Benjelloun: Tel père tel fils

L’entrepreneuriat est une culture chez la famille Benjelloun. Fils de Abbès Benjelloun, un riche fassi qui a fait fortune dans l’import-export avec les Français durant le protectorat français, Othmanen’a pas hérité qu’un patrimoine matériel mais aussi un sens des affaires. Avec des pas sûrs et mesurés, Othmane Benjelloun a pu générer l’une des premières fortunes du pays. Focus

En fait, au début de l’Indépendance, la famille Benjelloun (le père Abbès et ses fils Omar et Othmane), était associée avec la famille El Alami dans la société «Saida Star Auto» qui était chargée de l’importation des véhicules Volvo. Cette association va cesser en 1975 suite à des différends entre les deux familles. Les Benjelloun rachètent les intérêts de leur associé et se lancent dans la formation d’un Groupe économique familial.

Omar a diversifié les avoirs familiaux en investissant dans la sidérurgie, l’aluminium et le montage automobile tandis qu’Othmane a choisi la voie des activités bancaires et financières. Ainsi, Othmane Benjelloun rachète, en 1988, la Royale Marocaine d’Assurances (RMA), une compagnie fondée en 1949 par dix nationalistes, dont son père. En 1995, et grâce aux fonds de la RMA, il profite du programme de privatisation entamé par le Maroc pour lancer une opération d’achat sur la Banque Marocaine pour le Commerce Extérieur qui devient la BMCE Bank. Quelques mois plus tard, il est élu président du Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM).

C’est ainsi que l’aventure bancaire très connue des Benjelloun a démarré. Depuis plus de 20 ans, la BMCE Bank développe des alliances avec de prestigieux établissements financiers internationaux comme le japonais Nomura et l’allemand Commerzbank. En 1998, il rachète la compagnie d’assurances Al Wataniya pour 300 millions d’euros. Par la suite, il rachète des paquets d’actions de la holding marocaine SNI jusqu’à en devenir le premier actionnaire. Dans les années 2000, il s’oriente davantage vers l’étranger, notamment vers l’Afrique, en rachetant 35 % de Bank of Africa (3e groupe bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine), puis crée en 2007MediCapital Bank, un établissement financier au cœur de Londres.

Aujourd’hui, la banque d’Othman Benjelloun est devenue un conglomérat africain. D’ailleurs, elle a été rebaptisée Bank Of Africa pour son implantation dans 18 pays, dont 8 en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Togo et Sénégal), 8 en Afrique de l’Est et dans l’Océan Indien (Burundi, Djibouti, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Ouganda, Rwanda et Tanzanie), 2 en République Démocratique du Congo.

Elle s’est installée également en France à travers un réseau de 16 banques commerciales, 1 société financière, 1 banque de l’habitat, 2 sociétés d’investissement, 1 banque d’affaires et 2 bureaux de représentation.

En parallèle, Othmane Benjelloun a décidé de se positionner sur le marché des télécommunications. En 1999, il s’associe à Telefonica et Portugal Telecom, acquiert la deuxième licence de téléphonie mobile au Maroc pour un milliard d’euros et crée ainsi Meditelecom.

En 2010, Orange confirme sa prise de participation dans Méditel pour un montant de 640 millions d’euros, soit 40% du capital, dans le but d’être actionnaire à 49 % en 2015. En 2016, l’opérateur télécoms annonce s’être rebaptisé en Orange Maroc.

Au-delà du business, Othman Benjelloun est porteur du Ouissam alaouite, un ordre honorifique marocain créé en 1913. Il est aussi commandeur de l’Ordre royal de l’Étoile polaire de Suède, un ordre suédois (destiné aux ministres, aux magistrats, aux ambassadeurs, aux savants et aux artistes n’ayant pas la nationalité suédoise). Il a été également honoré par l’ordre national du Lion du Sénégal, la plus haute distinction sénégalaise.

A fin 2017, la fortune d’Othmane Benjelloun est estimée à près de 2 milliards de dollars.

Kaouar Khennach

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