Mohamed Nait Youssef
Un autre visage lumineux de la scène théâtrale et cinématographique nationale s’est éteint. Certes, on le savait malade depuis un temps, Abdeladim Chennaoui, artiste aux multiples facettes, a passé l’arme à gauche, vendredi 10 juillet à Casablanca, après une longue lutte contre la maladie. Il avait 85 ans.
Un géant s’en est allé pour rejoindre d’autres cieux plus sereins et clames. «Arab Theatre Institute partage avec les hommes et les femmes de la scène théâtrale marocaine et arabe leurs chagrins suite au décès du dramaturge Abdeladim Chennaoui», c’est avec ces mots que l’institut s’est exprimé sur le décès de cette figure de proue du théâtre national.
En effet, le défunt ayant commencé sa carrière artistique depuis les années 40 du siècle dernier sur les planches a laissé son empreinte et sa trace dans de nombreuses œuvres dans le 7e art, la télévision et le théâtre, son premier amour.
«Une figure emblématique au parcours exceptionnel nous a quittés. Abdeladim Chennaoui était une voix importante dans le théâtre national ayant apporté son empreinte et sa pierre à l’édifice de la culture», a souligné le président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, Messaoud Bouhcine.
Par ailleurs, cette figure de proue de la scène marocaine avait l’art dans la peau. Car depuis sa tendre enfance, il avait développé une fibre artistique pour le père des arts. A Casablanca, plus précisément au quartier mythique de Derb Sultan, que Chennaoui a fait ses premiers pas sur les planches.
A l’époque, dans les années 50, la chaîne de télévision française «TELMA» débarquait à la ville blanche où un bon nombre de comédiens, de chanteurs et d’artistes entre autres Abdeladim y trouvait une fenêtre pour rencontrer un large public d’ici et d’ailleurs. Et puis une nouvelle aventure commence…
Par la suite, il a fait la rencontre d’un grand nom connu et reconnu de la scène théâtrale marocaine, Bachir Laalej qui avait découvert son talent lors d’un spectacle écrit et présenté par le défunt.
Aux côtés des membres de la troupe de Laalej entre autres Ahmed Brik, Bouchaib El Bidaoui, Ahmed Kadmiri… Abdeladim a appris les secrets du métier en développant d’avantage ses talents en matière de la dramaturgie, la mise en scène… chose qu’il a avait poussé, dans les années soixante, à créer sa propre troupe «la fraternité arabe» regroupant une belle brochette de comédiens dont Mohamed Majd, Mohamed Benbrahim, Salah Eddine Benmoussa, Aïd Mouhoub, Mustapha Zaari, Nourddine Biker, Souad Saber, Salah Dizane, Touria Jebrane et bien d’autres.
«Abdeladim Chennaoui est l’un des artistes les plus doués ayant marqué la scène. J’ai travaillé à ses côtés dans le film Faouzi Bensaidi «mille mois» et le film de Leïla Triki. Sa mort est une perte immense», a témoigné le comédien et acteur Mohamed Choubi.
Sur le petit écran, le défunt a brillé de mille feux en produisant et préparant plusieurs émissions artistiques et culturelles entre autres «avec les stars», «des fruits à offrir» pour la télévision marocaine. Le parcours de Chennaoui est riche et singulier dans le journalisme comme dans le cinéma.
Ainsi, dans le domaine du journalisme, le regrette a intégré la radio de Medi1 comme animateur de nombreuses émissions dont «l’art dans le monde» ou encore la fameuse émission documentaire « la deuxième guerre mondiale».
À la chaîne 2m, il a aminé une émission entre 1998 et 1999 avant de se retourner à nouveau aux planches en jouant dans la pièce de théâtre «entre hier et aujourd’hui» écrite par Abdelaziz Tahiri. Artiste accompli ! Sur le grand écran, il a marqué son passage dans plusieurs films et productions cinématographiques dont le film de Faouzi Bensaidi «mille mois» (2003) ou encore «Jardins de Samira» de Latif Lahlou… Sa mort est une perte pour la scène artistique nationale.