Amende !

La tendance ne date pas de ce jour ; mais, l’extension des agglomérations est remarquable dans notre beau pays. Si cela intéresse aussi bien les plaines que les plateaux, les bas versants que les crêtes des montagnes du territoire national; la littoralisation de la population est de ce fait plus apparente.

Qu’il s’agisse d’un douar, d’une bourgade, d’un centre d’une commune rurale ou de celui d’une commune urbaine; cahin-caha, la construction bat son plein. La pression foncière s’exerce sur l’espace rural qui se rétrécit. Les conséquences socio-économiques de cette utilisation du territoire ne sont pas toutes maîtrisées, loin s’en faut.

Quoique les gémissements de certains se fassent entendre de temps en temps pour en avoir plus, cette flambée du bâtiment constitue une voie pour l’enrichissement á différents niveaux.Une partie des nouveaux riches s’est constituée par l’immobilier. Adeptes de tout ce qui porte une griffe et du blingbling pour la reconnaissance, certains s’essayent à devenir des « gens qui comptent»…

Il est juste de reconnaître que les politiques publiques mises en œuvre cherchent á surseoir au déficit reconnu dans l’habitat par la promotion de l’offre en logements, à éradiquer l’habitat insalubre et les bidonvilles, à réhabiliter les quartiers et les édifices dans le cadre d’une rénovation urbaine et toute autre mesure intéressant la politique de la ville. Cela se fait avec un certain succès mais non sans difficultés eu égard, entre autres obstacles, aux indigences de la planification communale et à l’absence d’un projet de développement régional viable et intégrateur.

Dans ce cadre, où la concrétisation sur le terrain des orientations du Schéma National d’Aménagement du Territoire resteà chercher, les bourgades se répandent le long des routes avec un bâti hétérogène où «l’innovation urbaine créatrice» semble faire défaut. A part l’axe principal où s’accomplit l’effort de structuration de l’agglomération, la tendance est plutôt désordonnée et décousue partout ailleurs. On ne reconnait aucunement un cachet pittoresque aux localités et on retrouve encore moins une utilisation des procédés locaux de construction. Le fameux R+2 s’impose d’une manière ou d’une autre, avec un rez-de-chaussée «utilitaire» dans son ensemble comme garage, commerce ou café. Aucune esthétique ni approche écologique de l’habitat ne s’observent. Les constructions ne s’intègrent pas toujours dans le paysage et la gestion des déchets reste rudimentaire.

A la sortie, les brigades de contrôle sont toujours en bas de pente! A part les utilisateurs coutumiers de la route, les autres se font prendre par un invisible guetteur pour dépassement d’une limite dont la signalisation n’est pas toujours réelle. Son badge réglementaire derrière le pan de la vareuse, le verbalisateur se déclare non responsable des manquements des autres. Il ne sert à rien de discuter, le code est ainsi fait. La preuve du délit sera communiquée à la justice; précisa son supérieur qui se tourna aux crissements des pneus provoqués par un driver en mal de vitesse. Un paquet de cigarettes change de mains et le driver est déjà loin dans son élan pour rattraper le temps. S’il connaît mieux la route qui constitue son gagne-pain, il ne respecte pas son code et ne payera pas d’amende suite à sa connaissance.

Le chemin reste à faire et la douloureuse ponction effectuée dans le portemonnaie impose la contemplation du territoire. L’état de la route, la signalisation, la course des transporteurs, le danger contingent à ces facteurs et au comportement humain, le nombre des victimes qui fait peur; tout cela temporise le trouble sans pour autant que l’émoi ne se dissipe. Pourquoi seuls les civiques se font tondre par l’amende ? A moins que cela ne soit une incitation à utiliser l’autoroute pour mieux équilibrer sa gestion ! Quand elle se répète identique à elle-même dans les mêmes conditions, elle présente le goût de l’amande amère!

La beauté du paysage est mieux perçue. Il est certain que rien ne sert de courir pour arriver à bon port. Si au moins l’amende servait à mettre en œuvre les «normes de durabilité qui permettent de maîtriser le développement du territoire»!

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