Bourse: spéculation V/S long-terme

En préambule, il est difficile de définir la spéculation en Bourse même si nous pouvons retenir le court terme comme horizon d’investissement ainsi que l’absence de critères fondamentaux qui justifient la prise de décision. Pour les long-termistes, l’horizon d’investissement est plus lointain avec une prise de décision motivée par des éléments fondamentaux.

De même, la spéculation et l’investissement long-terme, peuvent se croiser. A titre d’exemple, un spéculateur qui hésite à couper ses pertes, peut se retrouver avec une valeur détenue sur une longue durée. Idem, un investissement basé sur les fondamentaux, peut donner rapidement ses résultats et susciter donc une prise de bénéfices.

Dans l’absolu, le long-terme semble privilégié, notamment au niveau de l’analyse financière fondamentale. En effet, à moyen et à long terme, l’investisseur cherche à avoir une idée sur les réalisations prévisionnelles de la société en plus des explications de son historique. De même, l’analyse fondamentale permet de donner une idée sur les dividendes futurs à recevoir en plus de la valeur cible cadrée par la DCF et les comparables voire la somme des parties.

De plus, une gestion benchmarkée ou basée sur un portefeuille type, permet de lisser le risque avec une moindre volatilité que celle d’un titre prix individuellement. Aussi, le rendement moyen du marché actions sur une longue durée est intéressant avec une estimation de 10% au Maroc.

Par ailleurs, l’investissement à long terme peut aussi se baser sur une autre variante de l’analyse fondamentale. Ça consiste en une méthodologie inspirée de la philosophie de Benjamin Graham et bien rodée par Warren Buffet dont le fonds Berkshire Hathaway a réalisé entre 1964 et 2017, une performance cumulée équivalente à 480 fois celle du S&P 500. Cette méthode consiste en gros à appliquer plusieurs filtres aux sociétés cotées comme la pertinence du modèle économique, le pricing power, la force de la marque en plus de ratios de valorisation attractifs.

Quant à la spéculation, il est clair que la performance de certains titres est le meilleur marketing pour cette vision. Ainsi, depuis son introduction récente, Marsa Maroc a plus que doublé son cours. Mieux, IB Maroc qui affiche plusieurs exercices déficitaires, a vu son cours afficher une performance 2017 aux alentours de 38% largement supérieure au MASI. Idem, le cours actuel de Med Paper est supérieur de 68% à celui de l’introduction en bourse.

De plus, parfois, la spéculation peut reposer sur les Newsflow en anticipant l’impact positif de certaines nouvelles comme le lancement d’activités supplémentaires, la cession de certains actifs ou la protection douanière.

Par ailleurs, la spéculation peut reposer sur des critères objectifs. A titre d’exemple, la spéculation peut très bien reposer sur l’analyse chartiste et technique qui permet parfois d’identifier des comportements récurrents au travers de configurations graphiques ou de calculs de certains ratios. Il en est de même pour les Hedge Funds à l’international qui peuvent utiliser des modèles quantitatifs pour spéculer sur certaines monnaies ou indices ainsi que des dettes sous-cotées.

En conclusion, pour les techniques de gestion ou de conseil boursier, c’est l’historique des performances qui valide ou invalide la vision de placement et d’analyse. Ainsi, nous avons vu l’exemple de Warren Buffet qui donne de la légitimité à l’horizon long-termiste des placements boursiers. Surtout, à l’opposé, le plus dangereux est quand l’investissement repose sur le hasard, car le plus dur dans la spéculation, est de ne pas pouvoir expliquer une sous-performance dans l’optique de corriger le tir et de repartir sur de nouvelles bases.

Farid Mezouar

(Directeur de flm.ma)

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