlement européen avait approuvé, le 14 mars dernier, une résolution prévoyant le gel des comptes bancaires en Europe de plusieurs hauts fonctionnaires nicaraguayens après que Washington ait limité, en décembre 2018, l’accès du Nicaragua aux prêts internationaux, force est donc de reconnaître que, même sur le plan des relations internationales, l’étau se resserre bien fort autour du président Daniel Ortega et de sa conjointe et vice-présidente Rosario Murillo. De quoi donc demain sera-t-il fait au Nicaragua ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi