A San Francisco, le «Summer of Love» fête son cinquantenaire…

Important phénomène de contre-culture, le «Summer of love»  qui avait vu le jour durant l’été 1967 dans le quartier de Haight-Ashbury à San Francisco où était né avant lui le mouvement hippie au début des années 60, fête aujourd’hui son cinquantième anniversaire.

Si, au début du 20ème siècle, ce mythique quartier était encore un endroit huppé choisi par les familles aisées du fait de sa situation stratégique sur les collines de la ville et non loin du Golden Gate Park, les loyers y avaient tellement chuté après la seconde guerre mondiale qu’il a été déserté par ses occupants initiaux. Aussi, les hippies, qui trouvèrent là une aubaine, emménagèrent à dix ou à douze dans un même logement, au nom du sacro-saint non-conformisme et de l’amour libre et pour un loyer n’excédant pas généralement 60 dollars par mois.

Cette information ayant circulé comme une trainée de poudre, ce sont près de 100.000 jeunes – étudiants, musiciens, artistes ou marginaux – qui, cet été là, y affluèrent de toutes parts. Les filles drapées dans des robes longues, avec des fleurs dans les cheveux et la poitrine quasiment découverte donnèrent naissance au fameux «Flower Power» qui, dira Michel Espitallier, «avait édulcoré une société non dépourvue de violence» et qui allait permettre au mouvement hippie de faire le tour du monde en quelques années en ce moment même où les formations musicales Grateful Dead et Jefferson Airplane faisaient l’apologie des «trips» multisensoriels. La Marijuana et le LSD qui circulaient librement donnèrent ainsi naissance au rock psychédélique et ces têtes d’affiches qui avaient pour noms Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jefferson Airplane ou encore The Mamas and the Papas offrirent au public moult concerts gratuits.

Mais la drogue et la promiscuité amenèrent malheureusement dans leur sillage une hausse du taux de criminalité si bien que l’image du mouvement hippie en avait été sérieusement écornée. Or, même s’il fut aussi court que tout été, ce Summer of Love, restera à jamais gravé dans les mémoires parce qu’étant associé à un mode de vie pacifiste, insouciant où rien n’était impossible.

Aussi, pour en célébrer le cinquantenaire, la ville de San Francisco a programmé, en cette année 2017, plus de 200 évènements culturels ayant trait à la musique, à la danse et à la photographie.

Point d’orgue de cette commémoration, l’exposition «The Summer of Love Experience» qui se tient actuellement  au Musée De Young dans le Golden Gate Park et qui propose, aux visiteurs et jusqu’au 20 Août 2017, une véritable immersion dans le Summer of Love de 1967 en leur permettant de découvrir plus de 400 objets différents dont des affiches iconiques, des vêtements, des photos et des vidéos d’époque ainsi que de la musique interactive et des spectacles de lumière retraçant l’évènement.

Au Berkeley Art Museum, sous le titre «le modernisme hippie : la lutte pour l’utopie», les convives pourront suivre, jusqu’au 21 Mai, l’évolution de l’art, de l’architecture et du design sous l’influence de la contre-culture de l’époque alors que «l’Asian Art Museum» offre, du 23 Juin au 1er Octobre 2017, une exposition ayant pour thème «Flower Power» qui s’intéressera à l’histoire des fleurs dans l’art asiatique.

Et pour rendre hommage à cette étoile filante, qui avait brillé de mille feux et de manière fulgurante sur la scène musicale d’Haight-Ashbury en 1967 et qui avait pour nom Janis Joplin,  l’AmericanConservatory Theater offrira au public, du 7 Juin au 2 Juillet, une comédie musicale ayant pour titre «Une nuit avec Janis Joplin». Une comédie qui reprendra les plus célèbres chansons de l’artiste, à savoir «Mercedes Benz», «Cry Baby», «Piece of myheart», «Summertime» ou encore «Kozmic Blues»…

Mais cet été 2017 sera aussi l’occasion pour la ville de San Francisco de fêter, du 16 au 18 Juin, le cinquantième anniversaire du 1er Festival international de musique pop qui s’était déroulé du 16 au 18 Juin 1967 à Monterrey en Californie. Ce festival, qui a servi de modèle à de nombreux rassemblements mondiaux tels que le célèbre Festival de Woodstock, est considéré comme étant le premier à avoir incarné les valeurs et les idées de la contre-culture naissante de l’époque et à avoir donné le départ du Summer of Love durant lequel se produisirent, pour la première fois aux Etats-Unis, Jimi Hendrix et The Who. Il avait aussi  permis au grand public de découvrir ces chanteurs de renom que furent Janis Joplin et Otis Redding alors qu’un certain Steve Miller était l’auteur de cette chanson commanditée par les organisateurs du festival qui disait “If you are going to San Francisco” qui était devenue l’hymne du “Peace and Love” et qui avait été reprise par Johnny Hallyday en ces termes : “Si vous allez à San Francisco, vous y verrez des gens que j’aime bien…Tous les hippies de San Francisco vous donneront tout ce qu’ils ont pour rien”.

Disons, enfin pour terminer, que le «Summer of love» de 1967 ne fut, malheureusement dans les faits, qu’une parenthèse dorée qui avait été fermée lorsqu’en 1969 les Hells Angels tuèrent un spectateur noir pendant un concert donné par les Rolling Stones à Altamont.

Nabil El Bousaadi

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