Le gouvernement vient de faire sa mue. Sa gestation s’est étendue sur deux mois durant lesquels l’expectative fut de mise, à la veille de la reprise parlementaire et en pleines délibérations des conseils de régions et de communes. Il serait, peut-être prématuré d’avancer des jugements sur un exécutif en cours d’installation, en vertu des démarches réglementaires en vigueur. Toutefois, sinon d’appréciation précoce, il se serait, sans doute, agi des constats préliminaires sur la nature et la composition de la nouvelle formation fraîchement nommée pour le reste du mandat.
Sans aucun parti pris ni esprit vindicatif, on relèvera, de prime abord, que cette seconde copie se raréfie d’une manière notable, comme convenu, à plus du tiers de sa prédécesseur. De même, on s’est, hardiment, forcé de fusionner des portefeuilles sectoriels rapprochés, tout en se passant des Secrétariats d’Etat, en prolongement du sort de celui de l’eau, il y a un peu plus d’un an.Jusqu’ici, on s’est gardé, sur la forme, de remédier à certaines entravesinhérentes à l’exorbitance de l’effectif, à l’empiètement et l’interférence des secteurs et au conflit ministre/secrétaire d’Etat.
Toutefois, on notera, sans beaucoup de surprise,que l’architecture globale n’a pas subi de changement qualitatif, en ce sens qu’elle maintient, visiblement, à quelques exceptions près, les mêmes figures aux postes pivots, à savoir les finances et économie, l’industrie et commerce, la pêche et l’agriculture, l’énergie et mine, l’équipement et transport…Ces «gros» morceaux du plat de résistance en direction desquels on pointait le doigt de reproches à leurs auteurs respectifs, en matière d’inertie, sont donc assurés par les mêmes têtes, bien consommées auprès de l’opinion publique.
«On ne change jamais une équipe qui gagne !», dirait-on dans le jargon sportif, en pareille circonstance. Mais, il semble bien, en antinomie criarde, qu’on ne pourrait guère reconduire une équipe qui perd. D’autant plus qu’elle est, en fait contestée par la plus Haute Autorité du pays, dans ses multiples discours. De surcroît, la razzia technocrate, plus que le tiers de l’équipée, quoique bourrée de technicité avérée, déviderait, à coup sûr, son action de toute substance politique. D’autre part, la notion des compétences, arborée d’une façon substantielle, en amont de cette constitution, parait, à un degré élevé, viscéralement mitigée, en aval.
Ceci étant, comme indiqué sus-dessus, on ne saurait trop vilipender une flopée de décideurs qui vient de prendre les rênes de ce mi-mandat, mis au pied du mur. Nonobstant, il ne fera certainement pas de doute qu’on ne pourrait pas, sans pour autant être trop revêche, espérer grand-chose de cette nouvelle mouture, puisqu’elle manque, à priori, de portage foncièrement politique pouvant affûter les stratégies et les politiques publiques à mener à bon port… Espérons quand même qu’on sera contredit par des faits concrets dans les jours à venir!