Portrait d’Agadir
Saoudi El Amalki
Comment réussir à s’acquitter de cette tâche si ardue de brosser le portrait d’un mandarin aussi princier que maître Abdeltif Ouammou ? Une aventure tellement diligente qu’on aurait envie de s’en passer au risque d’être injuste à son égard.
Mais, on y irait tout de même, dans l’espoir d’être à la hauteur de cette célébrité royale ! Par où amorcer donc cette besogne et quel lexique emprunter pour arguer un libellé avec à-propos sur l’homme et son itinéraire ? A dire vrai, l’exercice paraît laborieux, puisque le bâtonnier est polyvalent dans les diverses épreuves qu’il affronte avec foi et conviction.
Depuis bien tôt dans son verveux parcours, il se livre, corps et âme au combat politique le plus noble et coriace, parmi les combattants du mouvement national. Il s’y consacre sans relâche, des décennies durant, en mettant de l’aura, de l’altruisme et surtout de la probité, au point de susciter de l’estime aussi bien des émules partisans que ses propres camarades. Profondément acquis aux valeurs qui sont les siennes jusqu’aux ultimes fibres, il s’ingénie à raisonner ses analyses pour les faire résonner dans les esprits d’autrui, tout en gardant son humilité qui fait sa force de référence.
En ce sens, il importe de parapher Antonio Gramsci, intellectuel organique italien, réputé pour ses théories osées à grande échelle afin d’illustrer l’éminent pinacle qu’est Abdeltif Ouammou : « Il faut avoir une parfaite conscience de ses limites, surtout si on veut les élargir ! ». Dans le même ordre d’idées, on ne saurait non plus passer sous silence son éléphantesque capital en matière des droits humains dont le sceau national à travers des décades, porte son nom au cœur d’une pléiade de patriotes empreints de ce patrimoine humaniste. Imbu des idéaux de l’équité et de la justice, il mène de bout en bout, sa profession d’apologiste, bâti à chaux et à sable, ardemment translucide, avec une luminescence hors pair, forçant du respect et de la révérence tant de la magistrature que du multiple entourage. Son passage remarqué à l’hémicycle rappelle l’omniprésence du leader feu Ali Yata, de par la fermeté du propos et la persuasion du message pour tel ou tel thème à débattre par les parlementaires.
De même, l’élixir instauré de la manière la plus éclatante à Tiznit, du temps des deux mandats à la tête de la collectivité locale, révèle une méthode de gouvernance, fondée sur la concertation et la démocratie participative des composantes de la ville, à l’amont des projets structurants en perspective.
Au fil du temps et en dépit de l’usure des années de résilience, il poursuit sa militance sur tous les fronts à pleins régimes, tout en maintenant son accointance soyeuse avec les franges sociales de tout acabit, de par sa culture riche et variée, son culte chaste et platonique, son tact sage et pudique. Croyant jusqu’à la moelle, amène à souhait, épicurien à plaisir, implacable à torrent sur le principe.., il se donne la peine de servir sans compter, de transcrire des oraisons funèbres sur son mur, aussitôt qu’un regretté tire sa révérence, de se mettre à la défense de la bonne cause. Son ascendant étonnamment exceptionnel fait de lui une personnalité charismatique, à toutes épreuves, sans jamais faillir à son engagement multiple ni fléchir face aux turpitudes de la vie depuis les années de plomb, à nos jours.
En guise de reconnaissance à propos de ce long et émouvant circuit, on lui dédiera non sans émotion non plus, ce pentasyllabe du recueil, poèmes saturniens, de Paul Verlaine, illustre poète français du 19ème siècle, qui résume un peu, l’intensité rugissante du fervent Abdeltif Ouammou, tel un lion de l’Atlas, en ces temps euphoriques de l’exploit de l’équipe nationale au Qatar :
Et que chaque lame
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.