Cahiers tunisiens: le Maroc impose des droits anti-dumping

La requête déposée contre les importations de cahiers originaires de la Tunisie a porté ses fruits. Les productions tunisiennes seront soumises à de nouveaux droits anti-dumping, conformément à un arrêté des ministres du Commerce et des Finances, publié dans le Bulletin officiel du 10 mai.

Ces taxes font suite à l’enquête ouverte par le ministère de l’Industrie, qui démontrait que l’industrie tunisienne pratiquait des prix cassés sur le marché marocain. Elles s’élèvent à 33,7% pour SIPTEC et à 51% pour SOTER et les autres exportateurs tunisiens, qui en étaient jusqu’alors exonérés en vertu de l’Accord d’Agadir. Cependant, ces droits ne seront appliqués que pour une durée de 4 mois, à compter de l’entrée en vigueur de cet arrêté.

L’examen de la marge de dumping, évaluée sur la base d’une comparaison entre le prix à l’exportation et la valeur normale, avait démontré que les marges obtenues sont substantielles, s’élevant en moyenne à 84%. D’autant que le marché national représente plus de 80% du volume total des exportations tunisiennes de cahiers. Ce qui a d’ailleurs conduit à la disparition de certains producteurs historiques de cahiers, comme «Conapa», traditionnellement premier producteur de cahiers au Maroc qui a cessé son activité en 2014. C’est également le cas de «Graphomed» et d’«Amiprint».

Pour faire pression sur le gouvernement et accélérer la mise en place de ces droits anti-dumping, les producteurs marocains avaient indiqué que le marché marocain était la seule cible des pratiques déloyales des exportateurs tunisiens. Les chiffres révèlent que le marché marocain représente plus de 80% du volume total des exportations tunisiennes de cahiers. D’autant plus que les prix des produits exportés vers le Maroc sont les plus bas, en comparaison avec ceux appliqués dans d’autres pays de l’Afrique subsaharienne.

De plus, les importations tunisiennes s’accaparent une part importante dans la composition des importations des cahiers (87% et 89% du volume total des importations en 2015 et 2016), ne laissant ainsi aucune place pour l’industrie nationale, ni les autres producteurs étrangers. Or, la consommation nationale affiche une croissance continue, selon le rapport d’enquête de la Direction de la politique des échanges commerciaux. Un avantage dont la branche de production nationale n’a pas pu tirer profit.

La requête déposée par les producteurs marocains avait poussé les industriels tunisiens à accuser le Maroc de politiser le débat. Mais l’industrie nationale a insisté au cours de l’audience publique avec le département du Commerce qu’il ne s’agit en aucun cas d’un conflit politique, mais d’un débat technique visant à asseoir les conditions favorables à une concurrence loyale.

Hajar Benezha

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