La Gauche libanaise perd l’une de ses figures historiques

Adieu Mohsen Ibrahim

Mohsen Ibrahim, ancien secrétaire général de l’Organisation d’action communiste au Liban et figure historique de la gauche libanaise, s’est éteint, mercredi dernier à 85 ans des suites d’une longue maladie.

Le défunt avait marqué la scène libanaise et arabe durant près de deux décennies. Il a été connu pour son engagement dans faille pour les causes de son peuple et, plus particulièrement, pour la Palestine et son peuple (chassé de sa terre par Israël) qu’il a défendus avec ardeur, lors de la guerre civile de 1975, contre les phalanges libanaises, alliées à l’époque à Hafed Al Assad…

A cette époque, le mouvement national libanais (MNL), était composé essentiellement du Parti communiste libanais, dirigé par le grand militant et leader feu Georges Haoui, et du Parti socialiste progressiste de feu Kamal Joumblatt, en plus de l’OACL.

Le premier a été assassiné, en 1976, juste après la création du MNL, le second, en 2005 par une bombe mise dans sa voiture.

Le dirigeant de l’OACL, outre son poste de secrétaire général du MNL, était co-fondateur, en 1982 avec Georges Haoui, du Front de la résistance nationale libanaise, qui avait donné du fil à retordre à l’invasion israélienne, avant d’être dépassé par le Hizbollah de Cheikh Nasrallah.

Le défunt avait marqué la scène libanaise et arabe pour avoir été le premier homme politique de grand plan à décider, volontairement, de quitter la vie mondaine. Il abandonnera toute action politique depuis et fera, à l’occasion de l’assassinat de Georges Haoui, son autocritique, estimant que la gauche libanaise avait fait une grosse erreur, lorsqu’elle a pris cause et âme pour la question palestinienne, croyant qu’elle allait résoudre le problème du confessionnalisme. Et pourtant, Mohsen Ibrahim «tait connu pour sa solidarité sans faille avec le peuple palestinien».

Car très jeune, il avait adhéré au Mouvement des nationalistes arabes, organisation panarabe, créée, notamment par le Palestinien Georges Habach, au début des années cinquante, à la faveur du Nasérisme triomphant en Egypte, après le coup d’Etat militaire réussi par Jamal Abdel Nasser et les «Officiers libres» ayant détrôné le roi Farouk.

Le MNA aura ses jours de gloire avec l’arrivée, en 1963 puis en 1969, du Parti Baâth en Irak et en Syrie, et dont les éclats avaient atteint la Libye avec le putsch contre le roi Idriss, fomenté par le colonel Kadhafi, au départ émule déclaré du zaîm Gamal abdel Nasser,

Du panarabisme au marxisme

Mais la défaite arabe, lors de la guerre des six jours contre Israël, va changer les cours, le destin et le chemin de Habache et Ibrahim.

Les deux hommes, sur fond du fort écho donné par les pays de la communauté des pays socialistes, noueront avec le marxisme et, chacun, créera sa nouvelle organisation, respectivement le FPLP (le front populaire pour la libération de la Palestine) et l’OACL. Et la Palestine restera au cœur.

Et c’est lors de l’invasion du Liban, par Israël, et le siège de Beyrouth, avec la prise en otage de feu Yasser Arafat, que Ibrahim et Haoui avaient crée le Front de la Résistance Nationale pour défendre Arafat, la Palestine et le Liban.

Comme pour Georges Haoui durant une certaine période, il avait été  un farouche opposant à la présence syrienne au Liban et son interférence dans la donne politique interne au pays du Cèdre.

La Palestine en deuil

Le défunt fera preuve d’une allégeance et d’un attachement presque sans limite à Yasser Arafat, qui rappelons-le, était assiégé à Beyrouth par le Tsahal…

Et même, loin de la politique libanaise, il a continué à soutenir le «jeune» Etat palestinien, né des accords d’Oslo.

En Palestine et dans le monde arabe, comme au sein de la classe politique libanaise,  un vibrant hommage est rendu à «Abou Khaled », en tant que« figure de la lutte arabe et nationale » qui a « consacré sa vie à la cause palestinienne».

Mahmoud Abbas – la Palestine reconnaissante- lui décernera la plus importante distinction palestinienne en reconnaissance de son rôle dans «la défense des droits du peuple palestinien»… après avoir été proclamé, depuis longtemps, «Citoyen de Palestine».

Le drapeau palestinien restera en berne et la Palestine en deuil, en reconnaissance à la grande générosité et à l’altruisme de ce grand homme politique.

Mohamed Khalil

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