Chafik Ezzouguari : « La peinture agit toujours sur la conscience ; et sans cette dernière, il n’y a aucune valeur ajoutée »

Repères plastiques et intellectuels d’un peintre

Par Mustapha Labraimi

Né en 1960 à Ksar el Kébir

Vit et travaille à Mohammedia

– 1982-1986 : Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Dijon, (France).

– 2010 : Ecole supérieure privée des arts graphiques, Valencia – (ESPAÑA).

– Fondateur du salon annuel d’estampes au Maroc.

– Ex. Enseignant à la Faculté des lettres à Meknès (master journalisme).

– Ex. Enseignant à l’école supérieure des arts graphiques (Art’com) à Casablanca-     

 (MAROC).

– Membre de l’Union des Ecrivains du Maroc.

– Plusieurs conférences et interventions sur l’art à travers le Maroc.

– Membre de la rédaction de la revue « Attakafa al Maghribiya ».

– Plusieurs expositions au Maroc et à l’étranger.

Selon vous, la création picturale a-t-elle une fonction dans notre société ?

La création dans sa globalité a toujours une fonction dans notre existence, elle est un facteur primordial pour assurer notre présence et notre continuité en tant qu’humains.

Estime-vous que votre production picturale réponde aux besoins de notre société ou qu’elle est seulement l’expression de votre rêverie ?

Le rêve fait partie de notre production et de notre imagination ; et en même temps, mon projet personnel était toujours basé sur des critères lucratifs vis avis du contenu pictural et expressif ; car il soulevait et soulève encore des sujets et des propos liés aux besoins de ma société.

C’est pour cette raison que j’ai choisi dès le début de ma carrière artistique de travailler sur les marginalisés dans la société et sur les problématiques sociétales et politiques car ces deux options sont liées les uns aux autres.

Seriez-vous d’accord pour dire que la peinture agit sur la conscience ?

La peinture agit toujours sur la conscience ; et sans cette dernière, il n’y a aucune valeur ajoutée.

Quelle que soit sa modalité (brute, naïve, figurative, abstraite, calligraphique …), la peinture serait-elle fondamentalement liée au réel ou beaucoup plus le fruit d’un imaginaire abstrait ?

La peinture est une forme d’art en tant que technique réelle, alors que la spiritualité est une forme d’expression morale liée aux sentiments et à l’imaginaire en même temps.

Dans quelle mesure votre technique de peindre est-elle personnelle et en quoi elle consiste ?

Ma peinture est toujours personnelle et due à la conviction qui est mienne que l’on doit apporter ce qui est nouveau à l’art au lieu de  « mâcher » ce qui est déjà vu ; c’est pour cette raison que j’ai insisté durant toute ma carrière de créer d’autres formes inhabituelles à ce qui rode dans le milieu artistique, mais avec un savoir-faire basé sur une formation intellectuelle.

Estimez-vous que l’art de peindre est un métier ?

Absolument, l’art de peindre est un métier comme toutes formes d’expression créative autant que la sculpture, la photographie, l’écriture…

Quels sont les rapports qu’entretient votre pratique de la peinture avec les autres arts, la science, la philosophie et la nature ?

Ma peinture avait toujours un rapport avec surtout la philosophie et la nature, et en quelque sorte la science. C’est pour cela qu’elle était souvent thématique, due à une phrase connue du savant Albert Einstein : « Deux choses existent dans l’univers l’art et la science »

Les éléments qui caractérisent votre peinture expriment-ils une vision de l’environnement qui vous entoure ou s’agit-il d’une expression personnelle ?

Comme je l’ai dit avant, mes peintures sont toujours thématiques, selon les circonstances des événements dont je suis témoin. Mais ça n’empêche pas qu’il y a un côté expressif personnel. J’essaie de travailler sur le patrimoine arabo- musulman à partir d’une réalité satirique qui se trouve dans la société et en politique comme le cas de « Kalila wa dimna » de Ibn al Moukafae , qui racontait la situation de son époque par la langue des animaux, et comme l’écrivain George Orwell dans « La ferme des animaux ».

Dans quelle mesure peut-on dire que votre exercice de l’art plastique reflète votre souffrance et/ou votre bonheur ?

La création picturale est innée en moi, dès mon enfance. Car j’ai grandi dans une famille ou il y a de l’art et des couleurs ; surtout ma mère. Et

Je crois que cette préoccupation, celle de l’art plastique, n’a était jamais majeure ; et surtout au Maroc, où il est très difficile de vivre de l’art seulement. Notre société n’est pas encore préparée pour recevoir ce genre d’expression, sauf une minorité qui avait la chance d’avoir les moyens d’étudier et de voyager à l’étranger.

Quant à ma souffrance et ma joie, il faut seulement bien regarder mes travaux et vous allez comprendre, car la peinture est une langue muette.

Quelles influences ont vos observations et vos expériences sur votre manière de vous exprimer par la peinture ?

Les influences qui ont marquées mes observations et mes expériences sont la lecture et la critique de tout ce qui m’entoure.

Comment appréciez-vous l’état de l’art plastique au Maroc ?

L’art plastique au Maroc est en bonne santé. Seulement, il manque un suivi des critiques d’art et des médiats ainsi qu’un vrai marché de l’art. 

Quelle est la part de l’authenticité marocaine dans votre peinture ou inscrivez-vous dans l’universalité pour traduire votre approche de la modernité ?

Je n’ai jamais pensé dans une approche étroite, je pense toujours dans un contexte universel concernant l’humanité.

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