Alger: Des ressentiments à la haine totale

Sahara marocain

Pour comprendre -et non pas excuser- la haine du pouvoir militaire de nos voisins de l’Est,  à l’égard du Maroc, il faudra remonter aux premiers jours de l’indépendance de l’Algérie, en 1961.

Auparavant, les rapports entre les deux pays, notamment entre la Monarchie marocaine et le Front de libération nationale algérien (FLN) étaient au beau fixe, à l’image de la forte relation militante et solidaire exprimée concrètement, y compris sur le terrain, par le mouvement national marocain.

Et, pour mémoire, feu Sa Majesté Mohammed V avait refusé, à l’indépendance du Maroc en 1956, que la France remette les territoires qu’elle avait retranchés au profit de l’Algérie.

Noblesse oblige, le Souverain avait refusé cette offre en préférant en parler « après ‘indépendance de nos frères algériens »…

Une année après sa libération, en 1961, Ferhat Abbas, le président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), remercia SM Mohammed V pour son geste fraternel et promet de résoudre la question entre les deux pays frères.

Hélas c’était sans compter sur les généraux influents de l’époque. L’adjoint de Ferhat Abbas sera assassiné par les amis de Houari Boumediene, homme fort du nouveau régime militaire en construction, et le président du GPRA sera évincé par au profit de Ben Bella, dont le père et la mère sont des Marocains d’origine…

Et pourtant le Maroc avait fait preuve d’une solidarité à toutes les épreuves. Oujda abritait même le commandement et les troupes de l’Armée de libération nationale, en tant que structure dirigeante de l’action anticoloniale…

Une année plus tard, le Maroc a osé rappeler ses droits à l’algérien « Groupe d’Oujda ».

En réponse à la demande marocaine, Alger fait un revirement stratégique et déclare que les territoires marocains ont été récupérés grâce aux sacrifices de son « million de martyrs » et qu’il n’était plus question de les lui restituer… en plus de « l’intangibilité des frontières nées du colonialisme » héritées de la nouvelle Organisation de l’Unité Africaine (OUA)…

Les hostilités ont vite commencé, sur fond de revendications territoriales marocaines. De fait, la question des frontières sous-tendait ce conflit, l’Algérie ayant renié ses promesses de restitution des territoires marocains confisqués par le colonialisme français.

Tout a commencé le 8 octobre 1963, quand 10 soldats marocains avaient été massacrés par l’armée algérienne à Hassi Beïda, près de Colomb-Béchar. La région s’embrase un peu pour atteindre Tindouf et Figuig. Trois semaines d’hostilité militaire s’en suivent.

Boumediene et ses soutiens ne voulaient rien comprendre et préféraient le fait accompli. Les batailles, en fait plus d’escarmouches que de véritables affrontements, avaient touché Tindjoub et Hassi-Baida.

Ingratitude et succession d’hostilités

Les Marocains avaient été attaqués violemment et Rabat devait riposter par l’envoi de troupes militaires sous la direction des généraux Ameziane et Driss Benomar. Feu SM Hassan II ordonne l’arrêt de l’expédition qui « aurait pu aller jusqu’à Tindouf »… surtout que l’Algérie avait fait appel à ses anciens maquisards, à défaut d’une armée régulière qui étaient en cours de construction, avec le concours de l’Egypte et de Cuba qui auraient envoyé quelques renforts pour soutenir «l’Algérie progressiste contre le Maroc expansionniste et à la solde de l’impérialisme»…

Le dénouement s’opéra à la conférence de Bamako fin octobre 1963, quand l’OUA s’en est mêlée et obtiendra son premier succès, grâce à la médiation de l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié et le président malien Modibo Keïta. Un cessez- le- feu est mis entre en vigueur le 2 novembre et restera respecté. L’ONU demande au Maroc de revenir aux frontières initiales…d’avant guerre.

La sympathie et la solidarité gagnées par l’Armée de libération nationale (ALN) lors de la guerre contre la France, en plus d’une forte alliance avec l’Egypte et le camp des pays socialistes mené par l’ex URSS, avaient permis à Boumediene de temporiser et de faire jouer le temps pour «noyer le poisson».

D’autres actes d’hostilité à l’égard du Maroc sont venus, depuis, envenimer la relation entre les deux pays devenus des « frères ennemis ».

Cela avait commencé par l’immixtion de Boumedienne dans la politique  intérieure marocaine en accueillant des opposants marocains pour les entrainer, dans ses maquis, et les envoyer dans une vaine tentative de déstabilisation de la monarchie marocaine. Et pour preuve, les infiltrations, depuis le territoire algérien, de « guérilléros » marocains, dans la région de Moulay Bouazza pour attaquer une petite caserne des forces auxiliaires marocaines… soldée par un échec cuisant…

Vinrent ensuite les batailles d’Amgala, après la Marche Verte, qui ont prouvé l’implication directe de soldats algériens et égyptiens, dont des officiers sont devenus, quelques temps après, des célébrités dans leurs pays : l’ancien président Hosni Moubarak, à l’époque colonel, qui s’était fait prisonnier et que feu SM Hassan II avait envoyé en « cadeau VIP » au président Anouar Sadate… ainsi que l’actuel homme fort du régime le général Chengrita, fait également prisonnier et qui aurait été maltraité lors de sa capture…

Depuis, les ressentiments ont pris le dessus sur les anciens rapports de bon voisinage, de fraternité exemplaire et de solidarité généreuse.

Cela s’est fait au détriment des positions de principe clairement énoncés par Rabat.

Le Maroc avait rejeté le projet néo colonial français d’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) dont l’objectif était de contourner l’indépendance de l’Algérie et de garder les régions algériennes riches en mines sous sa domination.

Demain : Des accords d’Ifrane à la Marche verte

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