Attaque à la voiture piégée contre une école de filles à Kaboul

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Au moment même où les Etats-Unis et l’Union européenne ont appelé à une reprise des négociations de paix entre le gouvernement de Kaboul et les Talibans, toujours accusés de faire régner la violence dans le pays, une école pour filles de la capitale afghane a été visée, ce samedi, par plusieurs attaques à la bombe qui, d’après un communiqué du ministère de l’Intérieur en date du dimanche 9 mai, ont fait près d’une cinquantaine de morts et une centaine de blessés.

Donnant, le lendemain des faits, plus de précisions à la presse, Tariq Arian, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a signalé que l’école pour filles Sayed Al-Shuhada dans le quartier de Dasht-e-Barchi, à l’ouest de la capitale, un quartier peuplé majoritairement par des chiites « hazara » très souvent pris pour cibles par des islamistes sunnites,  a fait l’objet de plusieurs attaques à la bombe.

Pour rappel, en Mai 2020 et dans ce même quartier, 25 personnes avaient été tuées – dont 16 mères et leurs nouveaux-nés – quand des hommes armés avaient fait irruption dans une maternité gérée par « Médecins sans frontières » qui, après ce grave incident avaient décidé de quitter les lieux. Même si cet attentat n’avait jamais été revendiqué, le président afghan Ashraf Ghani avait nommément accusé les Talibans et le groupe Etat islamique.

L’explosion à la voiture piégée qui, ce samedi,  a visé une école primaire et qui est survenue à la veille de l’Aïd El Fitr qui marque la fin du Ramadan et au moment où les forces étrangères ont commencé à accélérer leur retrait en laissant derrière elles un pays ravagé par dix années de guerre, a été suivie, quelques instants plus tard, par la déflagration de deux bombes au moment où, prises de paniques, les élèves commençaient à quitter les lieux.

Or, bien que, pour l’heure, ces attaques n’ont toujours pas été revendiquées et que les Talibans, qui tout en livrant, quotidiennement, des combats contre les forces gouvernementales afghanes dans l’arrière-pays, ont nié toute implication en déclarant n’avoir commis aucun attentat à Kaboul depuis Février 2020 – date à laquelle ils avaient signé à Doha, au Qatar, avec l’administration de Donald Trump, un accord ouvrant la voie aux pourparlers de paix et au départ des soldats américains – et même diffusé un communiqué dans lequel ils appellent à « protéger les établissements scolaires », le président afghan, qui a décrété une journée de deuil national pour mardi, leur a, néanmoins, imputé l’entière responsabilité de ce malheureux évènement allant même jusqu’à déclarer que « ce groupe de sauvages (qui) n’a pas la capacité d’affronter les forces de sécurité sur le champ de bataille, s’attaque, de manière barbare, à des bâtiments publics et à des écoles de filles »

Abondant dans le même sens, le porte-parole du ministère afghan de l’intérieur a déclaré ouvertement que : « les talibans sont derrière ces attentats (dès lors qu’) ils ont déjà mené des attaques similaires contre des établissements scolaires par le passé ».

Même son de cloche du côté de la mission de l’Union européenne (UE) en Afghanistan qui a fustigé cette agression  au motif que « s’en prendre à des élèves du primaire dans une école pour filles fait de cet attentat une attaque contre l’avenir de l’Afghanistan » alors, qu’après cette explosion, la mission d’assistance des Etats-Unis en Afghanistan a exprimé « son profond dégoût » et que Ross Wilson, le diplomate américain de plus haut rang en poste à Kaboul, a qualifié cette attaque d’ « odieuse » et d’ « impardonnable ».

Et si, par ailleurs, le pape François a vu, dans cet attentat, « un acte inhumain », New Delhi a prôné un « cessez-le-feu » et le « démantèlement des sanctuaires terroristes » et l’Iran a, de son côté, mis en cause le groupe « Etat islamique » et son « inhumanité ».

Par l’intensification de leurs attaques en dépit des accords de paix signés à Doha sous l’égide des Etats-Unis, les Talibans viseraient-ils à reconquérir le pouvoir après le départ d’Afghanistan de ceux qui les en avaient chassé en 2001 ? Attendons pour voir…

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